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Après les concertations et les débats sur la Moudawana, place maintenant à la Fatwa. En effet, la balle est aujourd’hui dans le camp des Oulémas… eux seuls. Une étape qualifiée de décisive pour tous ceux qui s’attendent et aspirent à un texte progressiste, moderne et avant-gardiste. L’enjeu est de taille et les Marocains attendre de découvrir ce que les Oulémas vont modifier et revoir.
Ainsi, la Coalition Féminine pour un Code de la Famille basée sur l’égalité et la dignité n’a pas tardé à réagir par rapport à la décision royale de renvoyer certaines des propositions de l’organe chargé de la révision de la Moudawana au Conseil Suprême des Oulémas.
Cette organisation qui regroupe une panoplie de militantes féministes, associatives, partisanes et autres juristes, souligne la nécessité d’une lecture éclairée conformément aux valeurs de la modération et de la diligence ouverte et constructive. Par la même occasion, elle salue la volonté du Souverain de faire exister ce texte juridique dans un avenir proche.
Sur le même registre, la Coalition féminine salue l’ensemble du processus de l’Initiative royale visant à modifier le Code de la Famille et la méthodologie participative qui a caractérisé les travaux de l’organe chargé de réviser le Code de la Famille.
La coalition, ainsi que les différentes sensibilités sociétales nationales, qui ont contribué à présenter son avis et sa position sur les problèmes et lacunes juridiques de fond et de procédure, veut sensibiliser sur les lacunes sous-jacentes dans le texte du code en vigueur, et sur l’absence de conviction d’un certain nombre d’acteurs concernés quant à la faisabilité de certaines de ses exigences, par le biais du mémorandum de demande qu’elle a soumis à l’attention de l’organe chargé de la révision du Code de la famille.
« Dans cette voie, nous soulignons l’importance de résoudre les souffrances remarquables vécues par les femmes marocaines, du fait de l’application d’un certain nombre d’exigences dépassées du Code de la famille, qui constituent aujourd’hui une manifestation claire d’inégalité en violation flagrante du texte de la Constitution de 2011, en plus d’un certain nombre de demandes urgentes et légitimes qui prennent en compte et reflètent les besoins de toutes les composantes de la famille marocaine, à la lumière des différentes conventions internationales ratifiées par le Maroc à ce niveau, notamment l’intérêt de l’enfant », dit-on auprès de la Coalition, tout en notant l’absolue nécessité de répondre à la lumière des changements découlant du développement de la société marocaine et de la capacité des décisions de la Charia à s’adapter à la réalité et aux besoins de la société.
En conclusion, la Coalition féminine pour un Code de la Famille basée sur l’égalité et la dignité tient à affirmer la volonté du pays de consacrer clairement l’État de Droit et les institutions en désignant le Conseil Suprême des Oulémas, qui est l’organe compétent pour émettre des Fatwas, afin de fermer la porte à toutes les enchères politiques qui sont enveloppées dans la religion, en particulier lorsqu’il s’agit des questions féminines.
Comme on le voit donc, l’adoption d’une nouvelle texture n’est aujourd’hui qu’une question de temps. En attendant, la future nouvelle Moudawana reste entourée de trois principaux points de vue. Le premier est celui des militantes féministes dont la principale revendication est une refonte globale du Code pour une législation loin de tout esprit patriarche, tout en rompant avec la notion de la Kiwama qui caractérise les rapports homme/femme dans le cadre conjugal et qui constitue la référence de base régissant de nombreuses lois, notamment le Code de la Famille, le code pénal, le code de l’état civil, le code de la nationalité et la loi de la kafala. La révision escomptée, à leur niveau, ne devrait pas se concerner uniquement le code de la famille, mais toutes les lois notamment celles contenues dans le code pénal, qui comporte plusieurs articles relatifs à la condition de la femme, en l’occurrence, l’avortement, la violence et les libertés individuelles, ou encore autres lois liées à l’adoption, l’état civil, l’héritage. En somme, ces milieux ne cessent d’appeler pour une Moudawana civique parfaitement inscrite dans la logique des conventions internationales ratifiées par le Maroc en matière des Droits de l’Homme. Une Moudawana que l’on pourrait presque qualifier de laïque… Autrement dit et pour aller de l’avant, les féministes estiment que la levée de la sacralité du Fiqh sur la Moudawana est fondamentale.
Du côté du clan des conservateurs, la famille marocaine est une ligne rouge et il n’est pas question de toucher aux constantes des valeurs islamiques de la famille marocaine, car cela risque d’avoir un terrible impact sur la cohésion sociale.
Du côté officiel, la position d’Imarat Al Mouminine ne relève guère de l’ambiguïté. Loin de là. Dès le début, le Souverain a bien voulu démontrer à tous qu’il n’est point question, en tant que Commandants des Croyants, de halaliser un Haram ou Haramiser un Halal.
Autrement dit, les Oulémas auront du pain sur la planche, compte tenu de cette multitude des zones rouges qui touche fortement les sensibilités de la société marocaine.
H.Zaatit