La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre chinois Li Keqiang à Berlin, le 1er juin 2017 © AFP Tobias SCHWARZ
La Chine et l’Union européenne ont vigoureusement défendu jeudi l’accord de Paris sur le climat à quelques heures d’une annonce du président Donald Trump qui selon les médias américains pourrait annoncer une sortie de son pays.
« La Chine va continuer à mettre en oeuvre les promesses faites lors de l’accord de Paris » conclu en décembre 2015 pour limiter le réchauffement climatique, a promis le chef du gouvernement chinois Li Keqiang à Berlin, après une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel.
« Mais bien sûr, nous espérons aussi le faire avec la coopération des autres », a-t-il ajouté, dans une allusion aux menaces de sortie du président des Etats-Unis.
Pékin avait été, avec l’administration américaine alors conduite par Barack Obama, l’un des principaux artisans de cet accord historique dans lequel 196 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, ambitionnant de limiter la hausse des températures à 1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels et ses effets potentiellement dévastateurs.
Mme Merkel, sans s’exprimer sur la décision de Donald Trump attendue à 19H00 GMT, s’est « réjouie que la Chine se tienne à ses engagements sur l’accord sur le climat ». Et les deux responsables ont insisté pour dire qu’ils étaient favorables à un « ordre mondial basé sur des règles ».
Les responsables de l’Union européenne ont adopté un ton moins diplomatique à l’encontre de M. Trump.
– ‘N’envenimez pas le climat’ –
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a exhorté le président américain sur un ton ironique à ne pas abandonner l’Accord de Paris. « S’il vous plaît n’envenimez pas le climat (politique) », a-t-il tweeté.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a lui jugé un éventuel retrait inacceptable.
« Je suis un partisan de la relation transatlantique mais si le président américain devait dire dans les prochaines heures qu’il veut sortir de l’Accord de Paris alors il serait du devoir de l’Europe de dire: cela ne va pas comme ça », a-t-il déclaré lors d’une conférence mercredi soir en Allemagne.
« Dans un texte de loi et dans les accords internationaux, tout ne relève pas des informations bidons », a ajouté M. Juncker, dans une allusion aux accusations récurrentes de Donald Trump contre les « fake news ».
« J’annoncerai ma décision sur l’accord de Paris jeudi à 15h00 (19h00 GMT). Dans la roseraie de la Maison Blanche. RENDRE SA GRANDEUR A L’AMERIQUE! », a tweeté mercredi soir M. Trump, reprenant son slogan de campagne.
Selon des médias américains, un retrait de l’accord est probable.
Depuis son arrivée au pouvoir, M. Trump affiche sa volonté de donner un coup de pouce aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) au nom de la défense des emplois américains.
Un retrait américain serait une déflagration, 18 mois après cet accord historique, alors que les Etats-Unis font partie avec la Chine des deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.
Dans la foulée de la rencontre de Berlin jeudi matin, l’Union européenne et la Chine doivent réaffirmer leur soutien à ce texte lors d’un sommet à Bruxelles jeudi après-midi et vendredi, a indiqué un dirigeant européen sous couvert d’anonymat.
– Signaux contradictoires –
La question a profondément divisé le sommet du G7 qui vient de s’achever en Italie, tous ses participants, à l’exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers ce texte.
Pendant sa campagne, l’homme d’affaires avait promis d' »annuler » cet accord. Mais depuis son installation à la Maison Blanche, il a envoyé des signaux contradictoires, reflets des courants contraires qui traversent son administration sur la question climatique mais aussi, au-delà, sur le rôle des Etats-Unis dans le monde et leur rapport au multilatéralisme.
Le patron de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, s’est ouvertement prononcé pour une sortie de l’accord, jugeant qu’il était « mauvais » pour l’Amérique.
Le monde des affaires s’est, dans sa grande majorité, prononcé pour un maintien au sein de l’accord de Paris. Une douzaine de grands groupes, parmi lesquels le pétrolier ExxonMobil, le géant de l’agrochimie DuPont, ou encore Google, Intel ou Microsoft, ont pressé Donald Trump de ne pas en sortir.
Concrètement, Donald Trump pourrait invoquer l’article 28 de l’accord de Paris, qui permet aux signataires d’en sortir, mais, en raison de la procédure prévue, cette sortie ne deviendrait effective qu’en 2020. Une autre solution pourrait être de sortir purement et simplement de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Cnucc).
Une solution mise en avant par certains responsables de l’administration consistait à rester dans l’accord tout en lançant un réexamen des objectifs américains.
LNT avec Afp