Cinq chercheuses maghrébines récompensées par le Prix Jeunes Talents 2025
L’Oréal Maroc et le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb ont dévoilé, lundi 1er décembre à Rabat, les noms des cinq lauréates maghrébines du Prix Jeunes Talents pour les femmes et la science 2025, récompensées pour l’excellence de leurs travaux en bioinformatique, biotechnologie, génie civil, chimie analytique et intelligence artificielle.
Chacune a reçu une bourse de 10 000 € pour soutenir son projet de recherche.
Pour cette 19e édition, un jury présidé par le Pr Benjouad (UIR) a sélectionné cinq chercheuses originaires d’Algérie, du Maroc et de Tunisie. La Fondation L’Oréal et l’UNESCO ont rappelé que « la science a plus que jamais besoin des femmes », indispensables pour relever les défis actuels, de la transformation numérique aux énergies vertes. Il est à noter que ce programme qui existe depuis 27 ans, a accompagné plus de 4 700 chercheuses dans 140 pays.
Au Maghreb, une centaine de jeunes talents ont déjà été distinguées depuis 2006, dans une région où les femmes restent sous-représentées dans les STEM (34 % au Maroc, 47 % en Algérie, 31 % en Tunisie).
Invitée d’honneur, la ministre de la Transition énergétique, Leïla Benali, a livré un discours fort sur le rôle clé des femmes dans les secteurs stratégiques, estimant que « mettre de côté la moitié de la population est un luxe qu’on ne peut pas se permettre ». Elle a également dénoncé les mécanismes invisibles freinant la progression des chercheuses, évoquant le glass cliff : « Il y a des secteurs qui ne pardonnent pas… le prix de l’erreur est très élevé ».
Le directeur régional de l’UNESCO pour le Maghreb, Charaf Ahamimed, a souligné que malgré les avancées, « même si les femmes et les jeunes filles ont plus accès à l’éducation, cela ne s’est pas forcément traduit par un meilleur accès aux emplois scientifiques ». Il a rappelé l’importance de politiques publiques inclusives et salué « un partenariat exemplaire » avec L’Oréal.
Pour sa part, la directrice générale de L’Oréal Maroc, Laila Benjelloun, a salué « le courage et la passion » des lauréates, appelant les jeunes à s’engager dans les carrières scientifiques, « clé des innovations qui transformeront demain ».
Parmi les lauréates distinguées figure Souhir Belloumi (Tunisie), dont les recherches portent sur la valorisation des méduses méditerranéennes, une ressource encore sous-exploitée mais riche en composés bioactifs prometteurs pour l’alimentation, la santé et l’environnement.
L’Algérienne Samira Gouffi a été récompensée pour le développement d’un modèle numérique capable de simuler avec précision les écoulements extrêmes liés aux ruptures de barrage, un outil essentiel pour anticiper les risques hydrauliques et améliorer la gestion de crises.
Du Maroc, Samira Oubannin mène des recherches sur l’extraction de composés bioactifs issus de plantes aromatiques et médicinales afin d’enrichir des huiles cosmétiques. Son travail s’inscrit dans la dynamique croissante des produits naturels et du développement de formulations durables.
Également distinguée, Ferdaous Idlahcen (UM6P) explore l’usage de l’intelligence artificielle pour détecter des biomarqueurs du cancer à partir d’images pathologiques, une approche prometteuse pour démocratiser le diagnostic génétique, notamment dans les pays à ressources limitées.
Enfin, Sofia Sehli (UM6SS) mène une étude intégrée sur les interactions entre le virus du COVID-19, la génétique de l’hôte, le microbiome et les facteurs cliniques afin de mieux comprendre les déterminants de la sévérité de la maladie au Maroc.
A. Loudni
