Le directeur de la Caisse marocaine des retraites (CMR), Lotfi Boujendar, a plaidé pour le lancement de la « deuxième phase » de la réforme des pensions civiles, qui préconise notamment le regroupement de tous les régimes de retraite du secteur public.
« La réforme paramétrique n’a pas traité tous les problèmes. Le régime des pensions civiles compte 805.134 pensionnés et 967.358 actifs cotisants. L’année dernière, ce régime a servi 33,7 milliards de dh de prestations alors que les cotisations collectées n’ont pas dépassé 26,1 milliards de dhs », a argumenté M. Boujendar qui était l’invité du « Club de l’Economiste ».
Cette réforme est dictée aussi par le problème des départs anticipés qui « ne sont pas neutres » et qui se sont accélérés à la veille de la réforme, passant de 3756 départs en 2014 à 8395 en 2016 avant de revenir à 3548 départs en 2017, a-t-il ajouté.
Les départs anticipés se traduisent par une décote de la pension de 20 pc, quel que soit le nombre d’années qui séparent de l’âge légal de départ à la retraite. « C’est coûteux et la réforme paramétrique n’a que partiellement réglé le problème », estime M. Boujendar qui propose d’instaurer des taux ou des coefficients dégressifs selon l’âge de départ « ce qui permettraient de piloter la retraite anticipée ».
M. Boujendar relève que durant les cinq prochaines années, la CMR enregistrera le départ de 64.000 fonctionnaires dont une part importante de hauts cadres qui ont droit à des pensions élevées. « Nous avons 9700 retraités qui perçoivent entre 7000 et 8000 dh et 41.000 qui sont à moins de 2000 dh. Il est donc important de définir le rôle du régime de base pour qu’il fasse jouer la vraie solidarité », a-t-il expliqué avant d’alerter sur le fait que ce dossier nécessite un dialogue « qui doit être limité dans le temps » puisque l’épuisement des réserves du régime « est prévu en 2027 ».
M. BoujendaR soutient qu’il faut mettre à profit les cinq années de « répit » accordées par la réforme paramétrique de 2016 pour engager la « deuxième phase », celle qui préconise notamment le regroupement de tous les régimes de retraite du secteur public.
« Avec la réforme paramétrique, nous avons franchi un premier pas dans la convergence du régime des pensions civiles avec le Régime collectif d’allocations de retraite. Cette réforme a également permis de réduire les dettes du long terme de 53 pc », a-t-il remarqué précisant que cette réforme a également permis de limiter le déficit technique à près de 7 milliards de dh cette année contre 12 milliards de dhs « si rien n’avait été entrepris ».
Les résultats de la réforme de 2016 réduiront donc l’échéance de viabilité sans apporter de solution profonde aux difficultés structurelles du régime des pensions des agents de l’Etat, ce qui nécessite le lancement de la « deuxième phase » à travers une réforme « profonde » qui garantirait la pérennité du régime, a-t-il dit.
Le directeur de la CMR évoque aussi de « nouvelles sources de financement à imaginer » puisqu’il faut s’attaquer au financement au-delà de l’effort contributif de l’Etat employeur et des fonctionnaires comme la TVA sociale ou les produits financiers, soulignant que l’étude qui sera lancée au cours des prochaines semaines par le ministère des Finances proposera des solutions dans ce sens.
LNT avec MAP