Spécial Été 2025 - La Nouvelle Tribune https://lnt.ma/categorie/special-ete-2025/ Actualité économie - tout savoir sur les dernières infos économiques avec Lnt.ma : bourse, finance, entreprises,... Information économique marocaine et internationale en direct. Tue, 21 Oct 2025 09:25:54 +0000 fr-FR hourly 1 Spécial été 2025 – Le Maroc se transforme : SOMMAIRE https://lnt.ma/special-ete-2025-le-maroc-se-transforme-sommaire/ Thu, 24 Jul 2025 15:20:53 +0000 https://lnt.ma/?p=532842 Notre numéro spécial de l’été 2025, consacré cette année à un sujet de fond : la transformation silencieuse mais profonde que connaît le Maroc dans ses structures, ses territoires et ses équilibres sociaux. Dans un monde en recomposition, le Maroc avance, porté par de grandes réformes, des investissements stratégiques et une volonté affirmée de modernisation. […]

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Notre numéro spécial de l’été 2025, consacré cette année à un sujet de fond : la transformation silencieuse mais profonde que connaît le Maroc dans ses structures, ses territoires et ses équilibres sociaux.

Dans un monde en recomposition, le Maroc avance, porté par de grandes réformes, des investissements stratégiques et une volonté affirmée de modernisation. Cette édition spéciale entend mettre en lumière cette dynamique de changement, loin des projecteurs conjoncturels, en adoptant une approche lucide, documentée et transversale.

Notre ambition est de donner à voir le Maroc tel qu’il se construit aujourd’hui, dans sa complexité, ses ambitions et ses tensions, en valorisant les initiatives concrètes et les choix stratégiques durables.

SOMMAIRE :

  1. L’arbre et la forêt
  2. Cap Maroc 2030 : Au-delà du foot
  3. Entretien avec Madame Laura Isabel Jaramillo Mayor, Chef de mission pour le Maroc au FMI: « Le Maroc a su maintenir des cadres économiques solides tout en avançant sur des réformes de fond »
  4. L’investissement tous azimuts, fer de lance de la transformation marocaine
  5. Les chantiers structurants qui dessinent l’économie de 2030 et après
  6. Financer l’investissement massif par une fiscalité efficace, le Maroc récolte les fruits de sa stratégie
  7. Régionalisation avancée: Un levier stratégique pour un Maroc plus équilibré et durable
  8. Entretien avec Mme Oulfa Sennani, Conseillère-experte de la régionalisation avancée: « Nous avons évolué d’un simple atelier annexe à une structure capable d’exporter son savoir-faire »
  9. Concevoir le développement régional le cadre et le fonctionnement des PDR
  10. Bilan des PDR: Des ambitions structurantes face à des défis persistants
  11. Financement des collectivités territoriales sur le marché: Les collectivités territoriales s’orientent vers le financement de marché pour accélérer leur développement
  12. Contrôle des opérations de change: L’Office des Changes engage une mutation stratégique portée par l’IA
  13. Fonds Mohammed VI pour l’Investissement: Une action structurée autour de nouveaux instruments sectoriels et de projets stratégiques
  14. Marché des capitaux, bourse et dettes privées: Le vent en poupe
  15. Financement et investissements : Le système bancaire à la rescousse
  16. Diversification de l’économie, pour trouver de nouveaux leviers de croissance
  17. Eau, climat, environnement : Ces nouvelles batailles locales…
  18. Projets solaires et éoliens, la course à l’énergie verte des industries
  19. Le territoire à grande vitesse: Entre ambition et viabilité
  20. BTP au Maroc, un secteur face à l’impératif d’une modernisation rapide
  21. Logement social : Durable pour qui, et jusqu’à quand ?
  22. Urbanisme et logement : Où en est-on de la ville durable ?
  23. Smart cities, digitalisation : Promesses et angles morts
  24. Tourisme : Réussir la croissance tout en préservant l’authenticité
  25. À mi-chemin entre prudence et audace, la nouvelle Moudawana se précise
  26. Les peines alternatives, un tournant dans la justice pénale marocaine
  27. Assurance santé, retraite : Quelle couverture demain ?
  28. Grands chantiers, petites règles : Le civisme, ce chantier invisible du Maroc qui change!
  29. Le Maroc à deux vitesses : Entre grandes ambitions et réalités contrastées
  30. Culture et sport, quand le Maroc construit son soft power
  31. Les Lions de l’Atlas, véritables ambassadeurs du Royaume
  32. Entretien avec Pr Hassan Habibi, Université Hassan II : “Ce qui touche le monde, ce n’est pas ce qui brille, mais ce qui résonne”

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À mi-chemin entre prudence et audace, la nouvelle Moudawana se précise https://lnt.ma/a-mi-chemin-entre-prudence-et-audace-la-nouvelle-moudawana-se-precise/ Thu, 24 Jul 2025 15:05:25 +0000 https://lnt.ma/?p=532815 L’année 2025 est marquée par la révision du Code de la Famille voulue et exigée par différents horizons de la société marocaine. Mais après des mois d’échanges houleux, mettre en dualité deux courants, celui dit progressiste et les conservateurs, le débat sur ce texte est aujourd’hui au point mort. Alors que sur le plan officiel, […]

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L’année 2025 est marquée par la révision du Code de la Famille voulue et exigée par différents horizons de la société marocaine. Mais après des mois d’échanges houleux, mettre en dualité deux courants, celui dit progressiste et les conservateurs, le débat sur ce texte est aujourd’hui au point mort.

Alors que sur le plan officiel, le Maroc, un pays musulman, mais aussi un pays qui se veut ouvert, moderne et signataire des Conventions Internationales en matière des Droits de l’Homme, la question de la Moudawana pose en réalité une véritable problématique de fond. Important aussi de souligner que le débat sur la réforme de la Moudawana a coïncidé cette année avec la publication des résultats du RGPH 2024 qui ont révélé d’importants changements introduits dans la société marocaine.

Le Souverain, en sa qualité d’Amir Al Mouminine, n’a toujours pas donné son feu vert, invitant les différents intervenants à rouvrir les discussions et d’informer et communiquer les Marocains sur ses nouveautés.

Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques, avait expliqué devant le Roi que le Conseil supérieur des Oulémas a rendu un avis conforme à la majorité des 17 questions soumises dans le cadre de la révision du Code de la famille. Trois de ces questions, liées à la filiation par expertise génétique, à l’abrogation de la règle du Taâsib et à l’héritage entre musulmans et non-musulmans, ne permettent pas d’Ijtihad en raison de textes religieux formels.

Le Conseil a validé plusieurs propositions, notamment la possibilité pour les Marocains résidant à l’étranger de conclure un mariage sans témoins musulmans en cas d’impossibilité, l’attribution de la tutelle légale des enfants à la mère gardienne, ainsi que la reconnaissance du travail de l’épouse au foyer comme contribution au patrimoine familial. Il a également approuvé l’obligation de la Nafaqa (pension alimentaire) dès l’acte de mariage, l’exclusion du logement conjugal de l’héritage, la priorité donnée aux créances des conjoints issues de la communauté de biens, et le maintien de la garde des enfants par la mère divorcée, même après remariage.

La Commission chargée de la Fatwa a répondu favorablement à dix questions concernant, entre autres, l’âge légal du mariage, le droit viager au logement, la Mout’â pour la femme à l’initiative du divorce, ou encore l’égalité des petits-enfants en matière de testament. Trois autres points – la filiation d’un enfant né d’adultère, le testament en faveur d’un héritier non accepté par les autres, et l’abrogation du Taâsib en cas d’héritage par des filles seules – ont été traités par des solutions alternatives conformes à la Charia.

Mais du côté des féministes, le raisonnement est autre. Ainsi, la Coalition Féminine pour un Code de la Famille basée sur l’égalité et la dignité qui est une organisation qui regroupe une panoplie de féministes, de militantes associatives et partisanes et autres juristes, souligne la nécessité d’une lecture éclairée conformément aux valeurs de la modération et de la diligence ouverte et constructive.

La Coalition note l’absolue nécessité de répondre à la lumière des changements découlant du développement de la société marocaine et de la capacité des décisions de la Charia à s’adapter à la réalité et aux besoins de la société.

Elle tient ainsi à affirmer la volonté du pays de consacrer clairement l’État de Droit et les institutions en désignant le Conseil Suprême des Oulémas, qui est l’organe compétent pour émettre des Fatwas, afin de fermer la porte à toutes les enchères politiques qui sont enveloppées dans la religion, en particulier lorsqu’il s’agit des questions féminines.

Comme on le voit donc, la prochaine nouvelle Moudawana reste entourée de trois principales perceptions. La première est celle des féministes dont la principale revendication est une refonte globale du Code pour une législation loin de tout esprit patriarche, tout en rompant avec la notion de la Kiwama qui caractérise les rapports homme/femme dans le cadre conjugal et qui constitue la référence de base régissant de nombreuses lois, notamment le Code de la Famille, le code pénal, le code de l’état civil, le code de la nationalité et la loi de la kafala.

La révision escomptée, à leur niveau, ne devrait pas se concerner uniquement le code de la Famille, mais toutes les lois notamment celles contenues dans le code pénal, qui comporte plusieurs articles relatifs à la condition de la femme, en l’occurrence, l’avortement, la violence et les libertés individuelles, ou encore autres lois liées à l’adoption, l’état civil, l’héritage. En somme, ces milieux ne cessent d’appeler à une Moudawana civique inscrite dans la logique des conventions internationales ratifiées par le Maroc en matière des Droits de l’Homme. Autrement dit et pour aller de l’avant, les féministes estiment que la levée de la sacralité du Fiqh sur la Moudawana est fondamentale.

Du côté du clan des conservateurs, la famille marocaine est une ligne rouge et pas question de toucher aux constantes des valeurs islamiques de la famille marocaine, car cela risque d’avoir un terrible impact sur la cohésion sociale.

Du côté officiel, la position d’Imarat Al Mouminine ne relève guère de l’ambiguïté. Dès le début, le Souverain a bien voulu démontrer à tous qu’il n’est point question, en tant que Commandants des Croyants, de halaliser un Haram ou Haramiser un Halal.

Autrement dit, les Oulémas ont toujours du pain sur la planche, compte tenu de cette multitude des zones rouges qui entourent une Moudawana à la marocaine.

 

Hassan Zaatit

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Financement et investissements : Le système bancaire à la rescousse https://lnt.ma/financement-et-investissements-le-systeme-bancaire-a-la-rescousse/ Thu, 24 Jul 2025 15:04:40 +0000 https://lnt.ma/?p=532795 Le Maroc se transforme comme l’affirme le thème de ce spécial thématique de La Nouvelle Tribune ! Pour ce faire, ce sont de très nombreux projets qui sont annoncés voire déjà engagés avec des investissements qui se comptent en milliards de dirhams. Pour évaluer la capacité du pays à financer ces derniers, un banquier de […]

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Le Maroc se transforme comme l’affirme le thème de ce spécial thématique de La Nouvelle Tribune ! Pour ce faire, ce sont de très nombreux projets qui sont annoncés voire déjà engagés avec des investissements qui se comptent en milliards de dirhams.

Pour évaluer la capacité du pays à financer ces derniers, un banquier de la place propose d’en répartir la somme sur les 5 prochaines années qui nous séparent de 2030, date fixée pour leur réalisation, imposant ainsi un rythme en pourcentage de PIB chaque année.

La capacité de l’épargne nationale à faire face à ces énormes investissements est insuffisante.  Celle-ci, collectée et détenue par les OPCVM, les OPCI, les compagnies d’assurances et les caisses de retraite, avoisinerait le millier de milliards de dirhams. Elle suffisait à peine au financement du rythme précédent des investissements et ne peut en supporter plus.

De même, l’État de son côté, ne pouvant plus se permettre de creuser son déficit, limite son budget d’investissements.

Différentes sources de financement sont utilisées pour faire face à ces investissements, ils sont publics-privés, du marché des capitaux, mais aussi des investisseurs étrangers en direct dans des projets économiques d’importance pour le Maroc.

C’est le cas par exemple du programme stratégique porté par Nareva – Taqa – ONEE – FM6, qui porte sur 130 milliards de dirhams, qui vient d’être lancé avec les Émirats pour renforcer la souveraineté énergétique et hydrique par le développement du dessalement et de l’énergie renouvelable du Maroc d’ici 2030. Les financements extérieurs, par transfert d’épargne étrangère vers le Maroc, constituent une nouvelle solution de financement pour accompagner la stratégie d’investissements du Maroc. Il s’apparente aux sorties de l’État sur les marchés de capitaux internationaux, auxquels seul l’OCP peut aussi recourir.

Aussi, face aux très importants besoins de financement d’investissements qui s’imposent pour réaliser les nouveaux projets, certains outils de financement existants ont été réactivés comme les émissions de dette privée qui ont connu une explosion depuis 2024 passant de 30 à 100 MMDHS entre 2023 et 2024 sur le marché des capitaux occupant même une place qui était vide, celle de la dette non-cotée.

Toutefois, dans ce nouveau contexte d’explosion de projets et de recherche de mode de financement nouveau, le système bancaire n’est pas en reste. Il joue pleinement son rôle et reste un acteur important dans les financements des gros investissements. Preuve en est que les crédits d’investissements, restés longtemps stagnants ont augmenté de 20 % en 2024 et explosent ce premier semestre 2025. D’abord les banques participent beaucoup au financement des entreprises publiques parce qu’il s’agit de projets à caractère national.

Et, tout particulièrement, elles sont fortement sollicitées pour les financements structurels depuis 2024 qui a marqué pour elles un tournant. De fait elles ont mis en place des co-financement pour les grands projets, mettant ainsi en avant une de leurs principales spécialités.

Ce, en fonction de la taille de chaque projet et des capacités de chaque banque, parce qu’elles sont tenues par des ratios de division des risques. Sachant qu’une logique de diversification du risque fait partie du métier de banquier, pour éviter une trop grande concentration. Et, elles sont parties prenantes du financement de tous les secteurs et pas des moindres, comme le dessalement, l’hydrogène vert, le tourisme, le textile, les infrastructures urbaines et de transports, CAN 2025 et Mondial 2030, le plan de l’ONDA, d’ADM, de la RAM, de l’ONHYM à horizon 2030 etc… Les consortiums bancaires sont forts pour étudier la proportion entre le financement des porteurs de projets et leur endettement, afin d’une part de minimiser le risque et d’autre part d’en intégrer le coût.

Le système bancaire est ainsi bel et bien mobilisé pour combler l’insuffisance de l’épargne nationale dans le financement des grands projets d’investissements actuels. Il est reconnu comme un mode de financement traditionnel basé sur des fondamentaux solides même si dans les circonstances actuelles, il ne se suffit plus à lui-même…

 

Afifa Dassouli

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Entretien avec Madame Laura Isabel Jaramillo Mayor, Chef de mission pour le Maroc au FMI: « Le Maroc a su maintenir des cadres économiques solides tout en avançant sur des réformes de fond » https://lnt.ma/entretien-avec-madame-laura-isabel-jaramillo-mayor-chef-de-mission-pour-le-maroc-au-fmi-le-maroc-a-su-maintenir-des-cadres-economiques-solides-tout-en-avancant-sur-des-reformes-de-fond/ Thu, 24 Jul 2025 15:03:54 +0000 https://lnt.ma/?p=532770 Le Maroc est réputé être un « bon élève » du FMI, et inversement le FMI est d’un grand soutien financier pour le Maroc ! De cette affirmation, on peut déduire tout particulièrement que le FMI protège le Maroc des chocs extérieurs par les lignes de crédit qu’il lui accorde, dont celle dite modulable accordée […]

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Le Maroc est réputé être un « bon élève » du FMI, et inversement le FMI est d’un grand soutien financier pour le Maroc ! De cette affirmation, on peut déduire tout particulièrement que le FMI protège le Maroc des chocs extérieurs par les lignes de crédit qu’il lui accorde, dont celle dite modulable accordée en 2024 de 4,5 milliards de dollars qui garantit indirectement les sorties du Maroc à l’international et lui permettra d’en faire 2 en 2025 pour renflouer ses réserves en devises et alléger l’endettement du Trésor sur le marché marocain qui est de plus en plus sollicité comme nous le démontrons dans ce numéro spécial. Mais pourquoi le FMI est-il si proche du Maroc, quelles sont les raisons de son intérêt poussé pour notre pays ? Madame Laura Isabel Jaramillo Mayor, Chef de mission pour le Maroc au FMI, répond à nos questions dans l’interview ci-dessous.

 

Madame, Jaramillo Mayor, comment la Ligne de Crédit Modulable de 4,5 milliards de dollars que le FMI a accordé récemment au Maroc, est-elle destinée à soutenir le pays et l’aider dans ses efforts de réforme ?

Madame Laura Isabel Jaramillo Mayor : L’économie du Maroc a fait preuve de résilience face aux chocs récents, y compris la pandémie mondiale, les retombées de la guerre de la Russie en Ukraine, le tremblement de terre de 2023 et la grave sécheresse qui le touche. Aujourd’hui encore, le Maroc est exposé à une incertitude mondiale élevée et à des risques externes affirmés. Dans ce contexte, la ligne de Crédit Modulable (LCM) de 4,5 milliards de dollars du FMI offre au Maroc une protection solide contre des chocs externes éventuels tout en renforçant la confiance des investisseurs pendant une période de risques accrus. Elle soutient ainsi les efforts de réformes du Maroc en faveur de politiques et réformes vigoureuses visant une croissance plus résiliente, inclusive, plus verte qui devrait être de plus en plus tirée par le secteur privé.

 

Comment le FMI contribue-t-il au développement du plan stratégique « Maroc 2030 » qui vise la transformation de son l’économie et qui se concrétise par des investissements colossaux ?

Le FMI entretient un partenariat étroit et constructif avec les autorités marocaines. À travers une surveillance régulière, un dialogue continu sur la politique économique et des assistances techniques, le FMI soutient le programme de réformes du Maroc au sens large. Nos conseils politiques et notre assistance technique ont permis de renforcer les politiques et les cadres institutionnels du Maroc, dans le but de favoriser une croissance plus résiliente. Bien sur notre soutien par le biais de la Ligne de Crédit Modulable renforce la résilience économique du Maroc. De plus, notre soutien par le biais de la Facilité Pour la Résilience et la Durabilité (FRD), programme récemment achevé totalisant 937,5 milliards de DTS, a contribué aux réformes structurelles pour renforcer la résilience climatique, la gestion de l’eau, la libéralisation du marché de l’électricité afin d’augmenter la production d’énergie renouvelable, et le financement vert, soutenant ainsi les objectifs du Nouveau Modèle de Développement.

Le FMI évalue régulièrement les politiques économiques et financières ainsi que les réformes de tous les pays membres, y compris le Maroc, dans le cadre des consultations de l’Article IV. Cette surveillance couvre les principaux domaines de réforme pour soutenir une croissance durable, y compris les politiques fiscales, monétaires et du secteur financier, ainsi que les réformes structurelles visant à améliorer le climat des affaires, les marchés du travail, la protection sociale et la résilience climatique.

 

Dans le cadre de la dernière consultation de l’Article IV de 2025, quelle est l’évaluation du FMI des progrès réalisés par notre pays ? Quelles recommandations a-t-il formulées pour améliorer l’agenda de réformes structurelles ?

Une analyse du FMI simulant les effets des réformes structurelles présentées dans le Nouveau Modèle de Développement du Maroc a révélé que les réformes en matière de protection sociale et des soins de santé, de l’éducation, du marché des produits (y compris la réforme des entreprises publiques), et de la gouvernance auraient un impact significatif sur la production à long terme du Maroc .

Dans le cadre de la consultation de l’Article IV de 2025, le FMI s’est félicité des politiques et des cadres très solides du Maroc, qui ont soutenu la stabilité macroéconomique et avancé les réformes structurelles. Le FMI a également salué l’élan réformiste dans des domaines tels que la protection sociale et l’éducation, tout en encourageant des progrès supplémentaires en matière de développement du secteur privé, et réforme du marché du travail, des entreprises publiques et de la gouvernance publique.

Par ailleurs, le Maroc est impacté par des défis liés au climat, tels que la carence d’eau. Les réformes pour combattre cette carence, mettre en œuvre un cadre réglementaire qui incite la production et l’utilisation de l’énergie renouvelable, et aborder les risques climatiques dans le système financier – soutenus par l’arrangement FRD – ont également été soulignés comme essentiels pour la viabilité à long terme. Le FMI est convaincu que la mise en œuvre de réformes structurelles bien conçues pourrait avoir des effets significatifs sur la croissance potentielle et permettre au Maroc d’atteindre un statut de revenu plus élevé à moyen et long terme.

 

Comment le FMI voit-il la vague d’investissements très importants mis en œuvre par le Maroc, est-elle soutenable du point de vue budgétaire ? Se concrétisera-t-elle par une création d’emplois ?

Les grands projets prévus dans l’infrastructure et en vue de la Coupe du Monde en 2030 aideront à soutenir le dynamisme de l’économie à moyen terme, comme note le dernier rapport du FMI dans le cadre des consultations de l’Article IV de 2025. Favoriser davantage la création d’emplois nécessite une stratégie multidimensionnelle, allant de la formation professionnelle, aux investissements en milieu rural et la facilitation à l’insertion au marché de travail (e.g., accès à la garde des enfants). La récente feuille de route pour l’emploi est un pas dans la bonne direction. Pour aider à renforcer l’emploi des jeunes, des femmes et des zones rurales, les politiques actives du marché du travail et la formation doivent être redirigées vers les besoins spécifiques du marché du travail marocain aux niveaux régionaux. De plus, un secteur privé dynamique est essentiel à la croissance économique et à la création d’emplois.

Dans ce contexte, le FMI se félicite des réformes prévues par la Charte de l’Investissement et le Fonds Mohammed VI, qui devraient catalyser les investissements privés. En particulier, le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) qui est renforcé par des programmes mieux ciblés, l’autonomisation des centres régionaux d’investissement (CRI) et le dispositif récemment adopté pour les PME dans le cadre de la Charte de l’Investissement. Le FMI encourage également à compléter le financement des PME par une assistance technique visant à structurer des plans d’investissement viables.

 

Pour conclure, Mme Jaramillo Mayor, qu’en est-il de la stabilité financière du pays, notamment en termes de discipline budgétaire ?

En matière de stabilité, le Maroc a constamment maintenu la viabilité budgétaire, avec un engagement à continuer de réduire progressivement les déficits et la dette par rapport au PIB. Nous encourageons les autorités à continuer de reconstituer les marges de manœuvre budgétaires pour assurer une protection plus forte contre les risques, notamment en augmentant encore les recettes et en rationalisant les dépenses publiques.

 

Propos recueillis par Afifa Dassouli

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Entretien avec Pr Hassan Habibi, Université Hassan II : “Ce qui touche le monde, ce n’est pas ce qui brille, mais ce qui résonne” https://lnt.ma/entretien-avec-pr-hassan-habibi-universite-hassan-ii-ce-qui-touche-le-monde-ce-nest-pas-ce-qui-brille-mais-ce-qui-resonne/ Thu, 24 Jul 2025 15:02:29 +0000 https://lnt.ma/?p=532829 Dans un monde où l’image des nations se façonne autant par leurs productions culturelles que par leurs stratégies de communication, le Maroc s’interroge sur le récit qu’il souhaite construire au-delà de ses frontières. Pour en comprendre les enjeux, La Nouvelle Tribune s’est entretenue avec Hassan Habibi, professeur-chercheur en sciences de l’information et du langage, spécialisé […]

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Dans un monde où l’image des nations se façonne autant par leurs productions culturelles que par leurs stratégies de communication, le Maroc s’interroge sur le récit qu’il souhaite construire au-delà de ses frontières. Pour en comprendre les enjeux, La Nouvelle Tribune s’est entretenue avec Hassan Habibi, professeur-chercheur en sciences de l’information et du langage, spécialisé dans les politiques culturelles et les médias. Il dirige le master en journalisme culturel, ainsi que le laboratoire multidisciplinaire « Lemérage » au sein de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ain Chock de l’Université Hassan II de Casablanca. Il évoque ici les dynamiques identitaires actuelles, le rôle des médias, la place des jeunes et des plateformes numériques, ainsi que les défis d’un récit national inclusif et durable.

 

La Nouvelle Tribune : Aujourd’hui, on parle beaucoup de “récit national” ou de “récit de marque pays”. Selon vous, quel récit le Maroc cherche-t-il à faire émerger à l’international?

