Des policiers catalans (g) et espagnols, le 25 septembre 2017 à Barcelone © AFP LLUIS GENE
La police catalane devait mercredi se prononcer sur l’ordre qui lui a été donné de mettre sous scellés les bureaux de vote du référendum interdit en Catalogne, alors que l’agitation dans la région s’étend aux lycéens.
A quatre jours du référendum, le parquet devait tenir à la mi-journée une réunion de coordination avec le chef de la police catalane, Josep Lluís Trapero, afin de déterminer comment ses agents allaient exécuter la mise sous scellés des bureaux de vote et leur surveillance jusqu’à dimanche soir.
Une mission délicate pour la police régionale, vu sa proximité avec la population catalane. Plus de 700 mairies catalanes sur 948 se sont engagées à organiser le référendum.
Le gouvernement catalan avait annoncé son intention de disposer de près de 2.700 bureau de vote, soit le même nombre que lors des dernières élections catalanes.
« Ils vont probablement empêcher que les gens votent dans les grandes villes », réduisant ainsi au maximum le nombre de votants pour que le référendum ait le moins de légitimité possible, estimait mercredi une source judiciaire haut placée.
« C’est faisable… le problème c’est les troubles que cela pourrait entraîner », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’association Juges pour la démocratie Ignacio Gonzalez.
Les lycéens séparatistes ont décidé de se mettre en grève à partir de mercredi justement pour occuper leurs établissements, qui pourraient servir de bureaux de vote.
« Nous appelons tous les étudiants à s’organiser. Nous défendrons les collèges et nous ferons campagne jusqu’au bout », a affirmé sur Twitter la principale organisation d’étudiants en Catalogne (SEPC).
Pour ajouter à l’agitation ambiante, un petit syndicat anarchistes, la CGT, a d’ores et déjà appelé à une grève générale à partir du 3 octobre.
Reste encore à connaître la position des deux principales organisations syndicales (UGT et CCOO).
– L’attitude « déconcertante » de Rajoy –
Après la nouvelle décision du parquet, les critiques contre le gouvernement de Mariano Rajoy ont fusé, l’accusant de se cacher derrière la justice. « On a la sentation qu’il évite les responsabilités », a reconnu la source judiciaire.
Dans un éditorial très virulent, le quotidien El Pais a dénoncé « l’absence du gouvernement » et une attitude « déconcertante, insuffisante et qui frôle l’irresponsabilité ».
« Il revient au gouvernement et non au procureur d’expliquer, jour après jour, ce qu’il est en train de faire, quelles mesures il est en train de prendre et celles qu’il va prendre », jugeant qu’il est déjà « très tard pour que le gouvernement soit à la hauteur du moment historique que nous vivons ».
L’un des plus connus des écrivains espagnols, le catalan Eduardo Mendoza, signe mercredi une tribune où il fustige les capacités intellectuelles selon lui « limitées » du gouvernement.
« Il gronde, rappelle à l’ordre et menace, obtenant un résultat complètement contraire à celui recherché, pour autant qu’il cherche à trouver une solution et non à crisper les esprits à des fins électorales », a-t-il regretté.
Le secrétaire général du PSOE Pedro Sanchez avait déjà reproché la veille au Parti populaire « l’utilisation de la confrontation territoriale comme manière de gagner des élections ».
« Nous vivons peut-être un moment historique sans précédent en raison de l’acharnement de certains indépendantistes à nier des siècles d’histoire partagée entre les Espagnols et pour en finir avec des années de stabilité démocratique pour laquelle se sont battus nos parents », a semblé répondre la vice-présidente Soraya de Santamaria devant le Congrès.
Peu avant, le groupe séparatiste basque ETA, auquel on attribue 829 morts au nom de sa lutte pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre a assuré que l’Etat espagnol était « une prison pour les peuples », dans un communiqué publié par le journal basque Gara.
La crise catalane porte d’ores et déjà atteinte à la gestion des affaires courantes.
M. Rajoy, qui a obtenu mardi à Washington le soutien du président américain Donald Trump, a annulé sa participation au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne en Estonie vendredi.
Et le gouvernement a reconnu mardi soir qu’il ne serait peut-être pas en mesure d’obtenir l’approbation du budget 2018 avant la fin de l’année, les élus nationalistes basques ayant refusé de le soutenir.
La France, par la voix de la ministre des Affaires européennes Nathalie Loiseau, a elle aussi apporté son soutien à M. Rajoy.
LNT avec Afp