![](https://lnt.ma/wp-content/uploads/2023/09/capture-decran-2023-09-21-a-12.02.45-925x430.jpg)
Le Conseil supérieur des Oulémas est appelé à se prononcer sur des questions religieuses contenues dans le projet de réforme de la Moudawana. Le Roi Mohammed VI a encadré cette future fatwa en soulignant les vertus de « modération » et « d’ouverture », une invitation claire à l’effort d’interprétation religieuse. Bien que le sujet soit sensible, l’institution est prête à relever le défi.
La réforme de la Moudawana, ou Code de la Famille, a atteint une phase décisive. Le Roi Mohammed VI a donné ses directives au Conseil supérieur des Oulémas pour qu’il examine certaines questions contenues dans les propositions de l’Instance chargée de la révision de ce texte. Cette saisine, annoncée le vendredi 28 juin par un communiqué du Cabinet royal, intervient près de trois mois après la soumission de la refonte au chef de l’État.
Les Détails de la Saisine Royale
Les propositions transmises aux Oulémas concernent des textes religieux, conformément aux exigences constitutionnelles, notamment l’article 41 de la Constitution marocaine. Au Maroc, les questions de cette nature sont presque systématiquement soumises au Conseil des Oulémas, la seule entité habilitée à émettre des consultations religieuses officiellement reconnues.
Bien que le Conseil ait déjà été impliqué dans l’élaboration des propositions d’amendement, il doit maintenant se prononcer officiellement sur des points précis. Le communiqué ne détaille pas les dispositions concernées, mais la nature de la saisine laisse penser qu’elle touche à des sujets très sensibles, tels que l’héritage et la parité homme-femme.
La directive royale, définissant l’approche à suivre pour la future fatwa, met l’accent sur les « desseins tolérants » de l’islam et les « vertus de modération et de l’Ijtihad ouvert et constructif ». Cette approche vise à aligner la Moudawana avec la Constitution de 2011, notamment l’article 19, qui promeut la parité entre les hommes et les femmes.
Pour le Conseil supérieur des Oulémas, c’est un défi majeur, car le Code de la famille est un sujet complexe et potentiellement conflictuel. Cependant, l’institution a été préparée à ce type de débat depuis 2004, lorsque le Dahir actant sa réorganisation a inclus la participation des femmes A’limas.
Les récentes fatwas du Conseil indiquent une évolution vers des positions plus progressistes, comme la légalisation du cannabis à usage industriel et médical, l’ouverture de la profession d’adoul aux femmes, et la fermeture des mosquées durant la pandémie de Covid-19.
Voici le communiqué du Cabinet Royal :
« Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, que Dieu L’assiste, Président du Conseil Supérieur des Oulémas, a bien voulu, ce vendredi 21 Dou Al Hijja 1445 H correspondant au 28 juin 2024, donner Ses Hautes Directives audit Conseil, pour examiner certaines questions contenues dans les propositions de l’Instance chargée de la révision du Code de la Famille, en se référant aux principes et préceptes de la sainte religion de l’Islam et ses desseins tolérants, et pour soumettre une Fatwa à leur sujet à la Haute Appréciation du Souverain.
Cette saisine intervient après que l’Instance chargée de la révision du Code de la famille ait accompli sa mission dans les délais impartis et soumis ses propositions à la Haute Appréciation de Sa Majesté le Roi. Considérant que certaines propositions sont en rapport avec des textes religieux, le Souverain a décidé de saisir le Conseil supérieur des Oulémas qui est, conformément à l’article 41 de la Constitution, la seule instance habilitée à prononcer les Fatwas officiellement agréées.
Le Souverain a également invité le Conseil Supérieur des Oulémas à tenir compte dans l’élaboration de sa Fatwa du contenu de la Lettre Royale adressée à Monsieur le Chef du gouvernement, qui appelle à l’adoption des vertus de la modération et de l’Ijtihad ouvert et constructif, tout en prenant en considération la norme maintes fois prônée par Sa Majesté le Roi, que Dieu Le garde, selon laquelle on ne peut autoriser ce qu’est prohibé, ni interdire ce qu’est autorisé. »
LNT