À gauche, Karim Tazi, Directeur Associé Optimum Conseil,Assia Aiouch, DG Optimum Conseil. À droite, Hakim Marrakchi, Vice-président CGEM
Le Cabinet de Conseil Optimum, en collaboration avec la CGEM, a initié la seconde édition de l’Enquête » Les dirigeants face à la Transformation de leur Entreprise au Maroc ». L’enquête a été menée sur une durée de 7 semaines ( du 1er juin au 19 juillet 2017).
Ils étaient 198 dirigeants d’entreprises au Maroc à participer. » La transformation est devenue non seulement un processus permanent, mais surtout un élément fondamental du management et de la gouvernance des entreprises », note l’étude du cabinet de conseil.
« L’objectif de cette enquête est d’évoluer la politique RH des entreprises et l’agilité des entreprises face à la transformation digitale. Celle-ci n’est plus un phénomène conjoncturelle, mais un culte de management et un processus long et progressif », déclare Assia Aiouch, directeur général d’Optimum Conseil.
Parmi les entreprises ayant pris part à l’Étude, on retrouve, entre autres, Acwa Power Maroc, Alliances développement immobilier, ONP, Orange, Richbond, Wafasalaf, ou encore Universiapolis.
Le questionnaire s’articule notamment autour du niveau de confiance et de visibilité par rapport à la conjoncture économique, les menaces et opportunités perçues dans l’environnement des affaires au Maroc, ainsi que les principaux défis stratégiques à relever par les entreprises.
198 dirigeants sondés dans trois secteurs d’activités
Sur les 198 dirigeants ayant participé à l’enquête, 60% d’entre eux sont issues de trois secteurs, à savoir l’Industrie, Services et Secteur financier. 69% des entreprises ont un CA supérieur à 100 MDH et plus de 35% emploient plus de 500 personnes.
48% des entreprises interrogés sont privées, et plus de 69% à actionnariat principal familial. Dans l’échantillon de l’enquête, le poids de l’actionnariat familial est le plus élevé dans le secteur industriel (76%) et dans le Commerce et les Services (77%). La part des entreprises privées marocaines diminue avec la taille, au profit des filiales de groupes marocains ou internationaux.
Les secteurs les plus dynamiques en transformation digitale
Selon l’enquête du cabinet Optimum Conseil et la CGEM, le secteur financier est le plus dynamique en transformation digitale. Il affiche 93% d’entreprises ayant entamé leur transformation, suivi de l’énergie (92%), les télécoms ( 82%), et enfin l’industrie avec 75%, sachant que 90% de ces entreprises sondés enregistrent plus de 600 MDH de CA.
Un autre constat qui n’eu demeure pas moins important : 73% des entreprises sondées ont mis en place un projet de transformation au cours des 3 dernières années. 90% des projets de transformation menés sont considérés comme des changements progressifs.
Toujours dans le cadre de l’enquête, le facteur de changement d’organisation arrive en tête des leviers incontournables de la transformation, avec 62%, suivi du développement des compétences (40%). La restructuration sociale représente seulement 7% des leviers de transformation digitale de l’entreprise.
Toujours dans le cadre de l’enquête, 58% des dirigeants estiment que leurs projets de transformation ont au moins atteint partiellement leurs objectifs. C’est le secteur d’énergie qui mène le classement des meilleurs taux de réalisation des objectifs de transformation digitale, avec 75%. Viennent ensuite les services(68%). En revanche, le secteur du commerce-distribution enregistre le taux de réalisation le plus faible, soit 35%.
Le taux d’engagement des entreprises face à la transformation digitale
L’étude fait ressortir que 81% des 198 répondants envisagent de lancer des projets de changement dans les 3 prochaines années. L’indicateur du développement des compétences des collaborateurs enregistre 52%, contre 41% pour le changement/alignement des organisations à la stratégie d’entreprise ( 41%).
73% des dirigeants questionnés affirment avoir mené des changements structurantes au cours des 3 dernières années, qui ont significativement modifié leur organisation, les modes de fonctionnement, la culture et le management, ainsi que la relation avec leurs clients.
Il est important de souligner que cette pratique croît avec la taille des entreprises : les projets de transformation sont davantage menés au sein des grandes entreprises (90% des entreprises de plus de 600 MDH CA) que des PME (moins de la moitié pour les entreprises ayant un CA inférieur à 50 MDH), note l’enquête.
Lors de la première édition de l’enquête, menée en 2014, ils étaient seulement 72 dirigeants d’entreprises a être conscients de l’importance de la transformation digitale.
Ces résultats viennent de confirmer donc que les entreprises sont d’autant plus engagées dans des processus de transformation, et qu’elles envisagent l’avenir avec d’avantage d’agilité, d’adaptabilité, et compétitivité (81%).