Pr Hassan Habibi : Parler de récit national n’est jamais neutre : c’est une construction narrative guidée par des choix de mémoire et de représentativité. Le Maroc s’emploie aujourd’hui à projeter une image à la fois ancrée dans son histoire et résolument ouverte, valorisant sa richesse linguistique, culturelle et géographique. Cette pluralité fonde une marocanité assumée, composite, en dialogue avec le monde. Mais cette narration n’est plus seulement institutionnelle. Des initiatives citoyennes, comme la campagne « Tamaghrabit » (« Marocanité »), portée par de jeunes Marocains au Maroc et dans la diaspora, participent à construire des récits culturels vivants, diffusés sur les réseaux sociaux. Ces voix nouvelles redéfinissent l’identité marocaine contemporaine avec audace, créativité et humour. Le défi est aujourd’hui de faire coexister ces expressions multiples dans une narration ouverte, inclusive et fidèle à la complexité du pays.

 

Quel rôle les médias marocains ont-ils à jouer dans cette construction identitaire tournée vers l’extérieur ?

Les médias marocains ont un rôle clé dans cette construction identitaire, mais leur impact reste limité par la prédominance de discours formatés ou superficiels. Trop souvent tournés vers l’institutionnel ou l’événementiel, ils peinent à porter des récits profonds, ancrés, et à donner la parole aux voix créatives issues des marges. Pour peser dans ce chantier, ils doivent traiter la culture non comme une vitrine, mais comme un espace de sens, de mémoire et de débat. Ils ont une responsabilité éthique à renforcer la narration de fond et à être des passeurs entre la diversité du réel et sa représentation à l’international.

 

Quel regard portez-vous sur la manière dont les plateformes numériques influencent ce récit culturel ?

Les plateformes numériques jouent un rôle de plus en plus central dans la production du récit culturel marocain, mais leur impact est profondément ambivalent. D’un côté, elles ouvrent des espaces d’expression inédits, notamment pour la jeunesse et la diaspora, en permettant l’émergence de récits plus libres, plus audacieux et souvent plus représentatifs de la pluralité réelle du pays. Ce sont parfois des lieux d’inventivité et de reconquête culturelle. Mais d’un autre côté, ces plateformes sont dominées par des logiques commerciales – viralité, émotion rapide, clash – qui favorisent les contenus les plus bruyants au détriment des plus profonds. Cette dérive devient particulièrement préoccupante lorsque des institutions publiques, au lieu de contrebalancer ces tendances, s’y alignent en valorisant des figures superficielles et en reléguant au second plan la création exigeante, le patrimoine, la réflexion critique. On assiste ainsi à une forme de désinstitutionalisation du discours culturel, remplacé par une agitation numérique parfois vide de sens. Pour éviter que ces plateformes ne deviennent des vitrines de vacuité, il est urgent de soutenir des formes culturelles numériques qui allient liberté, exigence et ancrage. Une narration culturelle digne de ce nom ne peut se construire sur des algorithmes seuls.

 

Quelle place à l’université marocaine, et notamment les formations en journalisme culturel, dans ce chantier ?

Dans un paysage saturé par l’instantanéité et la glorification de figures superficielles, l’université demeure l’un des rares lieux où la culture peut encore être pensée en profondeur, replacée dans son histoire, interrogée dans sa complexité. Elle a la responsabilité d’assumer pleinement sa fonction de vigie critique du récit national, en formant des professionnels capables d’allier rigueur intellectuelle et innovation médiatique. L’université marocaine – et en particulier les filières de journalisme culturel – joue à ce titre un rôle stratégique : celui de forger des esprits aptes à analyser, contextualiser et mettre en débat la production culturelle, bien au-delà de la simple reproduction médiatique.

 

Quelles limites ou quels risques voyez-vous à une stratégie trop contrôlée du récit national à l’étranger ?

Un récit verrouillé finit toujours par sonner faux. Il marginalise les voix critiques, masque les tensions sociales et produit une image artificielle, sans adhésion réelle. Le risque est double : perte de crédibilité à l’international et appauvrissement symbolique à l’interne. Certaines orientations récentes, fondées sur la visibilité à tout prix, illustrent ce danger : la culture est alors traitée comme un outil de communication, non comme une matrice de sens. Pour construire un récit national fort, il faut accepter la diversité des voix, la conflictualité des mémoires et les expressions qui dérangent autant que celles qui rassemblent.

 

Enfin, selon vous, comment le Maroc peut-il mieux faire entendre sa voix culturelle dans les débats mondiaux ?

Le Maroc ne gagnera pas à exporter une image figée de lui-même, mais à faire entendre la voix profonde de sa pluralité. Cela suppose d’investir dans des œuvres qui traversent le temps, des idées qui interrogent, des scènes ouvertes et des voix libres, capables d’exprimer à la fois fierté et complexité. Ce qui touche le monde, ce n’est pas ce qui brille, mais ce qui résonne. Et une culture ne résonne véritablement que lorsqu’elle est habitée, habitante, et pleinement consciente de ses tensions et de ses héritages.

 

Propos recueillis par Soufia Khabbouch

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Les Lions de l’Atlas, véritables ambassadeurs du Royaume https://lnt.ma/les-lions-de-latlas-veritables-ambassadeurs-du-royaume/ Thu, 24 Jul 2025 15:01:49 +0000 https://lnt.ma/?p=532827 Aujourd’hui encore plus que jamais, grâce au ballon rond et à travers notamment les succès réalisés ces dernières années par les Lions de l’Atlas, les Lionnes, les Lionceaux et bien d’autres clubs de la Botola, le Maroc arrive à se positionner comme il se doit aussi bien sur le plan africain que mondial. Un ensemble […]

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Aujourd’hui encore plus que jamais, grâce au ballon rond et à travers notamment les succès réalisés ces dernières années par les Lions de l’Atlas, les Lionnes, les Lionceaux et bien d’autres clubs de la Botola, le Maroc arrive à se positionner comme il se doit aussi bien sur le plan africain que mondial. Un ensemble d’acquis, grâce au foot bien entendu, qui lui a offert considération régionale et continentale et lui a permis d’avancer sur un ensemble de dossiers diplomatiques de premier plan. Loin de là. L’exploit footbalistique marocain se veut un véritable « Soft Power » qui ne peut en aucun cas être sous-estimé eu égard sa contribution au rayonnement du Maroc.

 

Ainsi et comme on le voit sur le plan diplomatique, et que certains le veuillent ou non, la forte mobilisation de la FRMF au niveau des instances footballistiques africaines a fini par chambouler les calculs des uns et des autres.

Sur ce registre, on note dans un premier lieu l’élection du Président de la FRMF Faouzi Lakjaa au Comité Exécutif de la CAF et de la FIFA qui a très bien placé le Maroc sur l’échiquier footballistique mondial. Très vite, le Maroc a parvenu à réformer les statuts de la CAF pour faire avorter toute tentative des milices du Polisario de participer dans des compétitions continentales. Voté à l’unanimité, l’amendement de l’article 4 interdit expressément à tout pays non membre de l’ONU d’être admis au sein de la CAF.

A souligner aussi qu’en quelques années, le Maroc est devenu de plus en plus le carrefour des différents événements, meetings, sommets et autres congrès sportifs de haut niveau sur le plan africain. On rappelle à ce niveau la tenue de la CHAN 2019,  la CAN Futsal 2020, la CAN féminine 2022, la CAN féminine 2024, la CAN 2025 tant attendue en décembre prochain ou encore la Coupe du Monde en 2030.

En décembre 2023, la cérémonie de remise des récompenses du football africain, les CAF Awards 2023, a eu lieu à Rabat, un événement réussi qui a vu le Sénégalais Sadio Mané et la Nigériane Asisat Oshoala sacrés meilleur joueur et meilleure joueuse.

De là on comprend que le Maroc constitue aujourd’hui pour la CAN l’espace idéal, pour ne pas dire le plus sûr, pour l’organisation de ses grands événements et au-delà son espace incontournable pour peaufiner ses stratégies et ses desseins !

Terre de foot ? Le Maroc l’est sans aucun doute ! En effet, il est important de rappeler aussi le nombre de légendes du foot qui sont habitués à répondre à l’invitation du Maroc pour animer des matchs de Gala, notamment à Laâyoune dont certains se sont reconverties en dirigeants politiques dont l’Ivoirien de Chelsea Didier Drogba, médiateur-clé dans la crise politique en Côte d’Ivoire en 2005, Georges Weah, Président du Liberia depuis décembre 2017, ou encore le Romario, devenu une figure de la droite brésilienne depuis 2009, ainsi que le grand Diégo Maradona.

Dans la même lancée, on se rappelle également qu’en plein sommet USA-Afrique, le patron de la Maison Blanche de l’époque Joe Biden, lui, n’avait pas voulu rater la demi-finale Maroc-France, en regardant le match en compagnie avec la délégation marocaine présidée par le Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch. La symbolique fut certainement grande, illustrant encore fois le rôle du ballon rond dans l’espace diplomatique.

Autrement dit, le succès historique du Maroc à Doha reste une opportunité indéniable et une occasion idoine à même de booster le « Made in Morocco », et d’accélérer le développement économique du pays et de le promouvoir en tant que destination touristique de premier ordre. Le « Nation Branding » pratiqué par les dirigeants marocains de la chose footballistique a permis toutefois de forger l’image d’un partenaire de confiance et celle d’un pays attractif en matière d’investissement.

Et sur un autre registre, le succès des Lions de l’Atlas a offert au Maroc une aura internationale à ne point sous-estimer, faisant de lui un idéal messager des valeurs humaines, de la paix, de la modernité et de la coexistence entre les peuples.

Comme on le voit donc, il s’agit d’une forme de « soft power » qui s’articule, à travers le foot, autour de la persuasion et l’influence. Visiblement, le Maroc a de ce fait bien joué le jeu !

 

Hassan Zaatit

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Culture et sport, quand le Maroc construit son soft power https://lnt.ma/culture-et-sport-quand-le-maroc-construit-son-soft-power/ Thu, 24 Jul 2025 15:01:25 +0000 https://lnt.ma/?p=532825 Dans un monde où l’influence ne se mesure plus uniquement en puissance militaire ou économique, le Maroc mise sur une autre forme de rayonnement : le soft power. À travers la culture, les arts et le sport, le Royaume tisse une présence internationale dynamique, valorise son image et consolide ses partenariats. Cette stratégie, discrète mais […]

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Dans un monde où l’influence ne se mesure plus uniquement en puissance militaire ou économique, le Maroc mise sur une autre forme de rayonnement : le soft power. À travers la culture, les arts et le sport, le Royaume tisse une présence internationale dynamique, valorise son image et consolide ses partenariats. Cette stratégie, discrète mais efficace, reflète une vision d’avenir dans laquelle l’identité marocaine s’exporte par le talent, la créativité et la performance.

 

Une diplomatie culturelle en pleine expansion

Depuis plusieurs années, la culture s’est imposée comme un axe central de la diplomatie marocaine. Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, l’a rappelé à l’occasion des Atlantic Dialogues : « La culture est un outil puissant de rayonnement et d’influence. » Ce positionnement repose sur la conviction que le patrimoine, les traditions, mais aussi la production artistique contemporaine peuvent renforcer la position du Royaume sur l’échiquier régional et mondial.

Les représentations diplomatiques marocaines à l’étranger jouent un rôle actif dans cette dynamique. Expositions, semaines culturelles, projections de films, débats intellectuels : les ambassades ne sont plus seulement des relais politiques, mais aussi des vitrines de la culture marocaine. Selon le ministère des Affaires étrangères, plus de 150 événements culturels sont soutenus chaque année à l’étranger, témoignant d’un engagement concret en faveur d’une diplomatie d’influence.

 

L’art comme miroir d’un Maroc pluriel

Le Maroc s’appuie également sur le dynamisme de sa scène artistique pour nourrir son influence douce. Festivals de musique, biennales d’art contemporain, salons du livre et de la bande dessinée participent à la diffusion d’une culture marocaine vivante, entre tradition et innovation. Le Festival international du film de Marrakech, par exemple, est devenu un rendez-vous majeur du cinéma africain et arabe, attirant des cinéastes, des critiques et des producteurs du monde entier.

Dans le domaine musical, les artistes marocains s’imposent progressivement comme des figures reconnues sur la scène internationale. Grâce aux plateformes numériques comme Spotify, YouTube ou Apple Music, une nouvelle génération de musiciens touche un public mondial. En 2023, ElGrandeToto cumulait plus de 135 millions de streams sur Spotify, écouté dans 180 pays. D’autres noms comme Manal, Nouamane Belaiachi ou Dizzy DROS confirment cette dynamique portée par une jeunesse urbaine connectée et fière de ses racines.

Ces artistes ne sont pas seulement des créateurs : ils deviennent des ambassadeurs culturels. En intégrant des éléments du patrimoine marocain (rythmes chaâbi, langues amazighes, esthétique gnawa) dans des sons contemporains, ils exportent une identité plurielle et inclusive. Leur influence dépasse les frontières et participe à renouveler l’image du Maroc dans l’imaginaire collectif mondial.

Le sport, une vitrine mondiale

Parallèlement à l’effervescence artistique, le sport et en particulier le football constitue un autre pilier essentiel du soft power marocain. La performance historique des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022, en atteignant les demi-finales, a fait du Maroc le porte-étendard d’un football africain conquérant et discipliné. Cet exploit a non seulement fédéré les Marocains autour d’un sentiment de fierté nationale, mais il a également renforcé la visibilité du pays à l’échelle planétaire.

Des joueurs comme Achraf Hakimi ou Yassine Bounou sont devenus des figures emblématiques non seulement du football, mais aussi d’une jeunesse engagée, humble et performante. Leur popularité dépasse largement les terrains : ils sont suivis par des millions de fans sur les réseaux sociaux, apparaissent dans des campagnes de grandes marques, et incarnent un Maroc moderne, capable de rivaliser avec les plus grandes nations.

Le Maroc accueillera fin 2025 la Coupe d’Afrique des Nations, réunissant 24 équipes nationales, avant de coorganiser la Coupe du Monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal. Plusieurs matchs auront lieu sur le sol marocain, dont l’un des matchs d’ouverture. Ces événements renforcent la place du Royaume comme acteur clé du sport mondial et promoteur d’une image dynamique, stable et ouverte.

 

Une convergence entre culture populaire et politique d’État

Ce qui distingue la stratégie marocaine, c’est sa capacité à articuler les actions institutionnelles avec les dynamiques populaires. Les autorités ne cherchent pas à contrôler l’image du pays à l’étranger, mais à accompagner et amplifier les élans venus du terrain : ceux des artistes, des influenceurs, des sportifs, des entrepreneurs culturels.

Ainsi, le ministère de la Culture soutient activement la production artistique nationale, subventionne des tournées à l’étranger, finance des résidences, et accompagne la diffusion numérique. De même, les partenariats avec Spotify ou les plateformes internationales renforcent la professionnalisation du secteur musical marocain. En 2022, environ 600 millions de dirhams ont été consacrés au soutien de la culture, qui représente près de 1,5 % du PIB national.

Dans ce contexte, les figures culturelles et sportives deviennent les nouveaux symboles d’un Maroc jeune, ambitieux et globalisé. Elles offrent un contre-récit à une image parfois figée ou folklorisée, et participent à écrire un discours contemporain sur l’identité marocaine.

 

Une influence douce, mais réelle

Loin d’une logique d’imposition, le soft power marocain repose sur l’adhésion. En valorisant ses talents, ses créateurs et ses athlètes, le Maroc attire, inspire et fédère. La culture et le sport deviennent ainsi les vecteurs d’une diplomatie moderne, en phase avec les attentes d’un monde interconnecté.

Dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, le Royaume semble avoir compris que la force d’un pays ne réside pas uniquement dans ses ressources naturelles ou militaires, mais aussi et surtout dans sa capacité à faire rêver, dialoguer et transmettre.

 

Soufia Khabbouch

 

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Le Maroc à deux vitesses : Entre grandes ambitions et réalités contrastées https://lnt.ma/le-maroc-a-deux-vitesses-entre-grandes-ambitions-et-realites-contrastees/ Thu, 24 Jul 2025 15:00:55 +0000 https://lnt.ma/?p=532823 Le 9 juillet dernier, les habitants de la vallée d’Aït Bouguemez, située dans la province reculée d’Azilal, ont entrepris une marche de protestation symbolique vers Azilal, couvrant des dizaines de kilomètres à pied pour alerter les autorités sur leurs conditions de vie précaires. Ce cri du cœur mettait en lumière la réalité d’un Maroc souvent […]

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Le 9 juillet dernier, les habitants de la vallée d’Aït Bouguemez, située dans la province reculée d’Azilal, ont entrepris une marche de protestation symbolique vers Azilal, couvrant des dizaines de kilomètres à pied pour alerter les autorités sur leurs conditions de vie précaires. Ce cri du cœur mettait en lumière la réalité d’un Maroc souvent oublié, loin des grands axes médiatiques et politiques. Routes impraticables, absence flagrante de services sociaux de base, infrastructures vétustes et exode rural massif ont constitué l’essence de leurs revendications.

Cette marche est le reflet d’une fracture profonde qui divise aujourd’hui le pays : d’un côté, des régions urbaines telles que Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech qui monopolisent les investissements, les grands projets d’infrastructure et les opportunités économiques ; de l’autre, des zones rurales et semi-rurales laissées pour compte, condamnées à un isolement économique et social chronique.

L’illusion d’une modernité accessible à tous, propagée par une politique de grands travaux et de projets digitaux ambitieux, masque en réalité d’importantes disparités socio-économiques. En témoigne le récent scandale lié à la fuite massive des données de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Ce fiasco digital a exposé au grand jour les faiblesses structurelles d’une administration numérique déployée à grande vitesse mais sans une sécurisation adéquate, affectant directement des millions de citoyens marocains, souvent parmi les plus vulnérables.

Par ailleurs, si l’urbanisation rapide des grandes métropoles est souvent vantée comme un signe de progrès, elle cache une réalité bien moins reluisante. Certes, Casablanca, Rabat ou Tanger disposent d’infrastructures nouvelles telles que des tramways et des autoroutes modernes, mais cela ne suffit pas à masquer les insuffisances flagrantes en matière de mobilité urbaine. Les embouteillages interminables et l’absence de transports publics efficaces poussent les citoyens vers un recours au transport privé coûteux ou risqué, illustrant une mobilité urbaine à deux vitesses, excluant les moins aisés.

L’éducation constitue un autre exemple criant de cette fracture. Le secteur public souffre d’un sous-investissement chronique, d’un manque criant de personnel qualifié, et d’infrastructures vétustes. La conséquence est que les familles qui en ont les moyens se tournent systématiquement vers les écoles privées, créant ainsi un système éducatif à deux niveaux. Cette situation entretient les inégalités dès le plus jeune âge et limite les perspectives d’avenir des classes populaires, notamment dans les régions rurales où l’accès même à une école décente demeure difficile.

La santé, censée être un pilier fondamental du développement humain, n’échappe pas à ce clivage. Le secteur public peine à répondre aux besoins élémentaires des citoyens en termes d’accueil, de traitement, de disponibilité de médicaments et d’équipements médicaux modernes. Les grandes villes ne sont pas épargnées par cette crise sanitaire, bien que les habitants aient au moins la possibilité de recourir au secteur privé, souvent à des coûts prohibitifs. Pour les citoyens ruraux ou périphériques, la situation est encore plus critique avec l’absence quasi-totale de structures sanitaires viables.

Le projet ambitieux de généralisation de la protection sociale lancé récemment par le Royaume se heurte, lui aussi, à des réalités complexes. Malgré les discours politiques rassurants, la concrétisation sur le terrain demeure extrêmement lente. Le manque de moyens financiers, les lourdeurs bureaucratiques et la faiblesse du système administratif empêchent un déploiement rapide et équitable. Ainsi, les populations les plus vulnérables continuent de subir les conséquences directes de ces retards, accroissant leur précarité déjà extrême.

Le marché de l’emploi constitue un autre terrain illustrant cette fracture. Les grandes villes attirent l’essentiel des investissements, concentrant ainsi les opportunités économiques et les emplois qualifiés. À l’opposé, les régions périphériques et rurales voient leurs jeunes diplômés forcés de migrer vers les métropoles ou vers l’étranger, aggravant encore davantage l’exode rural et la désertification économique des territoires oubliés.

Les politiques agricoles viennent renforcer cette dichotomie. Le Plan Maroc Vert a certes permis une modernisation relative du secteur, mais principalement au profit des grands exploitants agricoles capables de capter les subventions et les investissements. Les petits agriculteurs, majoritaires dans les campagnes marocaines, n’ont guère vu leur quotidien amélioré. Ils restent largement dépendants d’une agriculture de subsistance précaire, exposée aux aléas climatiques et à l’épuisement des ressources hydriques.

Même dans le domaine touristique, vitrine par excellence du pays à l’international, les disparités sont flagrantes. Marrakech ou Agadir attirent la majorité des flux touristiques grâce à des infrastructures développées et une promotion active, alors que des régions entières, dotées pourtant d’un patrimoine culturel et naturel riche, restent inexploitées et ignorées.

À l’aube de la Coupe du Monde 2030, organisée conjointement avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc ambitionne de présenter une image moderne et développée. Les grands stades, les infrastructures routières et les projets urbains spectaculaires seront certainement au rendez-vous. Mais l’enjeu véritable pour le pays dépasse largement le cadre sportif. La réussite réelle ne sera mesurée qu’à l’aune des améliorations concrètes et durables apportées à la vie quotidienne des citoyens, notamment ceux des régions marginalisées.

Réduire les écarts existants impose donc une révision profonde des priorités nationales. Cela nécessite une réorientation des politiques publiques, privilégiant enfin des investissements massifs dans les secteurs clés que sont l’éducation, la santé, la mobilité et l’agriculture, particulièrement dans les régions périphériques. Sans cette prise de conscience et cette volonté d’agir, le Maroc continuera malheureusement d’évoluer à deux vitesses, avec le risque de voir s’aggraver les tensions sociales et de compromettre durablement son ambition de développement inclusif.

 

Ayoub Bouazzaoui

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Grands chantiers, petites règles : Le civisme, ce chantier invisible du Maroc qui change! https://lnt.ma/grands-chantiers-petites-regles-le-civisme-ce-chantier-invisible-du-maroc-qui-change-2/ Thu, 24 Jul 2025 15:00:04 +0000 https://lnt.ma/?p=532821 Récemment, une vidéo devenue virale a provoqué un choc national : à Tan-ger, un homme sur une moto est filmé en train de poser la main sur les fesses d’une femme marchant dans la rue avant de prendre la fuite. Un acte aussi humiliant qu’impuni, qui a ravivé les souvenirs d’un autre épisode sur-venu dans […]

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Récemment, une vidéo devenue virale a provoqué un choc national : à Tan-ger, un homme sur une moto est filmé en train de poser la main sur les fesses d’une femme marchant dans la rue avant de prendre la fuite. Un acte aussi humiliant qu’impuni, qui a ravivé les souvenirs d’un autre épisode sur-venu dans la même ville, où quatre mineurs ont été condamnés à trois ans de prison pour harcèlement collectif.

Malgré les investissements colossaux pour moderniser les villes, le quotidien té-moigne encore d’une série d’habitudes profondément enracinées, difficiles à éra-diquer : jets d’ordures dans la rue, occupation illégale de l’espace public, dé-charges sauvages, fraude dans les transports, stationnement anarchique, tapage nocturne, ou encore harcèlement de rue.

Selon le Haut-Commissariat au Plan, 13 % des Marocaines ont déjà subi une forme de violence dans l’espace public, dont près de la moitié sont des agressions à caractère sexuel.

Une réalité qui persiste, malgré l’existence d’un cadre légal dédié. En effet la loi 103‑13, adoptée en 2018, prévoit des sanctions claires : jusqu’à six mois de prison et 10 000 dirhams d’amende, mais reste encore trop peu appliquée face à l’ampleur du phénomène.

Ce climat d’impunité commence toutefois à être pris à bras-le-corps par les pou-voirs publics. Plusieurs articles du Code pénal font l’objet d’une révision, comme l’a annoncé le ministre de la Justice, avec en ligne de mire les infractions violentes et l’usage d’armes blanches. L’article 507, notamment, a été renforcé pour durcir les peines liées aux vols avec violence, dans une volonté affirmée de restaurer l’autorité de la loi. Ce signal fort traduit une intention claire : faire comprendre que l’espace public ne peut rester livré aux incivilités ni aux agressions, aussi banali-sées soient-elles.

Mais au-delà des actes les plus graves, c’est aussi une série de comportements quotidiens qui grignotent peu à peu la qualité de vie urbaine. Dans certaines zones urbaines, une occupation progressive et souvent illégale du domaine public s’installe. Des travaux s’effectuent parfois à toute heure, jusque tard dans la nuit ou dès l’aube, sans aucune autorisation, ni respect des règles d’urbanisme.

