La CGEM fait de nouveau parler d’elle !
Non parce que son président, M. Salah Eddine Mezouar a reçu le Premier ministre de la microscopique île de Sainte Lucie, (tout juste le quart de Derb Ghalef à Casablanca), ou parce que le nouveau ministre de l’Économie et des Finances a rendu visite aux représentants des patrons pour leur parler du PLF 2019 et encore moins parce que les instances décisionnelles de la CGEM comptent désormais plus de dirigeants que de membres, à l’image de l’armée mexicaine de Pancho Villa qui avait plus de généraux que de soldats…
C’est plutôt parce que le patronat et ses représentants parlementaires, (à la Chambre des Conseillers), viennent de s’illustrer de « belle manière » que la Confédération patronale fait la Une des titres de presse.
On sait, en effet, que le Groupe des Conseillers issus du patronat compte sept membres dont une seule femme, Mme Neïla Tazi, par ailleurs, présidente et dirigeante de la société de communication bien connue A3 Communication, mais également fondatrice et cheville ouvrière à ce jour du Festival Gnaoua d’Essaouira, mais enfin présidente de la jeune Fédération des Industries Culturelles et Créatives, FICC, affilée à la Confédération.
Mme Tazi, jusqu’aux élections à la mi-mandat du bureau de la Chambre des Conseillers, occupait le poste de vice-présidente de cette honorable institution, lui conférant ainsi une image de modernité, mais surtout de respect (partiel) des dispositions constitutionnelles qui mettent en exergue l’égalité des genres (Article 19 de la Constitution).
Mais, à la faveur de la réélection de M. Abdelhakim Benchamach au poste de président de cette chambre, le groupe de la CGEM, en une démarche peu respectueuse des procédures démocratiques, (ce qu’il affirme avoir respecté !), a évincé Mme Neïla Tazi de son poste au profit d’un autre conseiller, M. Abdelhamid Souiri.
Six des sept membres du Groupe CGEM ont, en effet, voté pour cette « candidature », avalisée par la suite par le président de la Chambre, malgré les protestations et les arguments fort légitimes présentés par Mme Tazi.
Cet épisode peu glorieux pour la CGEM appelle plusieurs commentaires et constats.
Tout d’abord, quelles seraient les causes qui pourraient motiver une telle éviction ?
Mme Neïla Tazi aurait-elle démérité lors de son (demi) mandat à la vice-présidence de la Chambre des Conseillers, elle qui, de surcroît, était la SEULE femme à occuper un tel poste au sein de cette représentation parlementaire ?
Les membres du Groupe CGEM, en tout cas, n’ont pas pu justifier leur démarche en excipant d’un mauvais bilan de Mme Tazi au terme des trois premières années de sa mandature…
Par ailleurs, en termes d’image, la CGEM, qui fut présidée deux mandats durant par une femme de grande qualité, Mme Miriem Bensalah, montre désormais que les démons du machisme ont repris du poil de la bête sous le mandat de son successeur, M. Salaheddine Mezouar qui n’a pas craint, pour l’occasion, de revenir sur un acquis fort et positif, conforme aux dispositions constitutionnelles.
Partant, Mme Neïla Tazi a été « virée » parce que femme, tout simplement !
Ce qui était une posture exemplaire, moderne et positive de la démarche patronale, s’est transformé en une petite opération politicarde, en une sorte de « coup d’État » digne des magouilles qu’on pouvait connaître lors d’AG estudiantines à la belle époque de l’UNEM (Fédération de France) des années soixante-dix…
Enfin, « but not least », la démarche retenue et appliquée apparaît avant toute chose comme une opération de revanche et même de vengeance à l’encontre d’une dirigeante de la confédération patronale considérée comme une proche de l’ex-présidente, Mme Bensalah Chaqroun.
Voilà donc qui fait désordre, suscite maints commentaires et projette une image plutôt négative d’un patronat qui, normalement, aurait beaucoup d’autres priorités à traiter que celle de démettre l’une des rares représentantes élues à la Chambre des Conseillers.
Le combat de la Femme marocaine pour la parité, l’égalité des genres et la représentativité vient de perdre une bataille.
Merci Messieurs Mezouar, Hifdi et tous ceux qui ont participé à ce « golpe » peu honorable !
Fahd YATA