Le Centre Marocain de Conjoncture a publié sa dernière édition de « Maroc Conjoncture ». Il s’agit d’un spécial portant sur les enjeux de la loi de finances 2019, dont voici les principaux axes :
Les orientations budgétaires et monétaires en 2018 et 2019 : Pour un soutien de la croissance
Même si le taux de croissance au niveau mondial a été révisé à la baisse l’activité au niveau international reste vigoureuse. L’économie mondiale, a bénéficié en 2018 d’une conjoncture favorable. Celle-ci a été marquée par des politiques monétaires accommodantes et par la relance budgétaire aux Etats-Unis. L’activité des exportateurs des matières premières, quant à elle, a été soutenue par le redressement de leurs prix sur le marché mondial. Cependant les conditions financières se sont durcies notamment pour certains pays émergents et les incertitudes liées à l’évolution future des échanges internationaux se sont amplifiées. Chez les principaux pays partenaires commerciaux du Maroc, l’orientation de la politique budgétaire reste globalement neutre cette année et pourrait devenir faiblement expansionniste en 2019 et de nouveau neutre en 2020, alors que la politique monétaire continuerait de soutenir la croissance un peu partout.
Le budget 2019 : Un budget de stabilisation ou de relance ?
Le budget 2019 se veut en faveur de la croissance économique et le progrès social. Le PLF 2019 affiche en effet parmi ces orientations prioritaires le soutien à l’investissement privé et à l’entreprise en vue de stimuler la croissance et le renforcement des politiques sociales. En même temps, le PLF fait de la restauration des équilibres macroéconomiques et de la maîtrise de l’endettement un objectif tout aussi prioritaire et augmente, dans un effort de mobilisation de recettes additionnelles, la charge fiscale.
Le PLF se présente donc comme un budget aux objectifs hybrides, voire potentiellement contradictoires, qui flatte les impératifs budgétaires tout en revendiquant une vocation sociale et de soutien à l’économie.
La politique budgétaire à la croisée des chemins
Le déficit budgétaire et son corollaire l’endettement public ne sont pas un problème en soi, ils ne sont pas non plus la solution à toutes les dérives de l’économie et en toutes les circonstances. La crédibilité et l’efficacité des politiques budgétaires sont appréciées au travers de ces deux variables essentielles. Les institutions internationales et les agences de rating déterminent, en relation avec le niveau d’activité et celui du taux d’intérêt réel, la valeur limite et le plafond à accorder au déficit et à la dette qui au-delà desquels la politique budgétaire pourrait être considérée comme intenable et le niveau de l’endettement excessif pour provoquer à terme un problème de solvabilité. Ces seuils et critères prudentiels sont établis pour servir de garde-fous dans la gestion budgétaire et ne peuvent aucunement concerner et avoir la même amplitude indistinctement pour toutes les économies. Leur interprétation dépend en effet du mode de fonctionnement de l’économie soumise à l’étude, de ses performances, de la nature des dettes, de la conjoncture environnante, ainsi que du stade où elle se trouve dans le cycle économique.
Budget et cycle des affaires : Quel soutien à l’investissement et à l’entreprise ?
La vision de développement adoptée par le Maroc repose, en guise de vecteur porteur de la croissance et dans une large part, sur la promotion et l’encouragement des investissements tant domestiques qu’étrangers. Cet axe stratégique est doté d’un ensemble de mesures, répartis entre un cadre dit, du droit commun et selon des procédures conventionnelles ou contractuelles à conclure avec l’État pour préciser les engagements spécifiques des parties prenantes. Une panoplie de mesures d’incitation est alors accessible aux promoteurs qui peuvent bénéficier d’avantages de type foncier, financier, fiscale et douanier… Parallèlement, le Royaume s’emploie à offrir un environnement favorable à l’investissement en adoptant des mesures d’amélioration du climat des affaires, en encourageant le partenariat public-privé et en essayant d’améliorer la gouvernance.
Le social dans le PLF 2019 : Des moyens en hausse mais beaucoup reste à faire
Le projet de loi de finances (PLF) de 2019 a accordé la priorité aux programmes sociaux dans les domaines de l’enseignement, de la santé et de l’emploi tout en soutenant les programmes dédiés à la protection sociale. L’accélération des programmes sociaux a pour objectif de réduire les déficits sociaux qui persistent encore et de lutter contre les disparités sociales et territoriales, qui représentent des objectifs stratégiques pour l’état.
Budget 2019 : Un impact limité sur la croissance
Le budget prévisionnel pour l’exercice à venir se propose, au vu des orientations prioritaires retenues, de mettre l’accent sur la dimension sociale des politiques publiques pour faire face aux déséquilibres persistants en matière de revenus, d’emploi et de niveaux de vie. Concernant le volet économique, l’option principale porte sur la poursuite de l’effort de transformation structurelle et de diversification productive à travers l’accélération des programmes de développement sectoriels. La hausse des principaux agrégats de dépenses semble conférer à la programmation budgétaire pour l’exercice à venir une orientation apparemment expansive. La consolidation des différents effets attendus de la programmation budgétaire pour l’année 2019, tenant compte de la dynamique des comportements des ménages et des entreprises, conduit cependant à un effet global limité sur l’activité.
LNT avec CdP