À cela s’ajoute un phénomène de plus en plus visible : l’ouverture tardive de commerces qui n’ont aucune vocation à fonctionner la nuit, une activité nocturne qui génère des nuisances multiples : stationnements gênants, moteurs de scooters, musique amplifiée, etc.

Ce relâchement est d’autant plus frappant qu’il y a encore quelques années, certaines règles élémentaires étaient strictement appliquées. Dans plusieurs villes du Royaume, l’ouverture des commerces le dimanche était réglementée, voire interdite dans certaines zones marchandes, afin de préserver le repos hebdomadaire. Les horaires de fermeture étaient également encadrés par des arrêtés commu-naux, imposant à tous les établissements de cesser leur activité à heure fixe. Cer-taines communes allaient jusqu’à verbaliser les habitants qui déposaient leurs or-dures devant chez eux avant l’heure de ramassage.

Ces mesures, perçues aujourd’hui comme contraignantes, incarnaient pourtant une forme d’organisation collective pensée pour garantir une certaine qualité de vie.

Ce manque de civisme s’observe aussi sur les plages, pourtant espaces partagés par excellence. Il n’est pas rare de voir des familles ou groupes laisser derrière eux sacs plastiques, restes de nourriture ou bouteilles en tout genre, sans aucun souci de propreté. D’autres installent des bâches épaisses sur leurs parasols, blo-quant la vue et l’accès à la mer pour les autres baigneurs…

Au-delà de l’indignation qu’ils suscitent, ces faits interrogent notre rapport à l’espace public, au respect de l’autre, et à l’autorité de la loi. Un déficit de civisme que l’on retrouve aussi sur nos routes, où les règles sont trop sou-vent ignorées : vitesse, non-respect des piétons, des priorités, et des dis-tances de sécurité, usage du téléphone au volant, etc.

Il y a quelques semaines, un touriste britannique, filmant un rond-point au Maroc, s’étonnait de l’anarchie ambiante : voitures se faufilant sans clignotant, refus de céder le passage, confusion générale.

Cette séquence, à la fois légère et révélatrice, illustre un problème bien plus pro-fond : l’indiscipline routière au Maroc. Plus que de simples infractions, ces comportements traduisent un manque de civisme au quotidien, malgré les efforts four-nis par les autorités pour améliorer l’image et la sécurité du pays à l’approche d’échéances majeures.

Le Maroc reste l’un des pays les plus accidentogènes de la région, avec plus de 3 500 décès par an selon les chiffres de l’Agence Nationale de la Sécurité Routière. Chaque jour, environ 10 personnes meurent sur nos routes, un bi-lan dramatique attestant d’un respect insuffisant voir inexistant du code de la route.

Face à ces constats, le Maroc a accueilli la Conférence ministérielle mondiale sur la sécurité routière à Marrakech en février  2025, adoptant la Déclaration de Marrakech avec l’OMS, pour s’engager à diviser par deux le nombre de morts sur la route d’ici 2030.

Mais sur le terrain, et dans les classements internationaux, la situation reste préoccupante. Selon une étude du site Travelling for Business, (These are the places you should be most careful driving in, ranked by road safety), publié il y a 4 mois, le Maroc se classe au 4ᵉ rang des pays où la conduite est la moins sûre, avec un indice de sécurité routière de 23,2.

Parallèlement, une réforme du Code de la route est en cours. Un avant projet de loi a été soumis en septembre 2024 pour moderniser les textes et durcir les sanc-tions. Une consultation publique, lancée début 2025, témoigne de la volonté d’impliquer les citoyens dans cette démarche cruciale.

Le Maroc a également renforcé son arsenal de radars intelligents sur plusieurs axes stratégiques. Ces dispositifs, capables de détecter les excès de vitesse dans les deux sens ainsi que d’autres infractions, jouent un rôle clé dans la prévention des accidents.

Qu’il s’agisse d’envahir l’espace public, de contourner les lois de l’urbanisme, de griller un feu rouge ou de transformer un trottoir en terrasse privée, une même logique semble prévaloir : celle d’une liberté comprise comme l’absence de li-mites, et non comme une responsabilité partagée.

Or, comment construire une société moderne et attractive si les lois sont vues comme facultatives ?

Le respect des règles, qu’il s’agisse du code de la route ou de la vie en socié-té, est le socle invisible mais fondamental de toute société avancée ! Il con-ditionne la sécurité, la confiance, mais aussi l’image que projette le pays à l’étranger. Dans un Maroc qui s’ouvre au monde et vise l’excellence organi-sationnelle pour accueillir des millions de visiteurs lors de la CAN, la Coupe du monde, mais aussi d’autre événements, chaque geste individuel compte. Le civisme n’est pas accessoire : il est stratégique. Il ne suffit pas de cons-truire des stades, des routes ou des hôtels si l’on ne bâtit pas, en parallèle, une culture du respect, de la responsabilité et de l’intérêt général !

 

Asmaa Loudni

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Assurance santé, retraite : Quelle couverture demain ? https://lnt.ma/assurance-sante-retraite-quelle-couverture-demain/ Thu, 24 Jul 2025 14:59:41 +0000 https://lnt.ma/?p=532819 Le chantier de la généralisation de la protection sociale progresse à grands pas au Maroc, marquant l’une des réformes sociales les plus ambitieuses de ces dernières décennies. Lancé en 2021 sur hautes instructions royales, ce projet vise à garantir à tous les citoyens une couverture médicale, une retraite de base, des allocations familiales ainsi qu’une […]

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Le chantier de la généralisation de la protection sociale progresse à grands pas au Maroc, marquant l’une des réformes sociales les plus ambitieuses de ces dernières décennies.

Lancé en 2021 sur hautes instructions royales, ce projet vise à garantir à tous les citoyens une couverture médicale, une retraite de base, des allocations familiales ainsi qu’une indemnité chômage. L’objectif affiché est clair : bâtir un modèle de société plus équitable, où personne n’est laissé en marge du système de protection.

Aujourd’hui, plus de 32 millions de Marocains sont couverts par une forme d’assurance maladie, selon les chiffres du CESE partagé en novembre 2024. À lui seul, le régime AMO Tadamoun (ex-RAMED), destiné aux personnes en situation de précarité, couvre 11,1 millions de bénéficiaires, avec une prise en charge totale dans les structures publiques (soins et hospitalisation), et une participation publique de 30 % dans le cas des soins équivalents aux prestations privées.

À cette couverture s’ajoutent environ 1,7 million de travailleurs non-salariés (agriculteurs, commerçants, auto-entrepreneurs, etc.) affiliés à la CNSS en tant qu’assurés principaux, ainsi que 1,2 million d’ayants droit bénéficiant de la même protection.

Cette nouvelle dynamique d’intégration progressive a permis d’inclure des millions de citoyens qui n’avaient jusque-là aucun accès formel à un filet social de base.

 

12 millions de bénéficiaires de l’aide directe

Lancé en décembre 2023, le programme d’aide directe vient compléter ce dispositif. Il bénéficie actuellement à 4 millions de familles, soit 12 millions de bénéficiaires. Parmi eux, 3,2 millions de familles sont également couvertes par l’AMO. Plus de 5,5 millions d’enfants reçoivent une allocation, et plus d’un million de personnes âgées vivent de cette aide mensuelle.

Selon le projet de loi-cadre et les annonces gouvernementales, la généralisation des allocations familiales, amorcée en 2023-2024, vise à couvrir 3 millions de foyers et près de 7 millions d’enfants.

Ces mesures renforcent progressivement l’organisation de la solidarité sociale autour de mécanismes plus accessibles et coordonnés.

Cependant, prévue pour 2025, l’extension de la retraite aux non-salariés ainsi que la généralisation de l’IPE se fait toujours attendre.

Cette dernière, toujours limitée dans sa portée, n’a bénéficié qu’à 26 077 personnes en 2023 (les chiffres de 2024 ne sont pas encore disponible), malgré plus de 50 000 demandes.

À terme, la réforme entend construire un socle unifié de protection, fondé sur le principe d’universalité, mais adapté aux différentes réalités professionnelles. Elle vise également à réduire les inégalités sociales et territoriales, en offrant des droits sociaux même à ceux qui exercent dans des secteurs informels.

Toutefois, le chantier reste complexe, tant sur le plan logistique que financier. Il exige un effort budgétaire conséquent, une meilleure gouvernance des caisses existantes (CNSS, CNOPS) et une montée en capacité du système de santé public. En 2023, la CNOPS affichait un déficit de 1,28 milliard de dirhams malgré une couverture de 3,11 millions de personnes, tandis que la CNSS a remboursé plus de 7,3 milliards de dirhams aux assurés. Ces chiffres témoignent de la pression croissante sur les équilibres financiers du système, qui nécessite une vigilance constante pour éviter les dérives.

 

Le financement de la réforme sociale

En 2021, le coût global de la généralisation de la protection sociale au Maroc avait été estimé à 51 milliards de dirhams par an dès 2025. Cette enveloppe devait couvrir quatre volets principaux : 14 milliards pour l’assurance maladie obligatoire (AMO), 19 milliards pour les allocations familiales, 17 milliards pour la retraite, et 1 milliard pour l’indemnité pour perte d’emploi.

En 2024, 35,5 milliards de dirhams ont déjà été mobilisés, dont 10 milliards pour l’AMO Tadamoun et les aides sociales, et 25,5 milliards pour le programme d’aide directe.

Le financement repose sur trois piliers : le budget de l’État, les cotisations sociales (salariés, non-salariés, indépendants), et des ressources fiscales affectées. Des contributions extérieures, notamment de la Banque mondiale ou de l’Union européenne, viennent également appuyer cette transition. D’ailleurs en juin 2025, la Banque mondial a approuvé une enveloppe de 250 millions de dollars destinée à soutenir la réforme de la protection sociale au Maroc.

Le défi central reste la pérennisation du modèle, notamment par une meilleure intégration de l’économie informelle, une élévation du taux de recouvrement des cotisations, et un pilotage rigoureux des dépenses de santé.

Dans cette perspective, certains observateurs soulignent également la nécessité de repenser le système de compensation, qui mobilise encore plusieurs milliards de dirhams par an tout en bénéficiant à toutes les catégories sociales. Sa réorientation progressive vers des dispositifs plus ciblés pourrait constituer une source de financement durable pour renforcer la protection sociale.

Si le Maroc parvient à consolider cette réforme dans la durée, il pourrait devenir un modèle régional en matière de justice sociale. Le projet ne se limite pas à une couverture sanitaire, il engage aussi une refonte en profondeur du contrat social national. Reste à savoir si l’ambition sociale du Royaume saura s’accompagner d’un cadre budgétaire soutenable, à même de transformer une réforme historique en socle durable d’équité et de cohésion nationale.

 

Asmaa Loudni

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Les peines alternatives, un tournant dans la justice pénale marocaine https://lnt.ma/les-peines-alternatives-un-tournant-dans-la-justice-penale-marocaine/ Thu, 24 Jul 2025 14:59:09 +0000 https://lnt.ma/?p=532817 Le compte à rebours est lancé. À partir de ce mardi 22 août 2025, la loi sur les peines alternatives est entrée en vigueur. Pour s’y préparer, la primature appelle toutes les administrations à se mobiliser. Objectif : garantir une justice plus humaine et plus adaptée aux réalités d’aujourd’hui. Dans une circulaire datée du 18 […]

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Le compte à rebours est lancé. À partir de ce mardi 22 août 2025, la loi sur les peines alternatives est entrée en vigueur. Pour s’y préparer, la primature appelle toutes les administrations à se mobiliser. Objectif : garantir une justice plus humaine et plus adaptée aux réalités d’aujourd’hui.

Dans une circulaire datée du 18 juillet 2025, le Chef du Gouvernement, M. Aziz Akhannouch, a appelé l’ensemble des administrations centrales et déconcentrées concernées à accélérer la mise en œuvre effective de la loi 43.22 relative aux peines alternatives, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 22 août 2025. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la réforme globale du système judiciaire, conformément aux Hautes Orientations Royales visant à moderniser la politique pénale nationale.

Selon le premier président de la Cour de Cassation, président délégué du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, Mohamed Abdennabaoui, la loi sur les peines alternatives marque un tournant important dans le processus d’évolution de la politique pénale au Maroc. S’exprimant lors d’une rencontre nationale d’information sur la loi n° 43-22 relative aux peines alternatives, organisée par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, M. Abdennabaoui a souligné que l’entrée en vigueur de ce texte marquer l’amorce d’une nouvelle ère dans la politique pénale.

Cette loi, explique-t-il, vient renforcer la confiance en la justice, consacrer le respect de la dignité humaine et optimiser l’utilisation des moyens juridiques pour lutter contre la criminalité et favoriser la réinsertion des contrevenants. Intervenant lors de cette rencontre sous le thème “La justice au service de la réinsertion : approche pratique de la mise en œuvre des peines alternatives”, M. Abdennabaoui a passé en revue l’évolution historique des sanctions dans les législations et systèmes juridiques humains, aboutissant à l’élaboration de la conception internationale de la peine, désormais centrée sur la correction du comportement criminel et la réinsertion des personnes condamnées au sein de la société.

Par ailleurs, il a indiqué que l’idée de corriger le comportement du détenu a conduit à promouvoir une philosophie de réinsertion sociale, à travers l’acquisition de compétences et de métiers, notant que les études publiées à ce sujet encouragent le recours aux peines alternatives. Et d’ajouter que l’objectif des peines alternatives est d’atteindre les mêmes résultats induits par les peines privatives de liberté.

Pour rappel, la loi n° 43-22 définit en effet les peines alternatives comme des sanctions prononcées en remplacement des peines privatives de liberté pour les délits punis d’une peine d’emprisonnement n’excédant pas cinq ans ferme, retenant quatre catégories, notamment le travail d’intérêt général, la surveillance électronique, la restriction de certains droits ou l’imposition de mesures de contrôle, de soins ou de réhabilitation, ainsi que l’amende journalière.

Le programme de cette rencontre nationale comporte deux sessions scientifiques consacrées, respectivement, au cadre conceptuel des peines alternatives entre texte et jurisprudence, et à la mise en œuvre concrète de ces peines, en mettant l’accent sur les défis pratiques et la complémentarité des rôles institutionnels.

En ce début de semaine, à Skhirat, un colloque national s’est ouvert pour accompagner l’entrée en vigueur imminente de la loi 22.43 relative aux sanctions alternatives. Organisé par la Présidence du ministère public, en coopération avec l’UNICEF, cet événement rassemble juges spécialisés, institutions partenaires et acteurs associatifs pour réfléchir aux meilleures modalités de mise en œuvre de ce nouveau dispositif.

Dans son allocution d’ouverture, Hicham Balaoui, Procureur général du Roi près la Cour de Cassation et Président du Ministère public, a souligné que cette réforme ne se limite pas à une innovation juridique. Elle incarne un changement de paradigme profond en matière de justice juvénile. « Les enfants d’aujourd’hui sont les bâtisseurs du Maroc de demain », a-t-il déclaré, rappelant que la richesse d’une nation se mesure avant tout par la qualité de son capital humain.

Hicham Balaoui a rappelé que « le placement en détention ne devrait intervenir qu’en dernier recours ». Il a mis l’accent sur la nécessité de recourir à des mesures non privatives de liberté comme le travail d’intérêt général, les mesures de réparation ou de suivi, qui permettent à l’enfant de rester dans son environnement naturel tout en bénéficiant d’un accompagnement éducatif.

Il est à noter que cette rencontre nationale sera suivie de forums régionaux afin d’assurer une appropriation progressive et uniforme de la réforme à l’échelle du territoire.

 

H.Z

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Tourisme : Réussir la croissance tout en préservant l’authenticité https://lnt.ma/tourisme-reussir-la-croissance-tout-en-preservant-lauthenticite/ Thu, 24 Jul 2025 14:57:37 +0000 https://lnt.ma/?p=532813 Le Maroc enregistre des performances touristiques historiques, avec 17,4 millions de visiteurs en 2024 et 112 milliards de dirhams de recettes en devises. Une tendance qui se confirme en 2025, avec une hausse de 15 % des arrivées au premier semestre, témoignant de l’attrait croissant du Royaume sur la scène internationale. Des chiffres impressionnants, fruits […]

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Le Maroc enregistre des performances touristiques historiques, avec 17,4 millions de visiteurs en 2024 et 112 milliards de dirhams de recettes en devises. Une tendance qui se confirme en 2025, avec une hausse de 15 % des arrivées au premier semestre, témoignant de l’attrait croissant du Royaume sur la scène internationale.

Des chiffres impressionnants, fruits d’une stratégie nationale ambitieuse. Mais cette réussite soulève un défi de taille : comment préserver l’authenticité des lieux, éviter le ras-le-bol des habitants et contenir le risque de surencombrement qui menace déjà certaines destinations stars du pays ?

Comme certaines grandes destinations européennes, Marrakech voit sa médina mise sous pression par l’afflux massif de touristes.

Locaux évincés par la flambée des loyers, nuisances sonores, pressions sur les ressources, notamment l’eau, de plus en plus rare dans une région semi-aride… L’afflux constant de visiteurs transforme peu à peu l’équilibre de la ville.

Chefchaouen, surnommée « la perle bleue », a vu sa fréquentation exploser, notamment à cause des réseaux sociaux. Résultat : des files de touristes dans des ruelles étroites, une standardisation de l’offre et une forme d’authenticité désormais fragilisée.

En mars 2023 le gouvernement a lancé une feuille de route stratégique 2023–2026 dotée de 6,1 milliards de dirhams, visant à atteindre 17,5 millions de touristes et 120 milliards de recettes d’ici fin 2026. Elle inclut un volet spécifique sur le développement durable : diversification de l’offre, désengorgement des zones saturées, et montée en gamme.

Mais la véritable nouveauté réside dans les mesures prises en 2025. Une série de réglementations environnementales sont entrées en vigueur, parmi lesquelles la loi 52‑21, imposant aux grands hôtels une réduction de 20 % de leur consommation d’énergie d’ici 2030, le décret 3.25‑487, exigeant 70 % de recyclage des déchets et l’interdiction du plastique à usage unique, ainsi que la certification « Eco‑Hotel Maroc », qui remplace progressivement le label Clef Verte, avec des critères renforcés sur la gestion de l’eau, de l’énergie, l’emploi local et l’impact social.

Ces changements s’accompagnent de nouvelles incitations fiscales pour encourager les investissements verts, ainsi que de contrôles et audits qualité anonymes réguliers pour garantir la conformité des établissements touristiques aux normes environnementales renforcées.

 

Écotourisme et communautés locales

En parallèle, le Maroc mise sur le développement de l’écotourisme et du tourisme communautaire, notamment dans les régions de l’Atlas, du Rif et du désert. Des coopératives rurales gèrent des hébergements intégrés à l’environnement, valorisent les produits du terroir, et offrent une alternative à la standardisation touristique.

Les projets du géoparc Jbel Bani dans le Sud marquent également un tournant vers un tourisme plus durable et ancré dans les territoires. Des initiatives pilotes comme Dar Infiane à Tata ou le campement Akka Nait Sidi à Tissint illustrent cette approche, qui mise sur la valorisation du patrimoine naturel et culturel, tout en impliquant les communautés locales. Dans le même esprit, le programme « Go Siyaha » accompagne les PME touristiques dans leur modernisation, tout en adoptant des pratiques durables.

Une diversification est nécessaire !

Le Maroc veut éviter le piège du tourisme de masse mal maîtrisé, qui a provoqué à Barcelone ou Lisbonne une forme de rejet des visiteurs par les habitants. Le défi réside dans un juste équilibre entre développement économique et préservation des équilibres sociaux et environnementaux.

Une des pistes majeures réside dans la décentralisation réelle de l’offre touristique. La côte marocaine s’étend sur plus de 3 000 km, mais reste concentrée sur quelques villes stars comme Agadir ou Essaouira. Pourtant, plusieurs destinations restent en marge, malgré un fort potentiel touristique. Safi par exemple peine à valoriser son artisanat et son littoral pourtant spectaculaire. Larache avec un vestiges historiques et des paysages sauvages, reste peu intégrée aux circuits classiques. Al Hoceïma, malgré son attrait méditerranéen, souffre d’un manque d’infrastructures touristiques. Tétouan, riche d’un patrimoine andalou remarquable, demeure dans l’ombre de Tanger. Quant à Dakhla, malgré une bonne desserte aérienne, son développement touristique reste freiné par un manque d’infrastructures locales et de structuration de l’offre.

Désenclaver ces territoires, améliorer les infrastructures et accompagner les projets locaux permettrait non seulement de désengorger les destinations saturées, mais aussi de créer une croissance plus équilibrée, inclusive et durable.

 

AL

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Smart cities, digitalisation : Promesses et angles morts https://lnt.ma/smart-cities-digitalisation-promesses-et-angles-morts/ Thu, 24 Jul 2025 14:56:44 +0000 https://lnt.ma/?p=532811 Au Maroc, le concept de « ville intelligente » s’est imposé en quelques années comme un horizon stratégique pour répondre aux défis simultanés de la transition démographique, de la durabilité et de la compétitivité économique. Derrière l’intitulé se dessine l’ambition de bâtir des villes où les infrastructures physiques, les réseaux numériques et la participation citoyenne convergent pour […]

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Au Maroc, le concept de « ville intelligente » s’est imposé en quelques années comme un horizon stratégique pour répondre aux défis simultanés de la transition démographique, de la durabilité et de la compétitivité économique. Derrière l’intitulé se dessine l’ambition de bâtir des villes où les infrastructures physiques, les réseaux numériques et la participation citoyenne convergent pour améliorer la qualité de vie tout en optimisant l’usage des ressources. Cette vision, portée par la stratégie nationale « Digital 2030 », fixe des objectifs élevés : plus de cent milliards de dirhams de valeur ajoutée numérique, près d’un quart de million d’emplois créés et la multiplication par dix du nombre de start up. Reste à déterminer dans quelle mesure ces promesses peuvent se traduire en réalisations tangibles et inclusives.

 

Miser sur l’innovation urbaine

Casablanca, première métropole du pays, joue le rôle de laboratoire. Depuis 2016, la ville déploie des capteurs de stationnement, expérimente l’éclairage public intelligent et publie des jeux de données en open data. Au delà de ces pilotes techniques, elle organise chaque année un sommet international consacré aux smart cities, preuve de son ambition de fédérer un écosystème d’investisseurs et de jeunes pousses. Rabat, Tanger et Marrakech poursuivent des trajectoires similaires, misant sur l’innovation urbaine pour fluidifier les transports, réduire la consommation énergétique et moderniser les services administratifs.

La connectivité constitue la colonne vertébrale de cette transformation. Le lancement, cet été, de l’appel d’offres pour la 5G matérialise l’objectif d’une couverture de 25 % de la population en 2026 et de 70 % en 2030, échéance alignée sur l’organisation conjointe de la Coupe du monde de football. Parallèlement, la généralisation de la fibre optique avance : deux co entreprises, FiberCo et TowerCo, ont pour mandat de raccorder trois millions de foyers et d’ériger six mille pylônes télécoms. Ces investissements visent à réduire la fracture numérique et à garantir un débit suffisant pour les services critiques de la ville intelligente, qu’il s’agisse de la télésurveillance, de la gestion des feux de circulation ou de l’e santé.

En théorie, la smart city promet plusieurs gains. Sur le plan administratif, la dématérialisation des procédures accélère l’octroi de permis, réduit la corruption et favorise la transparence. Les municipalités peuvent procéder à une allocation plus fine des ressources grâce à l’analyse en temps réel des flux de circulation, des consommations d’eau ou des niveaux de pollution. Au chapitre économique, l’émergence de quartiers technologiques stimule l’entrepreneuriat local, attire les talents et permet à la ville d’inscrire son nom sur la carte des hubs régionaux de l’innovation. Sur le versant environnemental, l’optimisation énergétique et le recours à la mobilité douce devraient contribuer à l’atteinte des objectifs climatiques fixés par le Royaume.

 

Des angles morts persistants

Cependant, ces promesses s’accompagnent d’angles morts qui menacent de creuser de nouvelles inégalités. Le premier tient à la fracture numérique persistante : dans les périphéries, l’accès à la connexion haut débit demeure irrégulier et coûteux, et les compétences numériques restent limitées parmi les populations à faibles revenus ou les seniors. Sans accompagnement ciblé, la dématérialisation des services risque d’exclure ceux qui ont justement le plus besoin de services publics accessibles. Le deuxième angle mort est financier : nombre de plateformes digitales déployées en mode pilote peinent à trouver un modèle économique pérenne une fois amputées des subventions initiales. Les collectivités doivent dès lors arbitrer entre innovation et soutenabilité budgétaire.