Opportunités / menaces exprimées par les secteurs
Les entreprises semblent plus agiles et plus ouvertes aux défis de la mondialisation et de l’économie numérique. L’enquête élabore ce constat pour arriver au résultat que les grandes structures et les PME semblent surfer sur les opportunités qui s’offrent à elles et qui dénotent d’un certain dynamisme et d’une ouverture sur les tendances internationales :
–Le commerce numérique : en premier lieu pour les secteurs IT & Télécoms (82%), ainsi que Banque et Assurance (81%), suivi du Commerce et Distribution ( 74%), et des Services & Conseil (53%).
–L’ouverture du Maroc sur l’international : en premier lieu pour les dirigeants industriels (51% des répondants de ce panel), ainsi que les Services et Conseil (55%), et l’Énergie & Utilities ( 46%).
Bien que la taille et l’évolution du marché local soient considérées comme une opportunité par 41% des sondés, 20% la perçoivent également comme une menace.
La niveau de confiance dans la conjoncture économique
Une part significative des 198 dirigeants ( 63%), affirme avoir une visibilité réduite : 34% des dirigeants interrogés situent leur visibilité en dessous de 6 mois, et 29% entre 6 mois et 1 an.
Le secteur financier et le secteur énergétique ont les meilleurs visibilité à moyen et long terme (plus de 70% ont une visibilité supérieure à 1 an). En revanche, le commerce, l’industrie, et les service-Conseil sont les secteurs avec le moins de visibilité ( environ 50% des dirigeants des entreprises de ces secteurs déclarent avoir moins de 6 mois de visibilité).
Toutefois, 58% des chefs d’entreprise se disent plutôt voire très optimiste quant à la conjoncture économique, notamment ceux opérant dans les secteurs de l’énergie ( 92%), l’IT-Télécom (73%), et le secteur financier ( 59%). Dans ce sens, l’étude note que la confiance est en retrait dans les secteurs du commerce (61% des dirigeants peu ou pas confiants) et le secteur des Services/ Conseil (55%).
En outre, le niveau de confiance augmente de manière significative avec la taille de l’entreprise. De même, le niveau de visibilité se réduit pour les TPE et PME, tandis que les grandes entreprises expriment un niveau de confiance plus élevé dû à une meilleur visibilité sur des facteurs endogènes tels que leur carnet de commande.
Qu’est ce qui inquiète les chefs d’entreprise?
Sur ce point, l’enquête menée par la CGEM et Optimum Conseil note que la majorité des entreprises ( 52%) croient que l’économie informelle est une menace, quel que soit le secteur et niveau de chiffre d’affaires.
Le secteur du commerce-distribution (70%) est le plus averse à l’économie informelle, qu’il considère comme un frein pour le développement. Le domaine du Services et Conseil affiche 58%, et l’industrie 57%.
La politique RH, l’autre menace
Pour 44% des chefs d’entreprise sondés, la problématique des ressources humaines constitue une menace latente : difficulté à disposer de ressources de qualité dans les entreprises, à préparer la relève dans les entreprises à caractère familial, à mobiliser les collaborateurs en interne dans les entreprises qui créent une culture de l’innovation ou qui sont dans des stratégies de diversification.
Les facteurs juridiques sont également une menace substantielle
Le tiers des sondés a évoqué ces sujets que l’on retrouve en particulier auprès des dirigeants des secteurs Infrastructures et Transports (50%), Industrie pharmaceutique (57%), et Energie et Utilities (54%).
L’enquête note, sur ce point, que les TPE sont les entreprises les moins confiantes mais sont également la catégorie d’entreprises qui a le plus d’espoir dans le commerce digital et l’ouverture de l’économie nationale sur l’international. Cependant, ce sont celles qui se sentent les plus menacées par l’environnement législatif et judiciaire et par la réglementation fiscale, en particulier.
Peu de répondants font ressortir les Exigences Environnementales et sociétales en opportunité ( 29%).
Les enjeux de demain pour mener les transformations futures
Quels que soient les défis stratégiques auxquels seront confrontés à l’avenir les dirigeants des entreprises, les enjeux de transformations futures devront plus que jamais s’interroger et challenger leur vision managériale, note Optimum Conseil. Le dernier exige certaines leviers pour assurer la continuité des transformations digitales, notons, entre autres :
–Savoir décider de la bonne stratégie de transformation et de la trajectoire la plus pertinente. Cela sera un avantage compétitif des entreprises. Sur ce point, la CGEM et le cabinet Optimum conseil s’interrogent sur combien d’entreprises questionnent leurs stratégies au regard des mutations de leur environnement et de l’ouverture du Maroc sur l’international.
–Être à l’écoute des mutations externes, ajuster sa stratégie. En associant vision long terme et processus continu de transformation de l’entreprise.
Rappelons enfin que cette enquête est la deuxième de son genre. La première édition a été menée en 2014. Elle a permis de réaliser un état des lieux des pratiques et préoccupations des dirigeants devant engager leur entreprise dans un processus de transformation.
Imane Jirrari