Climat: l’Europe en quête d’un compromis de dernière minute avant la COP
À la veille de la COP30 au Brésil, l’Union européenne tente d’éviter ce que plusieurs diplomates qualifient déjà de « catastrophe diplomatique ». Les ministres de l’Environnement des vingt-sept États membres se réunissent ce mardi à Bruxelles pour tenter de s’accorder sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035 et 2040, un enjeu crucial pour la crédibilité du bloc sur la scène internationale.
« C’est une journée cruciale », a averti la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à la réunion. Selon elle, ce serait un « désastre » si l’Union européenne arrivait à la COP sans position commune. Le commissaire européen au climat, Wopke Hoekstra, a quant à lui reconnu que les discussions s’annonçaient ardues, glissant avec humour : « Il faut être 27 pour danser le tango. »
L’objectif proposé par la Commission européenne – une baisse de 90 % des émissions d’ici 2040 par rapport à 1990 – suscite en effet de fortes divisions. Alors que l’UE avait déjà atteint une réduction de 37 % en 2023, cette nouvelle étape impliquerait des transformations profondes pour l’industrie et le quotidien des citoyens européens. L’Allemagne, l’Espagne et les pays scandinaves soutiennent la proposition, tandis que la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et l’Italie y voient une menace pour leur compétitivité.
La position de la France, longtemps incertaine, a entretenu le suspense. Paris a exigé des garanties sur la prise en compte du nucléaire, le financement des industries propres et la création d’un « frein d’urgence » pour adapter les objectifs en cas d’évolution des puits de carbone, alors que les forêts européennes montrent des signes inquiétants de fragilité.
Afin de rallier les États les plus réticents, les discussions portent également sur les « flexibilités » du plan européen, notamment la possibilité d’intégrer des crédits carbone internationaux représentant jusqu’à 3 % des objectifs de réduction. Paris demande que ce seuil soit relevé à 5 %. Certains États proposent aussi une clause de révision bisannuelle pour ajuster les objectifs selon la conjoncture.
Ces concessions irritent les organisations environnementales, qui dénoncent une dilution des ambitions climatiques de l’Europe. « Les États membres ne devraient pas affaiblir les objectifs avec des échappatoires inutiles », critique Sven Harmeling, du réseau CAN Europe.
Malgré tout, Bruxelles espère parvenir à un compromis avant le départ de la délégation européenne pour la COP30, où l’Union veut réaffirmer son rôle de leader dans la lutte contre le réchauffement climatique et sa volonté d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Les Européens doivent également formaliser un objectif de réduction pour 2035, compris entre –66,25 % et –72,5 % par rapport à 1990, afin de le présenter officiellement à l’ONU comme leur nouvelle contribution nationale (NDC). Pour Monique Barbut, il serait « impensable » que l’Europe arrive à Belem sans cet engagement, rappelant que le continent, quatrième émetteur mondial de gaz à effet de serre derrière la Chine, les États-Unis et l’Inde, a une responsabilité historique et morale à tenir.
LNT avec AFP