À ces défis s’ajoute la question essentielle de la gouvernance des données. Les flux d’information générés par les capteurs urbains représentent une ressource stratégique pour améliorer la prise de décision. Leur gestion soulève néanmoins des interrogations : qui en est propriétaire ? Comment garantir leur sécurité face aux cyber attaques ? Comment assurer la transparence et la protection de la vie privée ? Les cadres juridiques existants ne couvrent pas toujours la circulation de données en temps réel, ce qui complique la définition de standards partagés et la mise en place de mécanismes de confiance. Sans un cadre clair, le risque est grand de voir les données exploitées de façon opaque, minant la légitimité même des projets de ville intelligente.

Le quatrième point de vigilance concerne la participation citoyenne. Si la technologie offre d’indéniables leviers pour fluidifier la relation entre l’administration et l’usager, elle ne remplace pas le débat public. Les plateformes participatives, encore embryonnaires, doivent évoluer vers des dispositifs où les habitants deviennent co concepteurs des politiques urbaines, davantage qu’utilisateurs passifs d’applications mobiles. Cela suppose de repenser les processus de concertation, de renforcer l’éducation numérique et de traduire les contributions des citoyens en actions visibles. Faute de quoi, l’impression d’une ville gouvernée par algorithmes et experts pourrait susciter méfiance et désengagement.

 

La question de la souverainté

Enfin, la cybersécurité se pose comme un enjeu de souveraineté. La multiplication des objets connectés accroît la surface d’attaque potentielle : un incident sur le réseau électrique intelligent ou le système de signalisation des tramways aurait un impact direct sur la vie quotidienne. Les autorités ont amorcé la création d’un centre national de cybersécurité urbaine, mais la pénurie de compétences spécialisées et la constante évolution des menaces exigent une feuille de route robuste et des partenariats internationaux continus.

En définitive, la marche marocaine vers la ville intelligente est pleine de promesses, mais son succès dépendra d’une approche résolument inclusive et régulée. Il s’agira, d’un côté, de soutenir l’innovation technologique, de capitaliser sur le dynamisme des start up et d’attirer les capitaux nécessaires ; de l’autre, d’assurer que chaque citoyen, quel que soit son quartier ou son niveau de revenus, puisse accéder à ces nouveaux services et y trouver un bénéfice concret. Autrement dit, la ville ne sera véritablement « intelligente » que si l’intelligence collective — civique, sociale et environnementale — accompagne la révolution numérique en cours.

 

SB

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Urbanisme et logement : Où en est-on de la ville durable ? https://lnt.ma/urbanisme-et-logement-ou-en-est-on-de-la-ville-durable/ Thu, 24 Jul 2025 14:56:24 +0000 https://lnt.ma/?p=532809 Au tournant de la décennie 2020, la « ville durable » est devenue l’un des mantras des politiques publiques marocaines. Derrière l’expression, deux objectifs se conjuguent : répondre à une demande accrue en logement et façonner des espaces urbains sobres en ressources, capables de résister aux pressions climatiques. Quinze ans après l’adoption de la Stratégie nationale de développement […]

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Au tournant de la décennie 2020, la « ville durable » est devenue l’un des mantras des politiques publiques marocaines. Derrière l’expression, deux objectifs se conjuguent : répondre à une demande accrue en logement et façonner des espaces urbains sobres en ressources, capables de résister aux pressions climatiques. Quinze ans après l’adoption de la Stratégie nationale de développement durable et de la Charte de l’environnement, la transition urbaine du Royaume révèle des avancées notables, mais aussi des fractures tenaces.

Premier indicateur de maturité : la couverture réglementaire. Près de neuf communes sur dix disposent désormais de documents d’urbanisme opposables. Cette généralisation, saluée par les agences urbaines lors de leurs conseils d’administration de 2024 et 2025, constitue un socle pour maîtriser l’expansion des villes tout en articulant densité maîtrisée, mixité fonctionnelle et protection des espaces naturels. Elle ne suffit toutefois pas à régler la question de la gouvernance : la dispersion des compétences entre communes, agences et sociétés de développement local entretient une mosaïque d’approches qui ralentit souvent la mise en œuvre des projets durables.

La mobilité concentre l’un des principaux gisements de progrès. Responsable d’un quart des émissions nationales de CO₂, le transport urbain fait l’objet d’une charte en cours d’élaboration qui devrait fixer, d’ici à 2026, un cadre national commun pour les réseaux propres et inclusifs. Les tramways de Rabat Salé et de Casablanca, bientôt rejoints par des lignes de bus à haut niveau de service dans plusieurs métropoles, montrent la voie. Mais le maillage reste insuffisant : une ville durable n’existe que si les quartiers périphériques disposent d’une desserte fiable, ce qui n’est pas encore le cas dans de nombreuses agglomérations secondaires.

Côté habitat, la prise en compte des performances énergétiques reste balbutiante. De nouvelles normes thermiques et des subventions écologiques devraient entrer en vigueur à l’horizon 2025, avec des incitations fiscales et des crédits bonifiés pour les promoteurs qui intègrent isolation renforcée, équipements solaires et matériaux bas carbone. Les professionnels, toutefois, redoutent un surcoût de construction évalué entre sept et douze pour cent, difficile à absorber pour les segments destinés aux ménages à revenu moyen ou modeste. Sans accompagnement financier ciblé, le risque est de voir l’habitat durable cantonné à une clientèle aisée, alors même que la transition énergétique vise l’inclusion.

La sensibilisation du grand public reste donc un chantier majeur. Une conférence organisée à Rabat en juillet 2025 soulignait que l’habitat vert demeure l’apanage d’une minorité de ménages informés et solvables. Ses participants plaidaient pour un label énergétique clair, facilement lisible, et pour la mise en place de mécanismes de garantie afin d’étaler sur la durée le surcoût initial d’un logement économe. Sans cette pédagogie financière, la demande risquera de rester timide, limitant l’effet d’entraînement sur la filière.

Malgré ces contraintes, certains signaux positifs émergent. Casablanca voit fleurir des programmes résidentiels qui généralisent les toits végétalisés, intègrent des parcs linéaires capables d’atténuer les îlots de chaleur et recourent à la récupération des eaux pluviales. À Agadir, la requalification de friches industrielles démontre qu’il est possible de densifier sans étendre l’empreinte urbaine, à condition de lever les freins réglementaires et de clarifier le partage des coûts entre promoteurs privés et collectivités pour les équipements publics.

Le foncier constitue en effet un levier central. Les terrains militaires désaffectés, les friches portuaires et les dents creuses représentent un gisement important pour limiter l’étalement. Plusieurs études pilotes ont évalué ce potentiel et recommandé de taxer plus fortement le stockage spéculatif des parcelles non bâties, tout en offrant des abattements à ceux qui recyclent les surfaces déjà artificialisées. La mesure suscite des réticences, mais elle gagnerait à être testée dans les grandes métropoles où la pression foncière est la plus forte.

La ville durable impose, enfin, une gouvernance resserrée. La Revue de la politique urbaine nationale du Maroc publiée en 2024 pointe l’absence d’indicateurs environnementaux publics et harmonisés pour évaluer les performances des grandes agglomérations. Elle recommande de consolider la hiérarchie des plans et d’intégrer systématiquement les objectifs climatiques dans les schémas régionaux d’aménagement. Sans cadre d’évaluation partagé, difficile de hiérarchiser les priorités ni d’allouer les budgets nécessaires à la transition.

En somme, le Maroc dispose de bases solides : une planification presque généralisée, un mouvement naissant vers des réseaux de transport propres et un arsenal réglementaire en préparation pour l’immobilier vert. Mais l’écart reste perceptible entre l’ambition annoncée et la réalité des chantiers : surcoût des logements performants, gouvernance encore fragmentée, lente diffusion des innovations. La décennie qui s’ouvre sera décisive. D’ici à 2035, densifier les centres, massifier les réseaux de mobilité propres et démocratiser les bâtiments à faible empreinte carbone deviendront autant de conditions pour que la « ville durable » quitte le registre du slogan et s’impose comme la nouvelle matrice du développement urbain marocain.

 

SB

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Logement social : Durable pour qui, et jusqu’à quand ? https://lnt.ma/logement-social-durable-pour-qui-et-jusqua-quand/ Thu, 24 Jul 2025 14:55:51 +0000 https://lnt.ma/?p=532807 Depuis plus de quinze ans, le Maroc fait de l’accès au logement un pilier de sa politique sociale. Entre le programme à 140 000 dirhams lancé en 2007 et celui plafonné à 250 000 dirhams instauré en 2010, près de 680 000 unités ont été livrées à fin 2024, ce qui a permis de réduire sensiblement le déficit résidentiel, passé d’un million […]

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Depuis plus de quinze ans, le Maroc fait de l’accès au logement un pilier de sa politique sociale. Entre le programme à 140 000 dirhams lancé en 2007 et celui plafonné à 250 000 dirhams instauré en 2010, près de 680 000 unités ont été livrées à fin 2024, ce qui a permis de réduire sensiblement le déficit résidentiel, passé d’un million d’unités au début des années 2000 à environ 400 000 aujourd’hui. Derrière ces chiffres positifs, la question de la durabilité — sociale, économique et environnementale — demeure entière.

Sur le plan social, le modèle fondé sur des abattements fiscaux en faveur des promoteurs n’a pas toujours profité aux ménages les plus vulnérables. De nombreux projets ont été implantés en périphérie des villes, souvent éloignés des transports et des services essentiels, alourdissant ainsi les dépenses quotidiennes des familles modestes. Dans le même temps, le pays compte plus d’un million de logements vacants, signe que l’adéquation entre l’offre produite et la demande solvable reste imparfaite. Ces décalages contribuent à maintenir un déficit qui, malgré les efforts, avoisine encore le demi million d’unités, tandis que les prix continuent de grimper dans les grandes métropoles.

Pour corriger ces déséquilibres, le gouvernement a tourné la page des incitations uniquement destinées aux promoteurs et a inauguré, en janvier 2024, une aide directe aux acquéreurs baptisée « Dâam Sakane ». Ce dispositif, prévu jusqu’en 2028, offre 100 000 dirhams pour l’achat d’un bien dont le prix ne dépasse pas 300 000 dirhams, ou 70 000 dirhams pour un logement compris entre 300 000 et 700 000 dirhams. L’engouement a été immédiat : plus de 110 000 demandes ont été déposées la première année, dont près d’un tiers émanait de jeunes ménages et plus d’un quart de Marocains résidant à l’étranger. À la fin de 2024, quelque 35 000 bénéficiaires avaient déjà perçu leur subvention, mobilisant une enveloppe budgétaire proche de quatre milliards de dirhams. L’État privilégie désormais la demande pour stimuler l’offre, espérant que la concurrence maintiendra les prix à un niveau raisonnable.

La durabilité économique de cette stratégie n’est néanmoins pas garantie. D’un côté, le soutien direct redonne de la visibilité aux promoteurs, rassurés par une demande solvable. De l’autre, le risque d’une spirale inflationniste plane : si l’aide relève la capacité d’achat sans maîtriser les coûts du foncier ni encadrer les marges, les prix pourraient repartir à la hausse, rognant le pouvoir d’achat des ménages et réduisant la portée sociale de la mesure. Par ailleurs, la soutenabilité budgétaire du programme interroge : à l’horizon 2028, l’enveloppe totale pourrait dépasser 20 milliards de dirhams si le rythme actuel se maintient, un effort qui devra être arbitré face à d’autres priorités sociales.

La dimension environnementale ajoute une couche supplémentaire de complexité. Alors que le Maroc s’est engagé sur la voie de la décarbonation, le parc social reste dominé par des constructions à forte intensité énergétique. Quelques initiatives positives émergent — ateliers sur l’efficacité énergétique et premiers logements à énergie positive — mais elles demeurent embryonnaires. L’adoption obligatoire d’un code thermique a été repoussée à plusieurs reprises, et l’argument du surcoût dissuade encore de nombreux opérateurs. Sans incitations claires, comme des prêts verts ou une TVA réduite sur les matériaux isolants, les gains resteront marginaux.

La durabilité urbaine pose également la question de la localisation des nouvelles opérations. Les programmes antérieurs ont trop souvent privilégié des terrains périphériques bon marché, générant des cités dortoirs mal connectées aux bassins d’emploi. La stratégie actuelle met en avant le recyclage des friches et la densification des poches urbaines, mais le coût du foncier dans les centres reste prohibitif pour les segments visés. De plus, l’urbanisme circulaire exige des infrastructures collectives : écoles, transports, espaces verts. Or la répartition des responsabilités entre promoteurs, communes et régies demeure floue, ce qui retarde la livraison des équipements et nourrit l’insatisfaction des habitants.

La question « Durable pour qui ? » trouvera sa réponse dans la capacité à conjuguer trois agendas. D’abord, l’équité : il s’agit de cibler réellement les ménages à revenus modestes et de sécuriser leur pouvoir d’achat sur la durée. Ensuite, la viabilité économique : l’équilibre financier des acteurs doit être préservé sans renchérir artificiellement les prix. Enfin, la transition verte : imposer des standards énergétiques réalistes, couplés à un accompagnement financier adapté. À défaut, le programme risque de reproduire les mêmes fragilités qu’hier et de voir son impact s’éroder bien avant 2028.

Des marges de manœuvre existent pourtant. Une fiscalité différenciée sur le foncier vacant pourrait libérer de nouvelles assiettes, tandis qu’une taxation des logements inoccupés encouragerait leur mise sur le marché. La facilitation des baux long terme au profit d’offices publics, ou encore la mise en place de partenariats public privé pour verdir les matériaux de construction, permettraient d’avancer. À court terme, il sera crucial de consolider le suivi du programme d’aide directe, d’évaluer son impact réel sur les prix et de corriger les effets d’aubaine. À plus long terme, la durabilité du logement social marocain dépendra de la capacité collective à construire non seulement des toits, mais aussi des quartiers vivants, sobres en énergie et inclusifs. C’est à ce prix que l’ambition d’un habitat abordable, digne et pérenne pourra cesser d’être un slogan pour devenir un acquis.

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BTP au Maroc, un secteur face à l’impératif d’une modernisation rapide https://lnt.ma/btp-au-maroc-un-secteur-face-a-limperatif-dune-modernisation-rapide/ Thu, 24 Jul 2025 14:55:32 +0000 https://lnt.ma/?p=532805 Le bâtiment et les travaux publics au Maroc se trouvent aujourd’hui au cœur d’une dynamique exceptionnelle : reconstruction des zones sinistrées d’Al Haouz, extension de la Ligne à grande vitesse vers Marrakech, chantiers hydrauliques d’envergure, préparation des infrastructures sportives pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. L’ampleur de ces programmes place le secteur dans une position […]

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Le bâtiment et les travaux publics au Maroc se trouvent aujourd’hui au cœur d’une dynamique exceptionnelle : reconstruction des zones sinistrées d’Al Haouz, extension de la Ligne à grande vitesse vers Marrakech, chantiers hydrauliques d’envergure, préparation des infrastructures sportives pour la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. L’ampleur de ces programmes place le secteur dans une position stratégique sans précédent, tout en révélant deux faiblesses structurelles : la pénurie de ressources humaines qualifiées et la nécessité d’adopter des procédés de construction plus performants et durables.

L’indicateur le plus parlant reste celui des livraisons de ciment : plus de six millions de tonnes ont été écoulées à fin mai 2025, soit une progression annuelle de 9,5 %. Cette croissance confirme une reprise robuste, soutenue à la fois par la commande publique et le retour graduel de l’investissement privé. Les segments du béton prêt à l’emploi et de la préfabrication, en hausse de 22 % et 18 % respectivement, suggèrent par ailleurs un recours accru à des procédés industrialisés pour accélérer les délais et renforcer la qualité des ouvrages.

En parallèle, le marché du travail entre en surchauffe. Du maçon au conducteur de travaux, la rareté de profils qualifiés alimente une inflation salariale à double tranchant : elle améliore le pouvoir d’achat des ouvriers mais fait exploser les coûts de production. Dans certaines régions, la journée d’un maçon qualifié se négocie désormais autour de 300 dirhams, alors qu’elle frôlait 150 dirhams il y a encore un an. Les entreprises les plus exposées sont celles qui se partagent les grands chantiers stratégiques, où les calendriers sont serrés et les exigences techniques élevées. Faute de main d’œuvre habituée à des projets complexes, les retards s’accumulent et les marges se contractent.

 

Des compétences qui manquent

Ce déséquilibre tient autant à la démographie des compétences qu’aux mutations technologiques du secteur. Les projets en cours exigent la maîtrise de la modélisation numérique (BIM), de la préfabrication lourde, des normes de décarbonation ou encore des méthodes de gestion de projets intégrées. Or seule une fraction de la main d’œuvre actuelle est familière de ces outils. Les bureaux d’études et les laboratoires manquent d’ingénieurs spécialisés, tandis que les entreprises de travaux peinent à retenir les profils intermédiaires, d’où la tentation de recrute¬¬ments éclairs chez le voisin ou de recourir aux travailleurs étrangers pour les tâches les plus urgentes.

Pour répondre à cette pénurie, l’État et les professionnels ont engagé plusieurs leviers. Les Cités des Métiers et des Compétences, en cours de déploiement dans les douze régions du Royaume, doivent garantir un flux régulier d’ouvriers et de techniciens spécialisés, dotés de connaissances en numérique et en pratiques écoresponsables. Dans le même esprit, l’Institut de formation aux métiers du BTP de Fès, opérationnel depuis 2023, forme chaque année 600 jeunes dans dix filières couvrant le génie civil, la topographie ou encore la gestion de laboratoire. Quatre autres instituts, placés sous la tutelle du ministère de l’Équipement et de l’Eau, complètent le réseau de formation, tandis qu’un cinquième est en gestation à Laâyoune pour accompagner l’essor économique du Sud.

Cependant, la formation initiale ne suffit pas. Les fédérations professionnelles invitent les entreprises à créer leurs propres académies internes afin d’accompagner la montée en compétence continue de leurs équipes. Des dispositifs de co investissement public privé sont également à l’étude pour alléger le coût de la formation continue, et un travail de simplification administrative est enclenché afin de réduire les délais de validation des programmes pédagogiques ou de reconnaissance des certifications.

 

Moderniser le matériel

La modernisation du parc matériel constitue l’autre maillon essentiel. Les gros chantiers deviendront vite intenables si les engins tombent en panne faute de maintenance ou si la chaîne logistique ne suit pas. Les entreprises sont ainsi encouragées à renouveler leurs flottes – parfois vieillissantes – et à structurer des ateliers de maintenance performants. De même, l’accès à certains matériaux critiques reste délicat ; la révision des cahiers des charges pour intégrer des ressources locales, le recyclage sur site et l’industrialisation de l’assemblage devraient atténuer les tensions d’approvisionnement.

Sur le plan financier, la huitième Journée d’information sur les marchés publics BTP, organisée en avril 2025, a dévoilé la programmation 2025 2030 des appels d’offres des ministères de l’Équipement, de l’Eau et des Transports. Cette visibilité permet aux entreprises de planifier leurs investissements et de se préparer aux exigences de durabilité fixées par le nouveau modèle de développement : généralisation du BIM, réduction de l’empreinte carbone, gestion raisonnée des ressources hydriques et renforcement de la sécurité sur les chantiers.

La préférence nationale, soutenue par les autorités, vise également à consolider l’écosystème local. Les grandes sociétés marocaines de travaux publics se sont déjà illustrées sur des chantiers complexes en Afrique et au Moyen Orient. Mais l’urgence et la complexité des projets à livrer d’ici 2030 supposent une gouvernance irréprochable, des décisions administratives rapides et des financements sécurisés pour éviter les ruptures de trésorerie. La profession milite, dans ce sens, pour un règlement plus prompt des situations travaux, l’adoption de barèmes d’actualisation des prix plus transparents et la mise en place de lignes de crédit adaptées à la taille des PME.

Enfin, le secteur doit améliorer son attractivité auprès des jeunes. Longtemps perçu comme physiquement pénible, il dispose désormais d’arguments liés à la transition numérique, à la construction durable et aux carrières internationales. Pour capitaliser sur ces atouts, les acteurs misent sur des campagnes de communication ciblées, des passerelles de reconversion et des partenariats universitaires axés sur la recherche appliquée. Les compétences comportementales – leadership, gestion du stress, travail d’équipe – deviennent tout aussi cruciales que la maîtrise du ferraillage ou du béton armé.

 

SB

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Le territoire à grande vitesse: Entre ambition et viabilité https://lnt.ma/le-territoire-a-grande-vitesse-entre-ambition-et-viabilite/ Thu, 24 Jul 2025 14:54:47 +0000 https://lnt.ma/?p=532803 Le 24 avril 2025, depuis la gare de Rabat Agdal, le roi Mohammed VI a donné le coup d’envoi officiel de la ligne à grande vitesse (LGV) Kénitra Marrakech : 430 km de voies nouvelles conçues pour 350 km/h. Chiffré à 53 milliards de dirhams pour l’infrastructure et intégré à un programme ferroviaire global de 96 milliards, le projet doit être opérationnel avant […]

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Le 24 avril 2025, depuis la gare de Rabat Agdal, le roi Mohammed VI a donné le coup d’envoi officiel de la ligne à grande vitesse (LGV) Kénitra Marrakech : 430 km de voies nouvelles conçues pour 350 km/h. Chiffré à 53 milliards de dirhams pour l’infrastructure et intégré à un programme ferroviaire global de 96 milliards, le projet doit être opérationnel avant la Coupe du monde 2030 que le Maroc co organisera avec l’Espagne et le Portugal. L’objectif est double : raccourcir les distances dans un pays continental et soutenir une mobilité de masse décarbonée.

Cette accélération s’appuie sur un précédent devenu vitrine : Al Boraq, première LGV d’Afrique, mise en service commerciale en 2018 entre Tanger et Kénitra puis prolongée sur voie classique vers Rabat et Casablanca. Elle a réduit de façon spectaculaire les temps de parcours, divisant par plus de deux le trajet Tanger Casablanca, et dopé la fréquentation : l’Office national des chemins de fer (ONCF) fait état d’une hausse de près de 80 % de voyageurs depuis 2019 sur le segment grande vitesse, tandis que plus de 55 millions de passagers ont pris le train tous services confondus en 2024.

 

Un saut s’échelle

L’extension Kénitra Marrakech vise un saut d’échelle territorial. Elle desservira Rabat, Casablanca et leurs aéroports — y compris une future desserte rapide Rabat aéroport Mohammed V en 35 minutes — et abaissera drastiquement les temps inter villes : Tanger Marrakech tournant autour de 2 h 40 (contre plus de 5 h aujourd’hui), Rabat Marrakech environ 1 h 40 et Casablanca Marrakech près d’1 h 15. La mise en service commerciale est attendue pour novembre 2029, en amont des grands rendez vous sportifs.

Le calendrier reste serré. Sur les 3 500 hectares nécessaires, près de 300 km de tracé avaient déjà été libérés fin mai 2025, le foncier représentant environ 4 milliards de dirhams inclus dans l’enveloppe infrastructurelle. Les essais dynamiques doivent se dérouler en deux temps : d’abord Kénitra Casablanca, puis Casablanca Marrakech, avant une ouverture générale fin 2029 si le séquencement des lots de génie civil et d’équipement est tenu.

Le matériel roulant constitue l’autre pilier du pari marocain. Un paquet de 168 trains a été engagé : 18 rames à grande vitesse Avelia Horizon d’Alstom financées par un prêt français de 781 millions d’euros, 40 trains inter cités fournis par l’espagnol CAF et 110 trains urbains ou métropolitains par Hyundai Rotem, l’ensemble représentant 29 milliards de dirhams. Le programme inclut une montée en intégration locale supérieure à 40 % et la création d’une co entreprise de maintenance destinée à structurer un écosystème ferroviaire national sur dix ans.

 

Réorganiser les mobilités

Au delà de la vitesse, la stratégie vise la réorganisation des mobilités quotidiennes. En transférant les trains rapides sur la nouvelle LGV, l’ONCF libère de la capacité sur le réseau classique pour déployer des transports métropolitains de proximité (TMP/RER) autour des aires de Casablanca, Rabat et Marrakech, alléger la congestion routière chronique et sécuriser l’accès aux hubs aéroportuaires — un enjeu crucial à l’approche du Mondial. Le rail demeure en outre la composante la moins carbonée du transport national, représentant moins d’un demi pour cent des émissions de gaz à effet de serre du pays, ce qui renforce l’argument environnemental de la bascule modale.

Cette approche s’inscrit dans une vision de long terme. Le « Plan ferroviaire 2040 » prévoit 1 300 km supplémentaires de lignes à grande vitesse, 3 800 km de voies classiques nouvelles et l’extension du service de 23 à 43 villes — soit 87 % de la population — tout en connectant davantage de ports et d’aéroports stratégiques. Ces orientations, rappelées à plusieurs reprises par les autorités et les bailleurs de fonds, donnent l’échelle de l’intégration territoriale recherchée.

Reste la question centrale de la viabilité financière. Aux 96 milliards de dirhams du paquet lancé en avril s’ajoutent les besoins d’investissement programmés par l’ONCF (près de 9,8 milliards sur 2025 2027 hors Mondial) et un plan de développement ferroviaire lié aux préparatifs 2030 évalué à 87 milliards, dont l’acquisition du matériel roulant pour les dessertes grande vitesse, inter cités et RER. L’Office affiche déjà un endettement significatif — un peu plus de 43 milliards de dirhams fin 2024 — et recherche des financements concessionnels, Banque africaine de développement en tête, tandis que l’expérience Al Boraq a montré la capacité du Maroc à contenir ses coûts unitaires de construction sous les standards européens comparables.

En définitive, l’équation « ambition contre viabilité » repose sur trois leviers : calibrer la cadence des travaux pour tenir l’échéance 2029 sans surcoûts ; densifier la demande, tant longue distance que métropolitaine, afin d’améliorer les recettes d’exploitation ; et maximiser les retombées industrielles locales pour alléger la facture en devises. Si ces conditions sont réunies, la grande vitesse pourrait faire du corridor atlantique marocain un véritable territoire en réseau, où Rabat, Casablanca et Marrakech fonctionneraient comme un système urbain continu.

 

Selim Benabdelkhalek

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Projets solaires et éoliens, la course à l’énergie verte des industries https://lnt.ma/projets-solaires-et-eoliens-la-course-a-lenergie-verte-des-industries/ Thu, 24 Jul 2025 14:54:24 +0000 https://lnt.ma/?p=532801 Au cours des cinq dernières années, la politique énergétique marocaine a pris une nouvelle dimension : il ne s’agit plus seulement d’atteindre 52 % de capacités renouvelables à l’horizon 2030, mais de bâtir un système capable d’alimenter un tissu industriel en pleine expansion, tout en réduisant une facture d’importations fossiles qui pèse encore lourdement sur la balance […]

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Au cours des cinq dernières années, la politique énergétique marocaine a pris une nouvelle dimension : il ne s’agit plus seulement d’atteindre 52 % de capacités renouvelables à l’horizon 2030, mais de bâtir un système capable d’alimenter un tissu industriel en pleine expansion, tout en réduisant une facture d’importations fossiles qui pèse encore lourdement sur la balance commerciale. La transition repose essentiellement sur deux piliers — le soleil et le vent — dont la montée en puissance reconfigure déjà les chaînes de valeur productives du Royaume.

Le volet solaire, piloté de longue date par l’agence Masen, s’appuie toujours sur la vitrine emblématique du complexe Noor Ouarzazate (580 MW), mais l’avenir se joue désormais autour de projets hybrides plus flexibles. Le plus emblématique est Noor Midelt, combinaison de photovoltaïque, de solaire thermodynamique et de grands systèmes de stockage, attendu pour 2026 avec une puissance de 800 MW. Parallèlement, des centrales photovoltaïques de taille moyenne se multiplient près des zones industrielles : plusieurs lots totalisant 400 MW ont été validés pour sécuriser l’approvisionnement électrique des bassins miniers de Khouribga et Youssoufia, tandis que des développeurs privés conçoivent des parcs « sur mesure » destinés à la chimie, au textile ou à l’agroalimentaire. La réforme successive de la loi sur les énergies renouvelables, qui autorise l’autoproduction et l’injection de surplus sur le réseau moyenne tension, a ouvert la voie à ces initiatives.

Le pionnier industriel dans cette dynamique reste, sans conteste, le groupe OCP. Décidé à couvrir l’ensemble de ses besoins électriques par des sources vertes dès 2027, le géant des phosphates construit une grappe d’installations solaires et éoliennes excédant un gigawatt autour de ses complexes de Jorf Lasfar, Safi et Laâyoune. Au delà de l’alimentation des broyeurs et des unités d’acide phosphorique, cette électricité bas carbone devrait décarboner la production d’ammoniac vert, condition sine qua non pour commercialiser des engrais à faible empreinte climatique sur des marchés de plus en plus exigeants.

L’autre levier majeur, l’éolien, a franchi un cap avec les mises en service successives des parcs de Tarfaya (300 MW) et d’Aftissat (200 MW, en cours d’extension à 370 MW). D’ici fin 2024, la puissance installée dans le vent devrait dépasser 2 300 MW grâce à l’entrée en production de Boujdour et aux repowerings de Koudia Al Baida et Jbel Lahdid. Ces fermes côtières, connectées par des lignes 400 kV vers Casablanca et Tanger, sécurisent déjà l’approvisionnement continu de gros consommateurs comme Maghreb Steel ou Cosumar, réduisant leur exposition à la volatilité des prix de l’électricité conventionnelle.

Au delà des projets publics, les achats d’électricité verte à long terme, ou « corporate PPA », progressent rapidement. Ciments du Maroc mettra en service cette année deux parcs solaires totalisant quarante mégawatts près de ses usines de Safi et d’Aït Baha, ambitionnant de couvrir 70 % de sa consommation dès 2027. Le secteur cimentier, particulièrement émetteur, suit l’exemple de LafargeHolcim Maroc, déjà alimenté depuis 2015 par une ferme éolienne dédiée à Tétouan et engagé dans de nouveaux contrats pour verdir l’énergie de ses fours. La logique gagne aussi l’automobile : l’usine Renault de Tanger, certifiée neutre en carbone pour ses opérations directes, s’appuie sur l’électricité éolienne et hydroélectrique du réseau, tandis que Stellantis à Kénitra et l’équipementier Yazaki à Meknès étudient des accords directs avec des producteurs privés pour rester compétitifs face aux futurs mécanismes d’ajustement carbone européens.

À moyen terme, les mégaprojets orientés vers l’export pourraient peser presque autant que la demande nationale. Le plus ambitieux, Xlinks, prévoit un complexe solaire éolien de 10,5 GW dans la région de Guelmim, adossé à vingt gigawatt heures de stockage et connecté au Royaume Uni par un câble sous marin record de 3 800 kilomètres. Bien que le projet recherche encore la structure tarifaire qui le rendra viable, il illustre le potentiel du Sahara marocain pour fournir une électricité compétitive au nord de la Méditerranée.

Cette montée en puissance exige toutefois des infrastructures électriques adaptées à des injections intermittentes grandissantes. L’Office national de l’électricité planche sur une boucle 400 kV Sud Nord, destinée à relier la péninsule de Dakhla aux pôles industriels du littoral, tandis que l’autorité de régulation de l’électricité prépare un code de réseau compatible avec les nouvelles injections privées. Les besoins de financement sont colossaux : la Banque mondiale évalue à plus de quatre milliards de dollars les investissements requis dans la transmission haute tension d’ici 2030, hors dépenses pour les installations de stockage par pompage ou batteries que Masen souhaite déployer à Ouarzazate et Midelt.

Sur le plan économique, l’effet d’entraînement commence déjà à se faire sentir. Les installateurs solaires recrutent massivement des techniciens, les fabricants de structures métalliques s’implantent autour de Berrechid et les chantiers navals de Nador modifient leurs quais pour embarquer d’énormes pales éoliennes destinées aux futures fermes du Sud. La filière locale reste toutefois fragile face à la concurrence asiatique et réclame un mécanisme de contenu minimum local pour capter davantage de valeur ajoutée.

Reste la question déterminante des tarifs. Les appels d’offres ont déjà fait chuter le coût du solaire sous cinq centimes de dollar le kilowatt heure, tandis que l’éolien oscille autour de trois centimes. Les industriels ne bénéficieront pleinement de ces prix que si les lignes directes et les contrats privés se généralisent. Les premiers retours d’expérience indiquent pourtant déjà des baisses d’environ 20 % sur la facture électrique pour les acheteurs engagés dans un PPA vert, avantage décisif pour des secteurs intensifs comme la chimie, la métallurgie ou la cimenterie.

La réussite de tous ces chantiers dépendra toutefois de trois conditions : une régulation agile, des infrastructures de transport construites à temps et une formation technique à la hauteur des ambitions.

 

SB

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Eau, climat, environnement Ces nouvelles batailles locales… https://lnt.ma/eau-climat-environnement-ces-nouvelles-batailles-locales/ Thu, 24 Jul 2025 14:53:49 +0000 https://lnt.ma/?p=532799 Tout récemment, le groupe OCP a mis en service un pipeline reliant la station de dessalement de Jorf Lasfar au site minier de Khouribga, sur une distance de plus de 200 kilomètres. Objectif : couvrir l’ensemble des besoins en eau conventionnelle du Groupe OCP sur le site minier de Khouribga, en plus de l’eau utilisée […]

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Tout récemment, le groupe OCP a mis en service un pipeline reliant la station de dessalement de Jorf Lasfar au site minier de Khouribga, sur une distance de plus de 200 kilomètres. Objectif : couvrir l’ensemble des besoins en eau conventionnelle du Groupe OCP sur le site minier de Khouribga, en plus de l’eau utilisée pour le transfert de la pulpe de phosphate par pipeline. Le coût du projet s’élève à 5 MMDH. Un pas décisif pour la souveraineté hydrique du pays !

Concrètement, ce projet de transfert d’eau dessalée relie la station de Jorf Lasfar au bassin de Khouribga, qui abrite la plus grande mine de phosphates au monde via un pipeline de 203 km permettant le transfert d’une capacité d’eau dessalée de 80 millions de m³ par an. Il permettra d’atteindre l’autonomie pour les besoins industriels de la mine de Khouribga, tout en assurant l’approvisionnement de la ville en eau potable et en soutenant les projets agricoles de la région en eau d’irrigation… et devrait permettre d’économiser 80% des ressources en eau issues des barrages.

La stratégie d’OCP avait pour objectif d’atteindre une autonomie totale en eau non conventionnelle d’ici 2027. Cet objectif a été atteint avec deux ans d’avance, dit-on auprès d’OCP pour qui ce pipeline d’eau dessalée symbolise l’aboutissement de ce processus, en acheminant l’eau dessalée depuis la côte atlantique jusqu’aux zones intérieures pour alimenter les installations d’OCP en eau non conventionnelle, tout en réservant une partie de cette ressource pour alimenter les populations locales en eau potable à l’avenir.

Sur ce point, il est quand même important de préciser qu’en 2022, le Groupe OCP a été sollicité par l’État pour participer à la réponse à l’urgence hydrique qui touche le pays depuis 2018. En moins de trois ans, le programme OCP Green Water a permis d’approvisionner en eau potable les villes de Safi, El Jadida, puis Casablanca Sud. Avec l’entrée en service du pipeline Jorf–Khouribga (J2K), Khouribga bénéficiera à son tour, dans une deuxième phase, de cette eau dessalée pour répondre à ses besoins en eau potable, en complément de ses besoins miniers.

Parallèlement, OGW annonce l’entrée en service, depuis le 15 juin 2025, du pipeline d’alimentation du site minier de Gantour (Benguerir-Youssoufia) par des eaux usées traitées, transférées depuis la station de traitement des eaux usées (STEP) de Marrakech. Ce projet structurant a été réalisé en moins d’un an,

un temps record, grâce à une collaboration étroite avec le ministère de l’Intérieur et la Société Régionale de l’Eau (SRM) de la Région Marrakech–Safi.

L’eau traitée est acheminée sur plus de 80 km pour atteindre le site minier de Gantour, qui devient ainsi totalement autonome en eau non conventionnelle.

Le prochain jalon de cette stratégie sera la mise en service, dès 2026, du pipeline Safi–Gantour (S2G), qui reliera la nouvelle station de dessalement de Safi, en cours de réalisation, aux nouvelles plateformes industrielles et minières de Mzinda, Benguerir et Louta, tout en assurant l’approvisionnement en eau potable de la ville de Benguerir. Idem pour Marrakech et Youssoufia dont l’alimentation en eau potable sera assurée, comme convenu avec les pouvoirs publics, à partir de la nouvelle station de dessalement OCP Green Water de Safi, via une autre conduite reliant Safi et Marrakech, en cours de réalisation

par la SRM-MS.

Sur le plan étatique, le Maroc a fait le choix stratégique de diversifier ses sources d’approvisionnement en eau. Aux côtés des grands barrages, le pays s’est résolument investi dans le développement des ressources non conventionnelles, en particulier le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées particulièrement pour l’arrosage des espaces verts et quelques utilisations industrielles.

Notre pays dispose aujourd’hui de 17 stations de dessalement opérationnelles, produisant environ 320 Mm3/an, destinés à l’eau potable, à l’irrigation et à l’industrie, sachant que quatre projets sont en cours de réalisation (stations de dessalement à Casa, Jorf Lasfar, Safi et Dakhla) pour une capacité de production totale de 532 Mm3/an. Les objectifs ambitieux du pays dans ce domaine, visent à mobiliser plus de 1,7 milliard de mètres cubes d’eau dessalée par an d’ici 2030, et à couvrir plus de la moitié des besoins en eau potable grâce au dessalement.

Sur un autre registre, les changements climatiques ne cessent d’impacter terriblement le développement local, en particulier en ces moments de hausse de températures. Les villes du Maroc sont confrontées à des défis majeurs liés au changement climatique. Avec aujourd’hui plus de la moitié de la population du pays vivant en milieu urbain, ce chiffre devrait atteindre 73,6% d’ici 2050. Cette croissance urbaine pose des défis économiques, environnementaux et sociaux à court et moyen terme. De plus, les températures moyennes ont augmenté de 1° à 3°C depuis les années 1960 dans tout le pays, avec des projections indiquant une tendance à la hausse jusqu’en 2050. Les impacts de ces changements sont de plus en plus ressentis à l’échelle locale, plaçant ainsi les villes marocaines au cœur de la lutte contre le changement climatique.

A rappeler à ce niveau que la planification climatique, au niveau national, le Maroc a déjà élaboré son Plan Climat National 2020-2030 qui vise à asseoir les fondamentaux d’un développement sobre en carbone et résilient au changement climatique alors que le Plan National d’Adaptation (PNA) est en cours de finalisation. Et dans le cadre de la déclinaison de sa politique climatique au niveau territorial, le Ministère de l’Energie, des Mines et de l’Environnement est en train de doter toutes les régions des Plans Climats Régionaux (PCR) tout en capitalisant sur le processus de la régionalisation avancée. En 2020, des études pour l’élaboration de sept Plans Climats Régionaux ont été lancées au profit de sept régions du Maroc.

Ce qui démontre encore une fois que le triptyque « environnement-climat-eau » constitue aujourd’hui plus que jamais un défi majeur pour tout développement local dans notre pays. Et pour dire vrai, une question de survie !

 

Hassan Zaatit

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Diversification de l’économie, pour trouver de nouveaux leviers de croissance https://lnt.ma/diversification-de-leconomie-pour-trouver-de-nouveaux-leviers-de-croissance/ Thu, 24 Jul 2025 14:53:32 +0000 https://lnt.ma/?p=532797 Porté depuis quinze ans par des stratégies sectorielles successives, le Maroc cherche aujourd’hui à réduire sa dépendance extérieure et à élargir ses moteurs de croissance. La dynamique repose sur trois piliers : une agriculture modernisée qui sécurise l’approvisionnement et soutient le revenu des campagnes ; une industrialisation orientée vers la substitution aux importations et l’intégration régionale ; et, plus […]

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Porté depuis quinze ans par des stratégies sectorielles successives, le Maroc cherche aujourd’hui à réduire sa dépendance extérieure et à élargir ses moteurs de croissance. La dynamique repose sur trois piliers : une agriculture modernisée qui sécurise l’approvisionnement et soutient le revenu des campagnes ; une industrialisation orientée vers la substitution aux importations et l’intégration régionale ; et, plus récemment, l’essor rapide des services, tiré par la transition numérique et le tourisme. Les indicateurs du premier semestre 2025 confirment que ces composantes convergent pour diversifier la base productive du pays. Selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), la croissance atteindrait 4,6 % au deuxième trimestre 2025, portée à la fois par l’agriculture, l’industrie et surtout les services, désormais principal contributeur à la valeur ajoutée.

Le socle agricole, longtemps exposé à la variabilité climatique, s’est réinventé grâce au Plan Maroc Vert (2008 2019) puis à la stratégie « Générat ion Green 2020 2030 ». D’après les données consolidées, le PIB agricole est passé de 65 milliards de dirhams en 2008 à environ 125 milliards à la veille de la pandémie, tandis que les exportations de fruits et légumes ont plus que doublé. En 2025, l’activité a continué de progresser : au premier trimestre, la valeur ajoutée agricole s’élevait à 27,5 milliards de dirhams, soit une hausse de 6,8 % par rapport au trimestre précédent, preuve de la résilience des filières face à la sécheresse. Les priorités actuelles portent sur l’irrigation de précision, la valorisation agro industrielle et l’intégration logistique vers les ports atlantiques, autant d’axes qui doivent contenir le coût alimentaire intérieur et renforcer les excédents commerciaux hors phosphates.

 

La banque de projets accélère les substitutions

Sur le front industriel, la politique de substitution aux importations connaît une accélération depuis 2021 avec la « banque de projets ». Au 15 avril 2025, 1 905 dossiers avaient été validés, représentant 126 milliards de dirhams d’investissements, dont 95 milliards dédiés explicitement à remplacer des produits importés. Les segments ciblés vont des composants automobiles à la pharmacie, en passant par l’agro alimentaire. L’objectif affiché par le ministère de l’Industrie est double : absorber 120 milliards de dirhams d’achats extérieurs sur trois ans et créer 177 000 emplois directs, tout en ventant un approvisionnement plus sûr pour les chaînes locales. La montée en gamme des exportations reste néanmoins une condition de succès : si l’automobile, l’aéronautique ou les batteries électriques portent déjà la marque « Made in Morocco », la compétitivité dépendra des gains de productivité et de la décarbonation engagée via les énergies renouvelables.

En miroir de cette relocalisation industrielle, les services connaissent un boom inédit, stimulé par le numérique. Les exportations d’externalisation (centres de services, ingénierie logicielle, data analytics) ont généré 17,9 milliards de dirhams de chiffre d’affaires en 2023, contre 14,7 milliards deux ans plus tôt, et emploient aujourd’hui 141 000 personnes, soit 41 000 de plus qu’en 2021. Le gouvernement mise sur la stratégie « Digital Morocco 2030 » : elle entend porter les recettes du numérique à 40 milliards de dirhams et créer 240 000 emplois directs d’ici la fin de la décennie, en s’appuyant sur une extension de la fibre à 5,6 millions de ménages et une couverture 5G de 70 % de la population. Cette trajectoire positionne le Royaume comme plate forme régionale pour les services offshore, notamment francophones et hispanophones, tout en favorisant la montée en compétences locale grâce à un programme visant 100 000 talents formés chaque année.

 

Coordonner les politiques publiques

Le pari de la diversification ne se réduit pas au seul triptyque agriculture industrie services ; il implique aussi une coordination fine des politiques publiques. Sur le terrain agricole, la généralisation de l’assurance récolte, la déconcentration des guichets de l’agropole et la traçabilité numérisée des chaînes fraîches sont attendues pour sécuriser les revenus ruraux et renforcer la sécurité alimentaire. Dans l’industrie, l’activation d’incitations fiscales — telles que le crédit d’impôt pour les équipements produits localement — et l’accélération des parcs éco industriels doivent faciliter l’implantation de PME nationales dans la chaîne de valeur, limitant la dépendance aux importations de segments intermédiaires. Quant aux services, la réduction de la fracture numérique et la cybersécurité figurent parmi les premiers chantiers, car l’inclusion territoriale demeure la condition d’une croissance équilibrée.

Au delà des indicateurs sectoriels, la diversification vise aussi à réduire le déficit commercial structurel, attendu à 19 % du PIB en 2025 malgré une progression de 6,7 % des exportations de biens et services . L’équation reste délicate : l’élargissement du tissu productif accroît naturellement les besoins importés en machines, matières premières et composants, à court terme. Le gouvernement table toutefois sur un effet de ciseaux favorable, reposant justement sur la substitution industrielle et la montée en puissance des recettes de services — tourisme, transport, externalisation et fintech — pour stabiliser la balance à l’horizon 2030.

Les premiers bilans de 2025 offrent des signaux encourageants. L’économie a démarré l’année sur une croissance de 4,8 % au premier trimestre, supérieure aux prévisions, grâce au rebond simultané de l’agriculture, du BTP et des industries de transformation . Les créations d’emplois déclarées auprès de la CNSS progressent dans le manufacturing, tandis que les IDE liés aux filières batteries ou aéronautique confortent la vocation exportatrice du pays. Mais la réussite à long terme dépendra de la capacité à maintenir un cadre macro budgétaire sain, à accélérer les réformes logistiques — ports, fret ferroviaire, zones franches — et à renforcer le capital humain par l’éducation technique et la recherche appliquée.

En définitive, la diversification de l’économie marocaine apparaît moins comme une collection de programmes sectoriels que comme une démarche intégrée. L’agriculture performante stabilise la base alimentaire et alimente les industries agro exportatrices ; l’appareil industriel convertit progressivement la demande intérieure en production locale, tout en ciblant les marchés extérieurs ; le secteur des services, dopé par le numérique, offre des revenus à haute valeur ajoutée et améliore la résilience face aux chocs externes. Le défi est d’orchestrer ces moteurs pour qu’ils se renforcent mutuellement et consolident un modèle de croissance inclusif, sobre en carbone et plus souverain.

 

Selim Benabdelkhalek

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Marché des capitaux, bourse et dettes privées: Le vent en poupe https://lnt.ma/marche-des-capitaux-bourse-et-dettes-privees-le-vent-en-poupe/ Thu, 24 Jul 2025 14:48:59 +0000 https://lnt.ma/?p=532793 Les bouleversements économi-ques actuels, con-crétisés par des investissements colossaux qui se comptent en milliers de milliards de dirhams, sont-ils possibles du fait des nouveaux financements introduits au-delà du traditionnel financement bancaire ? Oui et non, sachant que les banques continuent à peser dans le financement des grands projets, comme c’est le cas pour le train […]

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Les bouleversements économi-ques actuels, con-crétisés par des investissements colossaux qui se comptent en milliers de milliards de dirhams, sont-ils possibles du fait des nouveaux financements introduits au-delà du traditionnel financement bancaire ? Oui et non, sachant que les banques continuent à peser dans le financement des grands projets, comme c’est le cas pour le train à grande vitesse, dont le package annoncé il y a un mois a été constitué de financement bancaire à hauteur de 48 MMDH sur 96 MMDH, ce qui confirme que les banques restent la colonne vertébrale des grands projets d’investissements.

Mais il est aussi important de relever que le financement par la bourse ou par des émissions obligataires privées, qui ne sont pas nouveaux, sont des modes de financement qui prennent une plus grande dimension, du simple fait d’une confiance renforcée des investisseurs. De fait, le taux d’intérêt sur la dette souveraine atteint des niveaux très bas, autour de 3 % sur le moyen terme, ce qui crée un intérêt pour la bourse, dont le niveau de valorisation atteint des niveaux très élevés.

En l’occurrence, la dette privée propose aujourd’hui aux investisseurs 150 à 200 points de base supplémentaires par rapport aux bons du Trésor, ce qui est énorme pour un investisseur, d’autant qu’il est connu que quand les taux de la dette publique baissent, les banques plafonnent pour ne pas acter davantage cette dernière baisse.

Pour ce qui concerne la bourse, il y a une meilleure compréhension de celle-ci. Et surtout, la bourse est la colonne vertébrale du système bancaire puisque toutes les banques, les huit premières banques du Royaume, à l’exception de celle qui vient d’être rachetée, sont cotées en bourse. Et donc, de par leur valorisation, et donc celle de leurs fonds propres, de plus en plus importante, elles peuvent financer beaucoup mieux les projets d’investissements.

Mais aussi se financer facilement sur le marché pour mieux se consolider, comme la très récente opération d’augmentation de capital du CIH pour 1,5 milliard de dirhams. Ainsi, la bourse permet aux banques cotées d’ajuster beaucoup plus finement et de piloter leur capital et donc leurs capitaux propres. Et donc, de se conformer aux contraintes et ratios de Bâle imposés par Bank Al-Maghrib, leur régulateur. C’est beaucoup mieux pour vous d’être à la bourse, cet acquis est davantage mis en avant.

Par ailleurs, en faveur des investissements, la bourse permet de « belles histoires » comme la dernière, et très significative, de TGCC, la première entreprise de construction qui contribue aux réalisations des plus grands projets du Maroc, cotée en bourse, qui finance sa croissance externe en faisant une augmentation de capital de deux milliards et demi, par appel public à l’épargne, pour racheter STAM, Société de Travaux Agricoles Marocains. Donc, il y a une liaison directe entre ce qui se passe dans l’économie et les principales opérations boursières.

Et, à juger du rythme des IPO d’avant, aujourd’hui, elles se succèdent, se font par augmentation de capital pour créer de la valeur, améliorant sur leur passage la qualité et l’image du marché, et une meilleure compréhension de ce que la bourse peut offrir aux entreprises. Bien que la bourse tourne à plein régime, ce n’est pas encore le cas pour son rôle dans le financement des entreprises. Même si la capitalisation est passée en moins de deux ans de 700 milliards à 1 000 milliards de dirhams. Elle résulte de l’augmentation des cours des sociétés cotées elles-mêmes, traduisant une montée en puissance de la confiance des investisseurs. Ce qui permet aux entreprises cotées d’avoir des financements plus importants, donc des marges de manœuvre plus importantes, et une relation plus forte avec les investisseurs qui les financent, y compris par la dette privée.

Il n’y a aucun doute que la bourse, qui était vue comme un outil extérieur à l’écosystème économique, s’impose réellement comme un outil de financement de l’économie et un acteur de la création de richesse. Comme le montrent ces chiffres : 25 % de l’IS payé au Maroc provient des sociétés cotées, qui ont fait quatre fois plus d’opérations en bourse. Les sociétés cotées contribuent à hauteur de 30 % de l’investissement privé !

En 2024, la bourse a financé 7,5 milliards d’opérations, un chiffre important, en augmentation nette par rapport à 2022 et 2023, qui a doublé.

Et, aux côtés des investisseurs professionnels et institutionnels, les personnes physiques sont de retour en masse.

Il y a quatre fois plus d’investisseurs personnes physiques que la moyenne des quatre dernières années, autour de 12 000 personnes, et la grande nouveauté, signe de l’intérêt pour le marché boursier, c’est que 75 % des ordres sont faits en ligne. Il y a eu 750 000 ordres à travers la bourse en ligne l’année dernière. Comme les investisseurs étrangers qui interviennent de manière forte, ce qui diversifie les comportements Et facilite la tâche aux traders pour proposer des stratégies plus diversifiées.

Par ailleurs, pour élargir le marché boursier au marché des capitaux, du fait que les bons du Trésor ont un rendement devenu très faible, 3 % sur le 10 ans, les acteurs, notamment les OPCVM, cherchant plus de rendement, s’orientent aussi, et de plus en plus, vers le hors-coté, vers les émissions obligataires des entreprises, notamment publiques, permettant la concrétisation de grosses opérations récemment, comme celle de l’ONCF.

De la bourse peu active, qui prend une place importante aujourd’hui dans le financement de l’économie, au marché des capitaux qui constitue en soi d’autres opportunités de financement pour les grands travaux menés par d’importantes entreprises publiques, les financements sont devenus beaucoup plus accessibles pour la réalisation de projets multiples et les investissements stratégiques…

 

Afifa Dassouli

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Fonds Mohammed VI pour l’Investissement: Une action structurée autour de nouveaux instruments sectoriels et de projets stratégiques https://lnt.ma/fonds-mohammed-vi-pour-linvestissement-une-action-structuree-autour-de-nouveaux-instruments-sectoriels-et-de-projets-strategiques/ Thu, 24 Jul 2025 14:47:39 +0000 https://lnt.ma/?p=532791 Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (FM6I) poursuit la mise en œuvre de ses missions en matière de soutien à l’investissement productif et de mobilisation de capitaux, à travers de nouvelles initiatives ciblées et des partenariats structurants. Depuis sa création, le Fonds vise à stimuler l’investissement privé au Maroc, notamment en apportant un appui financier […]

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Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement (FM6I) poursuit la mise en œuvre de ses missions en matière de soutien à l’investissement productif et de mobilisation de capitaux, à travers de nouvelles initiatives ciblées et des partenariats structurants. Depuis sa création, le Fonds vise à stimuler l’investissement privé au Maroc, notamment en apportant un appui financier complémentaire aux entreprises et en contribuant au financement de projets d’intérêt stratégique.

 

Lancement de 14 sociétés de gestion spécialisées

Dans le cadre de la consolidation de son action, le FM6I a récemment lancé 14 sociétés de gestion de fonds sectoriels et thématiques. Sélectionnées à l’issue d’un appel à manifestation d’intérêt, ces structures ont pour mission de soutenir l’investissement dans des domaines jugés prioritaires tels que l’industrie, l’agriculture, le tourisme, le transport et la logistique.

Le dispositif comprend trois fonds dédiés à l’industrie, un à l’agriculture et à l’agro-industrie, deux au tourisme, un au transport et à la logistique, ainsi que sept autres à vocation généraliste. Ces derniers visent à répondre aux besoins variés des entreprises, notamment les PME, en tenant compte des spécificités de taille et des niveaux de maturité.

Les sociétés de gestion retenues — neuf marocaines et cinq internationales — ont déjà levé environ 14,5 milliards de dirhams auprès d’investisseurs privés, complétés par une contribution de 4,5 milliards de dirhams du FM6I. Ce dispositif devrait permettre de mobiliser un montant global d’environ 19 milliards de dirhams. Il s’inscrit dans la continuité de la Nouvelle Charte de l’Investissement et vise à renforcer la capacité d’investissement des entreprises tout en créant un effet d’entraînement sur le capital privé.

 

CapAccess : un produit de dette subordonnée

Dans une logique d’élargissement des instruments de financement disponibles, le FM6I avait lancé en 2024 un produit baptisé « CapAccess ». Il s’agit d’un mécanisme de dette subordonnée conçu pour accompagner les entreprises dans le financement de leurs projets d’investissement, en complément d’un crédit bancaire. Ce dispositif vise à alléger la contrainte d’apport en fonds propres généralement exigée par les établissements bancaires, en particulier dans un contexte de sous-capitalisation.

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Partenariat public-privé dans les infrastructures énergétiques et hydriques

Par ailleurs, le FM6I est engagé dans un partenariat stratégique d’envergure, aux côtés du gouvernement, de TAQA Morocco, de Nareva et de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). Ce partenariat porte sur un programme de 130 milliards de dirhams visant à renforcer les infrastructures liées à la production d’électricité bas carbone, au dessalement d’eau de mer et à la modernisation des réseaux de transport.

Ce programme prévoit notamment la mise en service de stations de dessalement à grande capacité (pour un volume de 900 millions de m³), alimentées par des sources d’énergie renouvelable, ainsi que la construction de réseaux de transport d’eau entre régions déficitaires et excédentaires. Il inclut également la reprise de la centrale à gaz de Tahaddart, l’extension de centrales à cycle combiné (1 100 MW supplémentaires), et l’installation d’une ligne HVDC de 3 000 MW entre le sud et le centre du pays.

Dans cette opération, le FM6I participe de manière minoritaire au capital des projets, dans le cadre d’un équilibre entre financement public et investissement privé. L’objectif de ce partenariat est de contribuer à la sécurité hydrique et énergétique du Royaume, conformément aux orientations de la stratégie climatique nationale à l’horizon 2030.

 

Structuration de projets et diversification des instruments financiers

Le Fonds continue également à intervenir dans la structuration financière de projets à différents niveaux (national et territorial), en proposant des solutions adaptées allant de l’investissement en fonds propres (direct ou indirect) à la dette, en passant par des instruments de quasi-fonds propres. Ces outils incluent les avances remboursables, les titres de dette ou encore les garanties.

Le FM6I prévoit par ailleurs le développement de fonds spécialisés en soutien aux startups et à l’innovation, avec des produits de financement adaptés à leurs besoins, et en lien avec les priorités nationales en matière de digitalisation et de transition énergétique.

 

Intégration des critères ESG et coopération internationale

Dans le cadre de ses orientations, le Fonds accorde une attention particulière aux critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), à la fois dans la sélection des projets et dans leur suivi. Cette démarche est alignée sur les Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies.

Le FM6I collabore également avec des institutions financières internationales, telles que la Société financière internationale (IFC), dans le but de cofinancer des projets d’infrastructures durables et de renforcer l’attractivité du Maroc auprès des investisseurs étrangers.

Le plan d’action du Fonds prévoit la mobilisation d’un volume d’investissement de 120 milliards de dirhams d’ici 2026. Il s’agit de générer un effet multiplicateur important à travers la combinaison de fonds publics et privés, dans une perspective de relance inclusive, durable et centrée sur les priorités économiques nationales.

 

Selim Benabdelkhalek

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Contrôle des opérations de change: L’Office des Changes engage une mutation stratégique portée par l’IA https://lnt.ma/controle-des-operations-de-change-loffice-des-changes-engage-une-mutation-strategique-portee-par-lia/ Thu, 24 Jul 2025 14:46:22 +0000 https://lnt.ma/?p=532789 Ciblage des risques, intelligence artificielle (IA), gouvernance des données : l’Office des Changes modernise en profondeur ses méthodes et ses mécanismes de contrôle pour répondre aux défis d’une économie de plus en plus ouverte et connectée. Dans un contexte économique intenational caractérisé par l’intensification des échanges commerciaux et financiers et l’émergence de risques nouveaux et […]

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Ciblage des risques, intelligence artificielle (IA), gouvernance des données : l’Office des Changes modernise en profondeur ses méthodes et ses mécanismes de contrôle pour répondre aux défis d’une économie de plus en plus ouverte et connectée.

Dans un contexte économique intenational caractérisé par l’intensification des échanges commerciaux et financiers et l’émergence de risques nouveaux et complexes, l’Office des Changes place le contrôle intelligent au cœur de sa stratégie 2025-2029. L’objectif est d’évoluer d’un modèle fondé sur un contrôle systématique, souvent lourd et peu ciblé, vers une approche agile, sélective et résolument tournée vers l’efficacité opérationnelle.

Cette transformation vise à renforcer l’efficacité de l’action de contrôle en recentrant les efforts sur les zones de risque avérées, dans une logique d’optimisation des ressources tant pour l’institution que pour les opérateurs.

Elle s’appuie pleinement sur les capacités offertes par l’intelligence artificielle pour analyser les données, identifier les vulnérabilités sectorielles et orienter le contrôle vers les opérations les plus sensibles.

 

Contrôle des opérations de Change :  plus de 53 MMDH d’opérations contrôlés et plus de 4 MMDH d’irrégularités constatées en 2024

L’année 2024 a donné un aperçu clair des défis à relever.  Pas moins de 53,4 milliards de dirhams d’opérations de change ont été passés au crible à travers 2.469 dossiers traités dans le cadre du contrôle sur pièces. Résultats : 4,28 milliards de dirhams d’irrégularités constatées et 206 dossiers transmis à l’inspection de l’Office des Changes pour traitement contentieux ou régularisation.

Les infractions relevées témoignent de la diversité et de la complexité des manquements : la constitution illégale d’avoirs à l’étranger sans autorisation préalable, le non rapatriement des produits d’investissement ou d’exportation, transferts indus liés à des importations fictives ou surévaluées, etc.

Ces résultats illustrent non seulement l’intensité de l’action de contrôle menée par l’Office des Changes, mais aussi la nécessité d’adopter une approche plus ciblée et anticipative.

« Dans un contexte où les risques évoluent rapidement, la modernisation des méthodes de supervision devient un levier indispensable pour renforcer l’efficacité de nos interventions tout en accompagnant l’ouverture progressive de l’économie nationale », souligne -t-on à l’Office des Changes.

 

Données, IA, ciblage : les nouveaux piliers du contrôle

Les résultats enregistrés en 2024 confirment l’ampleur des risques à surveiller dans un environnement économique en mutation rapide. Face à cette complexité croissante, l’Office des Changes opère un tournant stratégique en dotant son dispositif de contrôle de nouvelles capacités d’analyse et d’anticipation, fondées sur l’exploitation intelligente de la donnée.

Ce changement de paradigme vise à dépasser les approches classiques de supervision fondées sur des contrôles systématiques, pour aller vers un modèle sélectif, réactif et fondé sur la connaissance fine des risques. L’objectif étant de cibler les opérations les plus sensibles, détecter plus tôt les irrégularités et renforcer l’efficacité et l’efficience de l’action de contrôle.

« Nous voulons nous doter de capacités prédictives et de ciblage avancé, fondées sur des technologies IA, afin d’orienter nos efforts de supervision. Nos opérations de contrôle, qu’elles soient sur pièces ou sur place, seront désormais guidées par des outils d’analyse avancés, en rupture avec les méthodes classiques. Ce changement de paradigme dépasse la simple modernisation technique. Il s’agit de mettre en place un système de contrôle intelligent, adaptatif et interconnecté, capable d’évoluer au rythme des innovations financières », indique -t-on à l’Office des Changes.

Dans cette optique, l’Office des Changes prévoit une refonte complète de ses outils de supervision, en intégrant des bases de données nationales et internationales dans ses processus analytiques et en généralisant l’usage de l’IA pour affiner le ciblage des opérations à risque et la détection des anomalies et des infractions potentielles.

 

Une nouvelle stratégie pensée pour les nouvelles vulnérabilités et les risques de demain

Au-delà de l’optimisation des outils de contrôle, la stratégie 2025-2029 de l’Office des Changes vise aussi à anticiper les risques émergents, notamment ceux liés à la digitalisation des flux financiers, à l’essor des crypto-actifs ou encore à l’émergence de nouveaux métiers à forte exposition internationale.

Le futur système intégré de contrôle permettra une transversalité renforcée entre fonctions d’analyse, de supervision et de suivi. Il constituera, également, un levier majeur de coopération entre administrations, gage d’un contrôle cohérent et exhaustif dans un environnement économique en profonde mutation.

En s’appuyant sur la puissance des technologies de l’IA et sur une gouvernance modernisée de la donnée, l’Office des Changes affirme sa volonté de renforcer la performance, la réactivité et la pertinence de son action. Cette mutation de son modèle de supervision vise à soutenir l’ouverture progressive de l’économie nationale et à favoriser une meilleure intégration du Maroc dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.

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Financement des collectivités territoriales sur le marché: Les collectivités territoriales s’orientent vers le financement de marché pour accélérer leur développement https://lnt.ma/financement-des-collectivites-territoriales-sur-le-marche-les-collectivites-territoriales-sorientent-vers-le-financement-de-marche-pour-accelerer-leur-developpement/ Thu, 24 Jul 2025 14:44:28 +0000 https://lnt.ma/?p=532787 L’AMMC, dans sa réflexion stratégique, se doit de développer toutes les possibilités de financement du marché des capitaux. A ce titre, elle soutient aujourd’hui celle des émissions obligataires par les collectivités territoriales. Son objectif étant d’améliorer le fonctionnement du marché des capitaux en diversifiant son offre tout en sachant que l’Autorité du marché des capitaux […]

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L’AMMC, dans sa réflexion stratégique, se doit de développer toutes les possibilités de financement du marché des capitaux. A ce titre, elle soutient aujourd’hui celle des émissions obligataires par les collectivités territoriales.

Son objectif étant d’améliorer le fonctionnement du marché des capitaux en diversifiant son offre tout en sachant que l’Autorité du marché des capitaux a déjà lancé les obligations vertes, les obligations sociales, les OPCI etc…

De même, celle-ci réfléchit en termes d’acteurs nouveaux qui peuvent bénéficier des financements du marché pour leurs projets de développement. Au-delà des acteurs privés actuels, elle s’adresse aux entreprises publiques et vient de signer une convention avec l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l’État, pour faciliter le recours à ses différentes composantes au marché pour le financement de leur projet de rénovation et de mise à niveau.

Il faut savoir que dans le cadre de la trajectoire actuelle d’investissements massifs pour le développement du pays dans les infrastructures, les équipements pour la Coupe du monde, et aussi les réformes de fond comme l’élargissement de la protection sociale, le budget de l’État et le financement bancaire ne suffisent plus pour financer tous ces projets.

Comme c’est le cas dans le monde occidental, le marché des capitaux constitue une solution à cette insuffisance. Les institutionnels, compagnies d’assurance, caisses de retraite qui gèrent des milliards de primes et de cotisations de retraite, les OPCV qui gèrent à eux seuls plus de 750 MMDHs de collecte d’épargne, ou encore les OPCI plus récents qui ont des actifs de 100 MMDHs et mêmes les personnes physiques qui investissement de plus en plus sur le marché, cherchent des produits d’investissements pour rentabiliser ces montants.

C’est dans ce contexte que l’AMMC, dans son engagement à accompagner les collectivités locales et régionales vers le financement du marché des capitaux, a organisé début juin un atelier pour accueillir les membres de la Direction Générale des collectivités territoriales, leur présenter les différentes possibilités de financement qu’offre le marché des capitaux, en mettant l’accent sur le benchmark à l’international. Sachant que dans nombre de pays dont nos voisins et partenaires, les collectivités se financent beaucoup sur les marchés.

Et il y a des précédents au Maroc comme celui de la ville d’Agadir, qui a déjà franchi le pas avec une émission obligataire en 2022 d’un milliard de dirhams. Les régions et communes pourront suivre la même voie compte tenu des changements intervenus par décret dans le règlement de leur fonctionnement interne.

Le décret en question, qui fait évoluer les textes de Loi, prévoit une condition implicite selon laquelle le service de la dette arrive en priorité des dépenses. Cette règle de fonctionnement dans le statut des collectivités territoriales constituera pour les investisseurs une forme de garantie pour les attirer. Dans le cadre de la régionalisation avancée, les régions ont des plans de développement régionaux importants, alors que leurs budgets sont insuffisants.

Et, à défaut de recourir encore au budget de l’État sachant que le FEC qui les finançait a ses propres limites, elles vont dorénavant pouvoir se financer par l’émission d’obligations sur le marché des capitaux.

Toutefois, ces nouveaux acteurs de marché ne peuvent pas faire un appel public à l’épargne, qui par définition leur aurait permet de s’adresser à un large public à défaut de bilans comptables, commissariats aux comptes et donc de transparence parfaite.

Bien sur les collectivités territoriales vont se faire accompagner par les banques d’affaires pour leur émission obligataire, l’accès de ces dernières à ce nouveau type de financement imposera certainement un assainissement important.

Elles devront changer leurs références comptables et passer d’une comptabilité de caisse à l’utilisation du code de comptabilité nationale pour pouvoir délivrer les états financiers standards, ce qui leur prendra du temps.

Dans l’intervalle, elles devront recourir au placement privé, un produit de financement qui s’adresse à des investisseurs qualifiés qui ont là une nouvelle et importante opportunité, les régions étant le bras de l’État pour assurer le développement territorial et la régionalisation avancée à travers les PDR (plans de développement régionaux adaptés aux spécificités de chaque région). Traditionnellement celles-ci sont financées par les transferts de l’État à partir de l’IS, de la TVA et des taxes locales augmentées d’une subvention de l’État sur la base des projets déposés à l’Agence de développement des Collectivités territoriales et au fur et à mesure de leur réalisation. Le placement privé est quant à lui un régime alternatif qui exige des investisseurs qualifiés qui ont les compétences pour évaluer le risque inhérent à l’investissement sans disposer de publications et de documents. Ils sont limités à 20, s’engagent à garder les titres au moins 24 mois sans pouvoir les céder, sauf à d’autres investisseurs du groupe et peuvent être des compagnies d’assurance et des caisses de retraite, des banques, etc.

L’État ne garantit pas les émissions des collectivité territoriales, mais les paiements d’emprunt sont considérés comme des dépenses obligatoires et prioritaires pour ces émetteurs dans leur règlement intérieur. La rémunération est négociable avec les investisseurs sur la base du taux sans risque des Bons du Trésor et une prime de risque négociée. Ces emprunts sont souvent ou sociaux ou environnementaux pour alimenter des projets à impact vert ou social. Comme l’a été l’exemple de l’Emprunt obligatoire d’Agadir dont le montant d’1 milliard pour une durée de 7 à 10 ans au taux de 4,5%, se partageait en deux tranches, l’une de 460 Mdhs pour rembourser les dettes antérieures et la différence pour financer les projets d’investissements.  Le taux de rémunération de l’émission d’Agadir étant très intéressant, la prochaine émission que prépare la ville de Casablanca est déjà très attendue par les investisseurs…

 

Afifa Dassouli

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Bilan des PDR: Des ambitions structurantes face à des défis persistants https://lnt.ma/bilan-des-pdr-des-ambitions-structurantes-face-a-des-defis-persistants/ Thu, 24 Jul 2025 14:43:13 +0000 https://lnt.ma/?p=532785 Depuis l’instauration de la régionalisation avancée au Maroc, les Plans de Développement Régionaux (PDR) sont devenus l’outil central de la programmation territoriale. Portés par les conseils régionaux sur un horizon de six ans, ces plans visent à traduire la vision stratégique de développement en projets concrets, en cohérence avec les spécificités locales et les orientations […]

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Depuis l’instauration de la régionalisation avancée au Maroc, les Plans de Développement Régionaux (PDR) sont devenus l’outil central de la programmation territoriale. Portés par les conseils régionaux sur un horizon de six ans, ces plans visent à traduire la vision stratégique de développement en projets concrets, en cohérence avec les spécificités locales et les orientations nationales. Alors que la deuxième génération des PDR (2022–2027) est en cours de déploiement, un premier bilan permet de dresser un état des lieux nuancé, marqué à la fois par des réalisations significatives et des retards préoccupants.

 

Des niveaux d’avancement très contrastés selon les régions

À Fès-Meknès, le PDR 2016–2022 avait prévu 85 conventions, dont 76 ont été signées, soit un taux de contractualisation de 90 %. Pourtant, à l’issue du programme, seulement 11 % des projets ont été entièrement réalisés, 46 % sont en cours, 26 % à l’étude, et 16 % n’avaient pas encore été lancés au 31 juillet 2023. Ce faible taux d’exécution est attribué à la complexité de la coordination entre 37 entités partenaires impliquées dans les projets. La dimension sectorielle du plan montre également une exécution inégale, notamment en matière de réduction des disparités territoriales et de soutien à l’emploi.

La région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, quant à elle, affiche un niveau plus avancé d’exécution pour la période 2022–2027. D’après les données de fin 2024, près de 70 % des projets sont contractualisés, avec un engagement régional de 2,65 milliards de dirhams. La réalisation technique globale atteint 29 %, avec des efforts notables dans les infrastructures routières – plus de 560 km de routes améliorées touchant 54 collectivités – et des investissements dans les établissements scolaires et sanitaires. Toutefois, ce taux reste modeste en comparaison des volumes budgétaires mobilisés.

Casablanca-Settat, avec un PDR ambitieux doté de 47,2 milliards de dirhams (dont 12,6 milliards à la charge de la région), affiche une exécution budgétaire de 54,3 % à mi-parcours (mars 2024). La région a signé 215 conventions représentant 26 milliards de dirhams d’investissements, couvrant les secteurs de l’eau, des infrastructures, du social et de l’éducation. Le volet de soutien à l’investissement privé est également mis en avant avec 238 projets annoncés, pour un total de 8,6 milliards de dirhams, dont 1,8 milliards déjà financés.

Dans la région de l’Oriental, le PDR s’inscrit dans une dynamique entamée il y a plus de vingt ans, notamment à travers l’Initiative Royale pour le développement de la région. Les investissements publics y ont atteint 54 milliards de dirhams, avec des effets visibles sur les infrastructures, l’industrialisation (+142 % d’entreprises industrielles), l’agriculture (grâce au Plan Maroc Vert) et le développement durable (ex. projet de dessalement de Nador et réhabilitation de la lagune de Marchica). La région semble ainsi cumuler les effets d’une planification régionale et de programmes stratégiques pilotés au niveau central.

 

Des réussites réelles, mais des défis structurels persistants

Le bilan national des PDR révèle des points forts indéniables. La mobilisation de volumes financiers importants – parfois inédits – a permis de renforcer les infrastructures de base, d’améliorer le climat d’investissement et d’impulser des dynamiques locales. Le PDR est progressivement devenu un outil d’alignement stratégique entre les acteurs régionaux et les objectifs nationaux, en particulier ceux du Nouveau Modèle de Développement.

Cependant, le faible capacité d’exécution dans certaines régions, à l’image de Fès-Meknès, pose question. Le foisonnement des partenaires, l’enchevêtrement des compétences, la lenteur des procédures administratives, et l’insuffisante ingénierie technique au sein des régions expliquent en partie ces retards. L’absence d’un pilotage unifié, d’un système d’information performant et de mécanismes de suivi en temps réel constitue également un frein à la mise en œuvre des projets.

Les disparités régionales persistent malgré les efforts déployés. Certaines zones rurales et enclavées demeurent à la marge de la dynamique nationale, et les défis sociaux – notamment le chômage des jeunes et des femmes – restent prégnants dans plusieurs territoires. La capacité des PDR à réduire ces inégalités dépendra fortement de la qualité de leur exécution et de leur articulation avec les autres échelons territoriaux (provinces, communes) et les politiques sectorielles de l’État.

 

Vers un renforcement de la gouvernance régionale

Face à ces constats, plusieurs recommandations émergent. Le renforcement de la gouvernance territoriale est crucial. Cela passe par la simplification des procédures, la rationalisation des structures de coordination, et la création de plateformes de gestion partagée permettant un suivi transparent et collaboratif des projets. Certaines régions, comme Fès-Meknès, ont amorcé cette démarche à travers des dispositifs participatifs intégrés à la conception du PDR 2022–2027.

Par ailleurs, le succès des futurs PDR dépendra de leur capacité à intégrer pleinement les priorités du Nouveau Modèle de Développement : écotransition, gestion durable des ressources en eau, inclusion sociale, innovation numérique, et équité territoriale. À ce titre, la contractualisation entre l’État et les régions, à travers les Contrats Programme, doit jouer un rôle structurant en garantissant un engagement mutuel clair sur les projets prioritaires.

 

Selim Benabdelkhalek

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Concevoir le développement régional, le cadre et le fonctionnement des PDR https://lnt.ma/concevoir-le-developpement-regional-le-cadre-et-le-fonctionnement-des-pdr/ Thu, 24 Jul 2025 14:42:26 +0000 https://lnt.ma/?p=532783 Dans le cadre de la régionalisation avancée instaurée par la Constitution de 2011, le Maroc a doté ses régions d’un rôle central dans la planification du développement territorial. Au cœur de ce processus se trouvent les Plans de Développement Régionaux (PDR), désormais reconnus comme les instruments clés de la programmation stratégique territoriale. Enracinés dans un […]

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Dans le cadre de la régionalisation avancée instaurée par la Constitution de 2011, le Maroc a doté ses régions d’un rôle central dans la planification du développement territorial. Au cœur de ce processus se trouvent les Plans de Développement Régionaux (PDR), désormais reconnus comme les instruments clés de la programmation stratégique territoriale. Enracinés dans un référentiel juridique et méthodologique structuré, les PDR traduisent la volonté du législateur marocain de faire des régions de véritables moteurs de développement intégré, durable et concerté.

 

Un outil légalement encadré et stratégiquement orienté

Le fondement juridique des PDR repose principalement sur la loi organique n° 111-14 relative aux régions, et sur le décret n° 2-16-299 du 29 juin 2016, qui fixe les modalités d’élaboration, de suivi, d’évaluation et d’actualisation de ces plans. Le PDR est défini comme un document de référence pour la programmation des projets et actions à entreprendre au niveau régional, en vue de promouvoir un développement intégré et durable. Il s’agit d’un outil de planification stratégique, élaboré sur une durée de six ans, en cohérence avec la durée du mandat du conseil régional.

Les PDR se distinguent du Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT), qui a une portée plus globale et prospective. Tandis que le SRAT définit les grandes orientations d’aménagement à long terme, le PDR traduit ces orientations en projets concrets, chiffrés et priorisés, selon une logique de programmation pluriannuelle.

 

Un processus structuré en sept étapes clés

La conception du PDR suit une démarche méthodique en sept grandes étapes, formalisées dans le guide méthodologique publié par la Direction Générale des Collectivités Territoriales (DGCT) en 2022. Ce guide constitue le principal référentiel pratique pour les élus, cadres administratifs régionaux et partenaires institutionnels.

La première étape est celle du diagnostic stratégique. Elle consiste à analyser les potentialités, contraintes et dynamiques sociales, économiques et environnementales de la région, sur la base de données fiables. Cette analyse débouche sur une vision partagée du développement régional.

La deuxième étape porte sur la définition des priorités de développement. Les enjeux identifiés dans le diagnostic sont traduits en objectifs stratégiques, regroupés en axes d’intervention. Cette phase est essentielle pour garantir la cohérence du PDR avec les politiques publiques nationales et les attentes des populations.

La troisième étape consiste à formuler un portefeuille de projets. Ces projets, sélectionnés selon des critères de pertinence, de faisabilité et d’impact, sont ensuite budgétisés et planifiés sur une base triennale renouvelable. Des outils tels que la Gestion Axée sur les Résultats (GAR) ou les matrices d’analyse PESTEL et SWOT sont mobilisés pour appuyer cette sélection.

Les étapes suivantes concernent la formalisation du PDR, sa validation par les instances élues, sa mise en œuvre, son suivi-évaluation, et son actualisation éventuelle en cours de mandat. Chaque région doit mettre en place un système d’information régional et un mécanisme de suivi rigoureux afin d’assurer la transparence et l’efficacité de la mise en œuvre.

 

Une démarche participative et intégrée

L’un des principes directeurs de la conception des PDR est la participation. L’élaboration du plan mobilise une diversité d’acteurs : les élus régionaux, les représentants de l’administration déconcentrée, les établissements publics, les organisations de la société civile, les acteurs économiques et sociaux. Le guide méthodologique prévoit des mécanismes de concertation à chaque étape, notamment à travers des forums régionaux, des ateliers de concertation ou encore des instances consultatives spécialisées.

De plus, les PDR doivent intégrer des dimensions transversales essentielles : l’égalité des genres, le respect de l’environnement, la durabilité, et la participation citoyenne. Des outils spécifiques permettent d’assurer cette intégration, tels que les matrices d’analyse sensible au genre ou les indicateurs de durabilité territoriale.

L’articulation avec les autres niveaux territoriaux

Si le PDR est un outil régional, il s’inscrit dans une logique de cohérence territoriale ascendante et descendante. Il doit être articulé avec les plans communaux de développement (PCD) et les plans préfectoraux ou provinciaux. De même, il s’aligne sur les grandes stratégies nationales telles que la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD), les objectifs du Nouveau Modèle de Développement ou encore les engagements internationaux du Maroc en matière d’environnement et de droits humains.

Pour assurer cette cohérence, la contractualisation joue un rôle central. Les Contrats Programme État-Région (CPER) permettent d’ancrer les projets du PDR dans une logique de cofinancement entre l’État et la région. Ils favorisent également la convergence des politiques sectorielles autour de priorités territorialisées.

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Entretien avec Mme Oulfa Sennani, Conseillère-experte de la régionalisation avancée: « Nous avons évolué d’un simple atelier annexe à une structure capable d’exporter son savoir-faire » https://lnt.ma/entretien-avec-mme-oulfa-sennani-conseillere-experte-de-la-regionalisation-avancee-nous-avons-evolue-dun-simple-atelier-annexe-a-une-structure-capable-dexporter-son-savoir-faire/ Thu, 24 Jul 2025 14:40:34 +0000 https://lnt.ma/?p=532781 Face aux défis d’un Maroc résolument tourné vers une « régionalisation avancée », Mme Oulfa Sennani décortique dans cet interview les ressorts financiers et institutionnels qui doivent permettre aux treize régions du Royaume de prendre réellement leur destin en main. Forte de quinze années d’expérience auprès des bailleurs internationaux et des collectivités territoriales, cette experte souligne l’équilibre subtil entre […]

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Face aux défis d’un Maroc résolument tourné vers une « régionalisation avancée », Mme Oulfa Sennani décortique dans cet interview les ressorts financiers et institutionnels qui doivent permettre aux treize régions du Royaume de prendre réellement leur destin en main. Forte de quinze années d’expérience auprès des bailleurs internationaux et des collectivités territoriales, cette experte souligne l’équilibre subtil entre dotations de l’État, emprunts directs auprès d’institutions telles que l’AFD, la BEI ou la BERD, et mobilisation de ressources propres encore limitées. À ses yeux, la réussite de la décentralisation dépendra autant de la capacité à mesurer l’impact des projets que de l’ancrage des politiques publiques dans les réalités locales. Entretien avec une praticienne convaincue que l’autonomie financière des régions est la clé d’un développement inclusif, durable et humainement centré.

 

La Nouvelle Tribune : Quel est le rôle de l’Etat dans le financement des régions ? Et en quoi la réforme de la Régionalisation Avancée promeut leur autonomie financière ?

Mme Oulfa Sennani : La Régionalisation Avancée est érigée en priorité nationale depuis plusieurs décennies, inscrite au cœur des réformes institutionnelles et du développement du pays, et réaffirmée en 2021 par le Nouveau Modèle de Développement prônant un « Maroc des Régions ». Elle a permis d’établir un changement structurel visant à conférer aux Régions une gestion décentralisée et une autonomie financière.

L’État agit comme principal financeur, en apportant des dotations budgétaires régulières ou des prêts via le Fonds d’Equipement Communal (FEC), destinés à couvrir les dépenses de fonctionnement et d’investissement tout en apportant un encadrement technique pour renforcer leurs capacités de gestion. Par ailleurs, les Régions disposent de ressources propres issues des impôts et taxes à caractère régional, mais celles-ci restent limitées et le budget dépend largement des transferts de l’État qui ont connu une augmentation significative depuis 2015 pour accélérer la mise en œuvre des Plans de Développement Régionaux.

Par ailleurs, l’État facilite l’accès à des sources externes, notamment celles issues de la coopération internationale, qui apportent des solutions adaptées en cohérence avec la mission qui incombe aux Régions d’un développement intégré, avec une volonté commune de maximiser l’impact territorial et de décliner les politiques publiques au plus près des réalités locales.

 

La Loi 111-14 permet aux régions de s’endetter auprès des bailleurs de fonds internationaux. Comment s’articulent l’intervention de ces derniers ? Pourquoi s’intéressent-ils aux régions du Maroc ?

La loi organique 111-14, adoptée en 2016, a concrétisé les principes et règles définis par la constitution de 2011, marquant la fin d’une période durant laquelle les principes de la Régionalisation Avancée, ainsi que l’ensemble du cadre réglementaire et législatif, ont été élaborés pour conférer aux Régions une prééminence dans la gestion des affaires locales et le développement régional.

Cette période a été suivie d’une étape fondatrice d’élaboration des outils de planification stratégique territoriale, notamment des Plans de Développement Régionaux (PDR). Depuis lors, la dimension financière de la Régionalisation Avancée est constamment soulignée au regard des investissements colossaux prévus dans ce cadre, dont le coût total se chiffre à des centaines de milliards de dirhams

La loi 111-14 permet explicitement aux Régions de contracter des emprunts directs auprès de bailleurs de fonds internationaux afin de financer leurs PDR de manière autonome, facilitant ainsi leur adaptation aux spécificités territoriales et la réalisation des objectifs de développement dans des conditions avantageuses. Les financements proposés par ces bailleurs sont souvent sous forme de prêts « bonifiés » à des taux préférentiels, accompagnés de subventions, ce qui favorise l’innovation, notamment à travers des projets pilotes, le renforcement des capacités et la mobilisation de l’expertise internationale.

Au fil du temps, le cadre d’intervention des bailleurs de fonds a évolué en passant d’une logique d’appui aux grandes infrastructures pour le développement du pays à celle d’une aide internationale plus exigente et centrée sur l’humain, autour d’une approche territorialisée des Objectifs de Développement Durable pour l’agenda 2030 et du principe de mesurabilité de l’impact des financements avec une reconnaissance à l’échelle internationale de l’importance du contexte local.

Le développement territorial est ainsi devenu la pierre angulaire de leurs stratégies, ce qui se traduit par une présence accrue des Régions parmi les partenaires clés, lesquels portent des projets multi-sectoriels qui répondent simultanément à plusieurs Objectifs de Développement Durable.

Par ailleurs, les bailleurs de fonds jouent un rôle essentiel dans la coopération décentralisée au Maroc, s’intégrant parfaitement à la dynamique de la Régionalisation Avancée. Ils favorisent le co-développement et le transfert des  savoirs et des innovations, en finançant notamment des missions d’échanges, des rencontres entre élus régionaux et la création de réseaux internationaux de coopération.

Toutefois, leurs interventions requièrent une gestion efficiente des fonds et une ingénierie financière des projets capables de garantir leur durabilité.

 

A ce sujet, quelles sont les exigences des bailleurs de fonds pour un financement direct aux Régions ? Est ce qu’ils requièrent des sûretés de l’Etat ?

Les bailleurs de fonds au Maroc conditionnent leur financement à la cohérence avec les stratégies nationales et locales, à la capacité technique et la soutenabilité financière des emprunteurs, au respect des normes de mise en concurrence des marchés et des principes de durabilité environnementale et sociale. Leurs prêts doivent être affectés exclusivement aux dépenses d’équipement et ils ne sont excécutoire qu’après l’approbation des Ministères de l’Intérieur et des Finances.

En termes de sûretés, leur approche est basée sur la confiance et la responsabilisation dans la gestion des fonds. Plutôt que des garanties formelles, ils privilégient  la transparence, des clauses de performance et de mesure d’impact, un suivi régulier des projets, et la mise en place de processus d’audit et d’évaluation.

Les bailleurs européens (AFD, BEI, BERD,…) bénéficient parfois d’une garantie financière de l’UE qui couvre une partie des risques pris par ces institutions financières. En réduisant le risque, la garantie leur permet de prêter des montants plus importants et de soutenir un plus grand nombre de projets, notamment dans les secteurs prioritaires comme le financement vert.

Les co-financements de ces bailleurs sur des projets communs permettent également de créer des effets d’entrainement sur la qualité des projets financés et la dynamique territoriale dans un environnement plus attractif pour les entreeprises et les investisseurs.

 

Selon vous, qui avez travaillé à l’AFD, la BEI, les Nations Unies et d’autres organismes internationaux, que nous présage l’avenir de l’aide internationale au Maroc dans le domaine du développement territorial ?  

L’AFD, comme beaucoup d’autres bailleurs, déploie une palette variée d’instruments financiers pour mener à bien sa mission première qu’est l’appui aux politiques publiques. Son action au Maroc tire parti de l’accélération du rythme des réformes visant le rééquilibrage spatial et social, et c’est sous ce prisme là qu’elle se positionne au niveau des Régions afin de soutenir les PDR par des prêts non souverains (sans la garantie de l’Etat) à l’instar de sa 1ère opération avec la Région de Guelmim Oued Noun.

Ce momentum représente une opportunité stratégique significative pour les Régions marocaines, en tant que vitrines du développement inclusif et durable à l’échelle internationale.

Le Maroc est considéré comme un véritable modèle de réussite par les bailleurs de fonds internationaux et il est important de maintenir cette dynamique au niveau régional, où la connaissance des pratiques des bailleurs et des normes internationales restent encore à consolider.

Les effets de l’aide internationale s’inscrivent dans un temps long et doivent permettre à terme une gestion efficace et autonome des Régions. Les bailleurs de fonds devront s’adapter aux contextes locaux en offrant des solutions pragmatiques et flexibles, tout en veillant à un alignement progressif avec les standards internationaux.

 

Entretien réalisé par Afifa Dassouli

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Régionalisation avancée: Un levier stratégique pour un Maroc plus équilibré et durable https://lnt.ma/regionalisation-avancee-un-levier-strategique-pour-un-maroc-plus-equilibre-et-durable/ Thu, 24 Jul 2025 14:39:29 +0000 https://lnt.ma/?p=532779 Sous l’impulsion de la Constitution de 2011 et consolidée par la loi organique 111-14, la régionalisation avancée s’impose aujourd’hui comme l’un des chantiers les plus structurants du Royaume. À la croisée des dynamiques territoriales, économiques, sociales et environnementales, elle redéfinit en profondeur l’organisation du pays. Créée en 2005, l’Association des Régions du Maroc (ARM) incarne […]

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Sous l’impulsion de la Constitution de 2011 et consolidée par la loi organique 111-14, la régionalisation avancée s’impose aujourd’hui comme l’un des chantiers les plus structurants du Royaume. À la croisée des dynamiques territoriales, économiques, sociales et environnementales, elle redéfinit en profondeur l’organisation du pays.

Créée en 2005, l’Association des Régions du Maroc (ARM) incarne la voix unifiée des douze régions du Royaume. Elle agit à la fois comme plateforme de représentation politique auprès des pouvoirs publics, et comme centre de ressources dédié à l’accompagnement technique et stratégique des régions. Son rôle s’est accru avec la montée en puissance de la régionalisation avancée, processus progressif et de long terme, qui redessine le rôle des collectivités territoriales dans le développement du pays.

Ce processus repose sur une autonomie renforcée des régions. En effet, celles-ci peuvent désormais mobiliser des ressources financières par le biais d’emprunts contractés auprès du système bancaire ou via des partenariats de coopération internationale. Ces mécanismes, encadrés par le ministère de l’Intérieur, traduisent une nouvelle dynamique où les régions acquièrent une prééminence sur les communes et provinces dans la conduite de projets structurants, notamment dans l’aménagement du territoire et la planification à long terme.

La structuration territoriale repose ainsi sur deux piliers essentiels : le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT), qui définit la vision stratégique à 30 ou 40 ans, et le Plan de Développement Régional (PDR), décliné sur la durée du mandat régional. Ce dernier, opérationnalisé pour la première fois sur la période 2016–2021, est aujourd’hui renouvelé avec une nouvelle génération de plans, mieux arrimés aux objectifs du Nouveau Modèle de Développement (NMD).

Au cœur de cette dynamique, les régions sont appelées à jouer un rôle moteur en matière de développement économique. Elles disposent d’une compétence propre pour créer des zones d’activités économiques, véritables incubateurs de croissance et d’emploi au service des territoires. Cette mission s’articule avec une autre priorité de taille : la transition écologique. Conformément aux engagements internationaux du Maroc, les régions doivent intégrer la lutte contre les changements climatiques dans leur stratégie, en favorisant un développement durable, résilient et inclusif.

Cette vision territoriale n’est pas uniforme. Elle tient compte des spécificités de chaque région, de leurs atouts naturels, de leurs ressources et de leurs défis. Les PDR permettent ainsi de valoriser cette diversité, tout en veillant à une cohérence nationale grâce à leur validation par le ministère de l’Intérieur dans le cadre d’une programmation triennale.

Le lien entre la régionalisation avancée et le Nouveau Modèle de Développement est aujourd’hui manifeste. Le modèle de développement adopté en 2021 érige les régions en catalyseurs de la transformation socio-économique du pays. Elles deviennent des actrices à part entière du changement, capables de piloter des projets à fort impact local tout en portant les ambitions nationales.

Certaines régions, notamment les provinces du Sud, ont d’ailleurs fait office de pionnières. Dès avant l’adoption généralisée de la régionalisation avancée, elles ont bénéficié de plans de développement intégrés, soutenus par un effort public et parapublic considérable. Cette territorialisation anticipée a servi de modèle pour les autres régions du pays.

En termes de financements, les régions perçoivent 5 % des recettes nationales issues de l’impôt sur les sociétés (IS) et de l’impôt sur le revenu (IR). Toutefois, la répartition de la fiscalité locale demeure inégale, avec un poids plus important en faveur des communes et des préfectures. D’où l’importance pour les régions de diversifier leurs sources de financement, notamment par des mécanismes d’endettement encadrés.

Pour l’Association des Régions du Maroc, l’enjeu est désormais de consolider ces avancées. Cela implique un accompagnement continu des régions, un renforcement de leurs capacités, une gouvernance plus participative et une meilleure coordination entre les différents niveaux institutionnels. Plus qu’un objectif administratif, la régionalisation avancée est un outil stratégique au service d’un Maroc plus équitable, plus solidaire et plus ancré dans ses territoires.

 

Afifa Dassouli

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Financer l’investissement massif par une fiscalité efficace, le Maroc récolte les fruits de sa stratégie https://lnt.ma/financer-linvestissement-massif-par-une-fiscalite-efficace-le-maroc-recolte-les-fruits-de-sa-strategie/ Thu, 24 Jul 2025 14:38:15 +0000 https://lnt.ma/?p=532777 Dans le contexte économique ac-tuel du Maroc qui se caractérise par un programme d’investissements massifs et multisectoriels, la problématique de son financement s’impose ! A ce titre, le constat de l’augmentation régulière et constante des recettes fiscales, sur plusieurs mois d’affilés, contribue incontestablement à un certain confort budgétaire. Sachant que l’entrée en application de la […]

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Dans le contexte économique ac-tuel du Maroc qui se caractérise par un programme d’investissements massifs et multisectoriels, la problématique de son financement s’impose ! A ce titre, le constat de l’augmentation régulière et constante des recettes fiscales, sur plusieurs mois d’affilés, contribue incontestablement à un certain confort budgétaire. Sachant que l’entrée en application de la grande réforme fiscale, il y a trois ans, y est pour beaucoup !

Il faut rappeler que celle-ci a porté sur des modifications au niveau de l’impôt sur les sociétés, IS, réduit de 30 à 20%, puis de l’impôt sur le Revenu, IR dont les différentes tranches ont été élargies réduisant sa pression, et de la TVA ramenée à deux taux de 10% et 20%. Cette réforme a produit une plus grande clarté, systématisé les déclarations et élargi l’assiette fiscale tous azimuts.

Mais il en va également du travail de la Direction Générale des Impôts qui contribue à récolter ces ressources, les impôts directs : TVA, l’IR, l’IS, droits d’enregistrement pour l’État et les collectivités territoriales sachant qu’elle procède à des ristournes de 5% de l’IR, 5% sur l’IS et surtout 32% de la TVA à ces dernières. Dans le cadre de la politique de la régionalisation avancée, il faut savoir que les régions bénéficient également des recettes de la fiscalité territoriale, la Taxe professionnelle, la Taxe d’habitation, sur les services communaux, les terrains non bâtis et 17 taxes et redevances qu’elles collectent elles-mêmes.

D’ailleurs, une loi émanant du ministère de l’intérieur et entrée en vigueur le 12 juin dernier, porte sur la gestion des taxes indirectes et instaure le transfert de la gestion de ces taxes de la TGR à la DGI et un retour de la définition de l’assiette de la taxe d’habitation à la faveur des communes.

Ainsi, cette décentralisation se concrétise déjà par une forte progression de ces recettes en 2024 de plus 40% pour les services communaux et 25% de la taxe sur les terrains non bâtis. La réforme de la fiscalité locale engagée par le ministère de l’intérieur est la dernière phase de la grande réforme fiscale et la loi cadre qui la soutient, issues des Assises de la fiscalité. Sa durée de 5 ans se clôture en juin 2026.

Il s’agit d’instaurer dans les régions, une fiscalité plus encourageante à l’investissement avec deux familles de taxes, une sur l’activité économique et une foncière.

La DGI, encore plus engagée dans la collecte fiscale, se doit de continuer sa politique d’augmentation des recettes, tant au niveau de l’État central que des collectivités territoriales. Le constat actuel est certes que la croissance des recettes fiscales au niveau de l’État est supérieure à celles de la fiscalité locale. Parmi les causes il y a certaines failles de la loi fiscale qui sont en cause.

Par exemple, l’application de la taxe professionnelle est injuste du fait du plafonnement de sa base d’application, à 50 millions de dirhams pour les activités industrielles au détriment de celle des services et aussi prévoit un taux de 10% dans le premier cas et 30% dans le second. De plus l’effervescence des investissements s’accompagne d’une exonération de la taxe professionnelle sur 5 ans et de la TVA sur l’acquisition les équipements d’investissements dans le cadre de conventions signées avec l’État, qui sont à l’origine de manque de collectes au niveau régional.

Il s’agit donc impérativement de corriger ces incohérences pour que les recettes fiscales régionales confortent leur croissance. Car, les recettes fiscales doivent évoluer au rythme du PIB réel, voire au-delà ! C’est le cas au niveau de l’État en 2024, où elles ont cru quatre fois plus que le PIB, continuant sur cette lancée en 2025.

Surtout que la DGI, pour poursuivre dans cette voie, a introduit la retenue à la source de 75% de la TVA en juillet 2024, s’imposant ainsi dans le cycle de l’activité des entreprises. Cette décision lui a permis de cerner les contribuables en encadrant leurs activités. C’est de la fiscalité préventive qui lui permet d’exercer un contrôle en amont au lieu d’avoir à les contrôler après.

Selon la DGI, les résultats de ces mesures ont abouti à une baisse drastique des fausses factures, une avancée économique qui rétablit la concurrence loyale et la possibilité donnée aux entreprises transparentes de soumissionner aux marchés publics plus facilement. Celles qui payent leurs impôts, la RAS de TVA ayant permis d’éliminer les fraudeurs de factures. Par ailleurs, certains achats et importations de biens d’équipement, achetés en hors taxe, qui étaient revendus frauduleusement sur le marché noir, alors que la loi oblige de les garder 5 ans, ont aussi cessé net.

En conséquence de ces deux corrections de grande importance le paiement spontané de la TVA sur la totalité de son assiette a permis une importante augmentation des recettes de cette dernière. D’ailleurs, selon les chiffres de la DGI à fin avril 2025, les recettes fiscales dans leur globalité ont enregistré une progression remarquable de 28,1% par rapport à la même période de l’année précédente et à fin décembre 2024, une hausse de 16,1% avait déjà été constatée. Ce rythme soutenu date de 2022 et traduit l’efficacité des réformes fiscales successives, qui ont opéré un véritable changement de paradigme. Deux leviers majeurs ont soutenu cette transformation : le principe de la retenue à la source et la neutralisation des mécanismes de fraude cités plus haut.

Le principe de la retenue à la source a permis d’enregistrer des résultats tangibles. Ainsi, les recettes issues de la retenue à la source sur les honoraires ont atteint 3,5 milliards de dirhams, avec une progression de 90% en 2024, suivie de 21% à fin avril 2025. Ce même levier a permis non seulement d’absorber l’effet budgétaire des allègements fiscaux accordés aux salariés, mais aussi de porter le taux moyen de croissance des recettes issues de l’IR/Salaires à un niveau deux fois supérieur à celui observé avant la réforme.

Chez les personnes physiques tenant une comptabilité, les revenus déclarés au niveau des déclarations déposées en 2025 ont progressé de plus de 19% par rapport à 2024. Toujours grâce à la retenue à la source, 2 630 contribuables de cette catégorie ont vu leur contribution fiscale spontanée doubler, dont 1 268 ont déclaré des montants huit fois supérieurs aux niveaux habituellement observés.

Quant aux recettes liées aux profits fonciers, elles ont également bénéficié de ce levier, avec des hausses de plus de 20% en 2024 et de 14% à fin avril 2025. Pour les revenus fonciers, la progression a été particulièrement marquée : +196% en 2023, première année de mise en œuvre de la retenue à la source généralisée sur cette catégorie, +25% en 2024, puis +8,3% à fin avril 2025.

Cette dynamique haussière a aussi concerné les secteurs traditionnellement moins contributifs, comme la contribution fiscale du secteur agricole qui a progressé de plus de 69%, tandis que celle du secteur hôtelier a connu une augmentation de plus de 43% en 2025.

S’agissant de la TVA, la retenue à la source instaurée par la loi de finances 2024, et mise en œuvre à partir de juillet de la même année, a permis de mobiliser plus de 3,9 milliards de dirhams en neuf mois, soit un montant trois fois supérieur aux surplus annuels enregistrés avant la réforme.

Le second levier de cette fiscalité préventive repose sur la neutralisation des mécanismes de fraude. L’introduction d’une formalité obligatoire pour l’achat de matériel agricole a renforcé la traçabilité et favorisé la conformité, avec 5,3 milliards de dirhams HT de matériel tracé au profit de 2 921 contribuables en une seule année.

Le mécanisme de garantie encadrant les acquisitions de biens d’investissement a, quant à lui, recentré les exonérations de TVA sur les véritables investisseurs. Il en a résulté une hausse de 23% du volume global des investissements exonérés, accompagnée d’une réduction de 96% du nombre de bénéficiaires. Ce filtrage préventif a permis d’identifier plus de 6 600 entreprises à risque en 2024.

Enfin, la loi de finances 2023 a introduit un outil structurant avec la création du registre des inactifs. À ce jour, plus de 233 000 entreprises y ont été inscrites dans le cadre d’un vaste effort de mise à jour du registre fiscal, avec une liste d’attente en cours de traitement. Ce dispositif a permis une réduction de 83% du nombre de fausses factures, et de 74% en valeur, entre 2023 et 2024 pour les entreprises concernées.

Ainsi, les réformes engagées ont permis de consolider durablement les recettes fiscales, tout en renforçant les fondements d’un système plus robuste, plus équitable et plus sécurisé. En transformant des flux autrefois peu maîtrisés en recettes pérennes, elles assurent une mobilisation fiscale plus soutenable à long terme.

 

Afifa Dassouli

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Les chantiers structurants qui dessinent l’économie de 2030 et après https://lnt.ma/les-chantiers-structurants-qui-dessinent-leconomie-de-2030-et-apres/ Thu, 24 Jul 2025 14:37:58 +0000 https://lnt.ma/?p=532775 Au delà des effets d’annonce, le Maroc déploie depuis trois ans un portefeuille de projets d’infrastructures et d’investissements sectoriels d’une ampleur inédite. Qu’il s’agisse de sécuriser l’accès à l’eau, de verdir le bouquet énergétique, de moderniser la logistique ou de renforcer les services publics, chaque chantier répond à un objectif clair : affermir la souveraineté économique […]

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Au delà des effets d’annonce, le Maroc déploie depuis trois ans un portefeuille de projets d’infrastructures et d’investissements sectoriels d’une ampleur inédite. Qu’il s’agisse de sécuriser l’accès à l’eau, de verdir le bouquet énergétique, de moderniser la logistique ou de renforcer les services publics, chaque chantier répond à un objectif clair : affermir la souveraineté économique et faire passer un nouveau cap à l’économie.

La question hydrique est devenue prioritaire. À Casablanca, un colloque sur la « crise de l’eau » a permis au ministre Nizar Baraka de rappeler que le pays exploite déjà 17 usines de dessalement, en construit quatre et en programmera neuf autres d’ici 2030 pour atteindre une capacité annuelle de 1,7 milliard m³. « Il existait un décalage entre la politique agricole et la politique de l’eau, décalage qu’a exacerbé le changement climatique », a t il reconnu, insistant sur le rôle-clé des transferts d’eau et de la production d’énergie verte pour réduire les coûts du mètre cube.

Parmi les projets emblématiques figure la méga usine de Rabat Salé Kénitra, développée en partenariat public privé avec Veolia : d’une capacité de 300 millions m³ par an, elle sécurisera l’approvisionnement de près de 9 millions d’habitants pour un investissement de 10 milliards de dirhams. Les régions du Sud ne sont pas en reste : la station de Souss Massa, annoncée à 350 millions m³ annuels, consolidera l’essor agro exportateur d’Agadir et de Chtouka.

L’axe Eau Énergie se prolonge dans le partenariat stratégique conclu en mai 2025 entre l’ONEE, TAQA Morocco, Nareva et le Fonds Mohammed VI. Doté de 130 milliards de dirhams, il comprend la construction d’une ligne électrique de 1 400 km pour alimenter les usines de dessalement, le développement de 1 200 MW d’énergies renouvelables et le doublement de la centrale à gaz de Tahaddart, qui culminera à 1 500 MW à l’horizon 2028.

 

Un cap maintenu

Sur le front des renouvelables, le Royaume maintient son cap : dépasser 52 % de puissance installée verte d’ici 2030. Les parcs éoliens Aftissat III (100 MW) et Boujdour (300 MW) sont déjà stabilisés dans le pipeline, tandis que Noor Midelt II et IV ou encore GPM 2 et 4 apporteront plusieurs centaines de mégawatts solaires supplémentaires.

Cette dynamique sert de socle à la feuille de route de l’hydrogène vert (2020 2050). En mars, Rabat a présélectionné six consortiums internationaux pour des projets cumulant 32,5 milliards de dollars d’ici 2030. Le groupe OCP et Engie ont, de leur côté, signé un accord de principe portant sur jusqu’à 17 milliards d’euros d’investissements intégrant énergie renouvelable, ammoniac vert et dessalement destiné à l’irrigation des phosphates.

L’industrialisation suit la même logique : positionner le pays dans les chaînes de valeur du véhicule électrique. À Kénitra, Gotion High Tech lance la première gigafactory d’Afrique (6,5 milliards USD). « La production pilote sortira au troisième trimestre 2026 et la capacité passera rapidement de 20 à 40 GWh », a indiqué son directeur marocain Khalid Qalam. À Tanger Tech, le chimiste BTR finalise, pour 750 millions USD, deux unités de cathodes et d’anodes destinées à l’export européen.

En matière logistique, Marsa Maroc a ouvert son capital à Terminal Investment Limited (MSC) pour développer, à Nador West Med, un terminal de 3,4 millions de TEU dont la mise en service est programmée début 2027. Parallèlement, un accord avec CMA CGM prévoit un second terminal conteneurisé, renforçant la vocation hub du détroit et du futur port Dakhla Atlantique.

 

De grands projets de transport

Les transports terrestres montent en puissance. Le 24 avril, le roi Mohammed VI a validé un plan ferroviaire de 96 milliards de dirhams : extension de la ligne à grande vitesse jusqu’à Marrakech d’ici 2030, puis vers Agadir, et achat de 168 rames auprès d’Alstom, Hyundai Rotem et CAF. Objectif proclamé : porter la desserte à 43 villes et couvrir 87 % de la population à l’horizon 2040, tout en réduisant à 35 minutes le trajet Rabat–aéroport Mohammed V.

La modernisation des infrastructures sert aussi la stratégie sportive. Le ministère de l’Équipement annonce a budgétisé de larges sommes dès 2025 pour requalifier les voiries, stades et transports urbains des villes hôtes de la CAN 2025, puis des financements supplémentaires d’ici 2029 pour les liaisons inter villes en vue du Mondial 2030.

Le volet numérique suit un calendrier tout aussi serré : l’ANRT a lancé en juillet l’appel d’offres 5G. Le gouvernement vise 25 % de couverture en 2026 et 70 % en 2030. Maroc Telecom et Inwi ont déjà prévu 4,4 milliards de dirhams sur trois ans, via les joint ventures FiberCo et TowerCo, pour raccorder trois millions de foyers à la fibre et ériger 6 000 pylônes.

Dans la santé, le programme « Santé 2025 2027 » comprend la reconstruction ou la construction de 78 établissements hospitaliers pour 42 milliards de dirhams, la réhabilitation de 1 400 centres de santé de nouvelle génération (6,4 milliards de dirhams) et le nouveau CHU Ibn Sina de Rabat (6 milliards). Le ratio de professionnels de santé doit passer de 18 à 45 pour 10 000 habitants d’ici 2030.

L’État a par ailleurs acté un plan de reconstruction de 120 milliards de dirhams après le séisme d’Al Haouz de 2023. Étendu sur cinq ans, il combine relogement, réhabilitation d’infrastructures de base et relance économique pour 4,2 millions de personnes.

Enfin, le numérique, l’industrie du textile (investissement de 2,3 milliards de dirhams de Sunrise à Fès et Skhirat) et l’aérien — Royal Air Maroc a engagé 3,5 milliards USD pour les vingt premiers appareils de sa montée en flotte à 200 avions — complètent ce panorama d’investissements massifs, adossés au Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, à la CDG ou encore à des financements multilatéraux.

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Le Maroc se transforme : L’arbre et la forêt https://lnt.ma/le-maroc-se-transforme-larbre-et-la-foret/ Thu, 24 Jul 2025 14:36:58 +0000 https://lnt.ma/?p=532764 Toute pièce à son revers. Et la trajectoire de développement volontariste que suit notre pays ne fait pas exception. Entre la planification stratégique étatique et le libéralisme complet, le Maroc a choisi une voie médiane, un mix entre le keynésianisme et un modèle de croissance de startup en plein « scaling », qui fait écho […]

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Toute pièce à son revers. Et la trajectoire de développement volontariste que suit notre pays ne fait pas exception. Entre la planification stratégique étatique et le libéralisme complet, le Maroc a choisi une voie médiane, un mix entre le keynésianisme et un modèle de croissance de startup en plein « scaling », qui fait écho à sa singularité institutionnelle historique.

L’impulsion royale des réformes que connait le pays depuis plus de 25 ans est la colonne vertébrale de cette ambition et les accomplissements qui sont désormais des acquis parlent pour eux-mêmes. Pour autant, l’ambition n’éclipse pas les fragilités et la coexistence de deux Maroc n’est pas théorique. Les disparités économiques, les inégalités sociales, peuvent aussi être décomposées en de nombreuses itérations qui témoignent de la complexité de la réalité nationale. Plus que les clivages classiques entre pauvres et riches, les dualités sont nombreuses. La pauvreté à adresser est à la fois rurale et urbaine, les inégalités, territoriales et géographiques, le chômage des jeunes est endémique alors même que le pays est en plein développement, la santé privée se développe autant que l’isolement de certains de nos concitoyens contraints de manifester leur désespoir dans des marches de la dignité.

Il ne s’agit pas de revenir à une chasse aux sorcières pour pointer les responsabilités du passé, ni comprendre d’où on vient, mais simplement d’évaluer avec pragmatisme ce qu’il faut adresser en priorité pour s’assurer de la pérennité et du bénéfice réel pour le pays de la trajectoire en cours.

Par exemple, les « forces vives » de la nation, elles aussi, sont prises dans cet étau entre dynamique de développement et séquelles du passé. Les partis politiques nationaux, comme les syndicats d’ailleurs, et leurs dirigeants, sont devenus des spectateurs résignés et statiques, qui comme les saloons de western voient passer le train devant eux. Si leur idéologie, leur discours et posture politique n’ont pas su s’adapter, il est pourtant crucial qu’ils trouvent le moyen de contribuer pour nourrir et accompagner le développement du pays par des compétences et des convictions. Parce que même dans la métaphore où le Maroc serait une nouvelle forme de S.A., le PDG ne peut se passer de ses équipes pour opérationnaliser sa vision. La société civile, les intellectuels, les citoyens engagés, sont encore noyés par le comportement individuel trop souvent égoïste et incivile, en particulier chez les plus éduqués en théorie.

La corruption, la fraude, le « noir » et le « cash », les délais de paiement autant que les « on ne prend pas les chèques », sont aussi des marqueurs forts d’une mentalité de passager clandestin qui menace de gangréner toute avancée. Et, comme lorsqu’on vous double sur la droite ou que quatre voies se constituent sur une double voie, tous les Marocains, hommes et femmes, riches et pauvres, vieux et jeunes, éduqués ou analphabètes, en semblent capables, et c’est bien là le problème. C’est ce qui fait que même dans les domaines où une dynamique positive est enclenchée, vous trouverez quand même quelqu’un pour vous dire que malheureusement rien n’avance.

Par ailleurs, le Maroc n’est pas un vase clos, notre ouverture internationale est à la fois un héritage du passé et une stratégie contemporaine. Cela signifie aussi que nous subissons tout un tas de contraintes et de risques dont nous ne pouvons ni anticiper ni atténuer l’impact complètement. La pandémie de la Covid, l’inflation mondiale, les changements politiques chez nos voisins, et les tensions géopolitiques qui s’invitent à notre table, sont autant d’exemples qui doivent mettre en perspective la résilience de notre modèle qui est souvent tenue en exemple, mais qui a un certain prix.

C’est à l’aune de toutes ces vérités, paradoxes et challenges que nous vous invitons à appréhender ce numéro spécial dédié au Maroc qui se transforme, inexorablement, sous nos yeux. Les énergies positives y sont nombreuses pour relever les défis du développement de notre pays, qui se sont transformés en objectifs, chiffrés, datés et suivis. Des moyens structurels et colossaux, financiers et humains, sont engagés pour faire passer ce cap au Maroc et avec brio. Parce qu’« un homme avertit en vaut deux », c’est en connaissance de cause, conscients de toutes les réalités, que nous devons œuvrer seuls et ensemble, à concrétiser cette ambition.

 

Zouhair Yata

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L’investissement tous azimuts, fer de lance de la transformation marocaine https://lnt.ma/linvestissement-tous-azimuts-fer-de-lance-de-la-transformation-marocaine/ Thu, 24 Jul 2025 14:35:57 +0000 https://lnt.ma/?p=532772 Dans un contexte mondial instable, traversé par les secousses géopolitiques et une forte volatilité économique, le Maroc fait le choix assumé d’un volontarisme budgétaire inédit. Porté par une vision claire à l’horizon 2030, le Royaume engage un programme d’investissements massifs qui embrasse des ambitions multiples : souveraineté énergétique, transition écologique, montée en gamme industrielle, dynamisation […]

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Dans un contexte mondial instable, traversé par les secousses géopolitiques et une forte volatilité économique, le Maroc fait le choix assumé d’un volontarisme budgétaire inédit. Porté par une vision claire à l’horizon 2030, le Royaume engage un programme d’investissements massifs qui embrasse des ambitions multiples : souveraineté énergétique, transition écologique, montée en gamme industrielle, dynamisation des territoires, infrastructures sportives de niveau mondial, et services publics rénovés. Ce plan d’envergure repose sur une pluralité de leviers, du financement public au partenariat privé en passant par l’appui multilatéral du FMI notamment, et redessine les contours du rôle économique de l’État, des régions et du secteur financier.

Aujourd’hui, l’investissement brut pèse près de 30 % du PIB national. La composante publique représente à elle seule plus de 20 % du PIB, portée par un rythme moyen de croissance de l’investissement de +10 % par an. Cette dynamique s’accompagne d’un effort accru d’efficacité : le taux d’émission budgétaire atteint 82,6 % en 2023, contre 77,9 % en 2019, témoignant d’une montée en puissance opérationnelle. Les grands opérateurs publics, établissements, offices, entreprises stratégiques, concentrent leurs efforts sur les chantiers vitaux du pays : énergie, transport, eau, environnement, santé, éducation.

En parallèle, le Maroc cherche à faire émerger une nouvelle doctrine de l’investissement où le secteur privé assume une place prépondérante. L’objectif d’un basculement vers une configuration « deux tiers privé, un tiers public » reste ambitieux mais nécessaire pour garantir la soutenabilité des efforts engagés. Si le cadre juridique encadrant les partenariats public-privé (PPP), notamment la loi n°86-12 de 2015 révisée en 2020, existe, la concrétisation sur le terrain reste à transformer. Toutefois, les signaux se multiplient dans les énergies renouvelables, le dessalement, les infrastructures sportives et logistiques, la mobilité urbaine, etc. Autant de secteurs où la dynamique de co-investissement est désormais lancée.

Dans cet écosystème en transformation, les partenaires internationaux jouent un rôle clé. Le Fonds monétaire international accompagne activement le Maroc à travers des mécanismes inédits : une Ligne de Crédit Modulable de 4,5 milliards de dollars accordée en 2024, qui renforce la résilience externe du pays, et une Facilité pour la Résilience et la Durabilité (937,5 millions de dollars), ciblant les enjeux climatiques, énergétiques et institutionnels (cf entretien avec Mme Jaramillo Mayor, chef de Mission pour le Maroc au FMI). Ces instruments, conjugués à un dialogue macroéconomique étroit, permettent au Royaume d’afficher une trajectoire budgétaire maîtrisée tout en préparant deux importantes sorties internationales prévues en 2025.

Les marchés financiers, eux aussi, sont en pleine effervescence. La Bourse de Casablanca a atteint une capitalisation de 49 % du PIB, un record historique, portée par des conditions favorables aux introductions en bourse qui se multiplient, une liquidité accrue et un regain d’appétit pour le risque. Toutefois, certaines fragilités persistent. Le private equity, outil pourtant stratégique pour le financement des PME, est en repli structurel, faute de renouvellement des fonds. La titrisation reste marginale, concurrencée par le crédit bancaire classique. Ce dernier continue de dominer le paysage du financement, avec un encours représentant 75 % du PIB, dont 68 % destinés au secteur privé. Les crédits à l’équipement progressent autour de 16 % du PIB, mais le financement industriel reste stable (9 %), appelant à des mesures de stimulation ciblées. C’est l’objectif poursuivi par les nombreux roadshows bancaires destinés aux industriels et à la présentation des conditions et avantages de la nouvelle Charte d’Investissement.

Au-delà des chiffres, c’est une véritable reconfiguration sectorielle et territoriale qui est en marche. Le Maroc investit massivement dans le dessalement, avec plus de 140 milliards de dirhams programmés d’ici 2030 pour sécuriser ses ressources hydriques. L’hydrogène vert, enjeu géopolitique majeur des décennies à venir, mobilisera plus de 32 milliards de dollars dans des projets intégrés mêlant EnR, dessalement et production d’ammoniac.

 

La santé, avec la modernisation des CHU et la réhabilitation de plus de 1400 centres de santé, fait l’objet d’un investissement de plus de 14 milliards de dirhams. Les transports ferroviaires, les ports, les aéroports, le tourisme, les télécoms et même l’industrie des batteries sont autant de piliers ciblés pour renforcer la souveraineté stratégique du pays, et surtout à long terme.

 

À l’approche des grands rendez-vous internationaux que sont l’organisation de la CAN 2025 en fin d’année et la Coupe du monde 2030, le Maroc mobilise également des montants colossaux pour moderniser ses infrastructures urbaines, sportives et culturelles. Mais derrière cet élan volontariste, se pose une double question centrale : celle de la coordination stratégique des projets et celle de la soutenabilité du financement. À cette aune, l’année 2025 pourrait bien représenter un tournant. Un moment où le Maroc, fort de sa stabilité macroéconomique et de la crédibilité de ses réformes, tentera de concrétiser un nouveau pacte de développement durable, inclusif et résilient. pour Ibn Sina + 1,7 MMDH pour la modernisation des CHU.

 

Zouhair Yata


 

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Cap Maroc 2030 : Au-delà du foot https://lnt.ma/cap-maroc-2030-au-dela-du-foot/ Thu, 24 Jul 2025 11:53:35 +0000 https://lnt.ma/?p=532766 La Coupe du monde 2030 ne se jouera pas que dans les stades. En coorganisant cet événement avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc s’engage bien au-delà du sport. C’est une décennie de transformation nationale qui s’esquisse, dans la continuité d’une série de plans stratégiques (Maroc 2030, Maroc Digital 2030, Aéroports 2030…) qui placent le […]

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La Coupe du monde 2030 ne se jouera pas que dans les stades. En coorganisant cet événement avec l’Espagne et le Portugal, le Maroc s’engage bien au-delà du sport. C’est une décennie de transformation nationale qui s’esquisse, dans la continuité d’une série de plans stratégiques (Maroc 2030, Maroc Digital 2030, Aéroports 2030…) qui placent le pays sur les rails d’un repositionnement économique, social et institutionnel majeur.

Ce rendez-vous mondial agit comme un catalyseur : il active des leviers à court terme comme la ferveur sportive, stimule à moyen terme les infrastructures et le tourisme, et accélère sur le long terme les réformes structurelles. Le football, lui, joue le rôle de déclencheur émotionnel, en capitalisant sur l’épopée des Lions de l’Atlas au Qatar en 2022 qui a marqué un tournant. La première sélection africaine à atteindre une demi-finale de Coupe du monde, est devenu le symbole d’une nation jeune, ambitieuse et unie. Depuis, les investissements dans les académies de formation, les rénovations de stades (Casablanca, Fès, Agadir, Tanger) et l’organisation de la CAN 2025 participent à inscrire le sport dans une stratégie de mobilisation de la jeunesse.

Mais l’essentiel se joue ailleurs pour notre pays. Dans les coulisses du ballon rond, un effort logistique colossal est engagé. Le Maroc prévoit plus de 100 milliards de dirhams d’investissements dans les transports, la santé, l’hôtellerie et le divertissement pour se hisser au niveau des standards mondiaux. Le secteur du tourisme, déjà au cœur de la Vision 2020 puis relancé après le Covid, vise désormais les 300 000 lits touristiques d’ici 2030, contre environ 230 000 aujourd’hui. Le plan Aéroports 2030 prévoit la modernisation de plusieurs terminaux, et l’ONDA travaille à améliorer l’expérience passager dans un contexte d’explosion attendue du trafic aérien.

En parallèle, la digitalisation est une autre priorité. La stratégie Maroc Digital 2030 veut faire émerger des solutions numériques locales, renforcer les services publics en ligne, et générer de l’emploi dans la tech. Dans ce contexte, la transformation numérique de l’administration, la cybersécurité, la connectivité territoriale et l’inclusion digitale sont des piliers. Et, cette dynamique s’inscrit dans un agenda plus vaste avec la généralisation de l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO), la réforme de la Moudawana, les débats autour des peines alternatives dans le code pénal, ou encore l’introduction du permis à points, qui traduisent une volonté de bâtir un nouveau contrat social.

Le Maroc n’est pas seul dans son action et bénéficie du soutien des institutions internationales, à l’image du FMI qui vient renforcer et soutenir cette ambition nationale. La ligne de crédit modulable de 4,5 milliards de dollars accordée au Royaume pour accompagner ses réformes structurelles et sécuriser ses réserves de change est en effet un signal fort pour les investisseurs et une reconnaissance internationale de la trajectoire choisie.

Le financement est au cœur des enjeux dans tous les secteurs amenés à se moderniser mais l’enjeu est également territorial pour que ce développement bénéficie autant que possible à tout le pays et nos concitoyens dans leur globalité. Le rôle des régions, mais aussi des collectivités territoriales prend une nouvelle dimension dans ce contexte, avec des accès aux financements diversifiés et une obligation de résultats et de transparence qui va de pair avec la mobilisation de fonds privés.

Au-delà du football, c’est bel et bien l’avenir durable du pays qui est en jeu et l’ampleur de la tâche est à la hauteur de l’ambition, colossale.

 

Zouhair Yata

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