
Une affiche appelant à voter au référendum de l'indépendance en Catalogne à Barcelone, le 13 septembre 2017 © AFP LLUIS GENE
Les séparatistes catalans lancent jeudi leur campagne pour le référendum interdit du 1er octobre, défiant Madrid et le parquet général d’Espagne qui a menacé la veille les maires de Catalogne de poursuites s’ils y participaient.
Mercredi, les menaces du parquet vis-à-vis des maires –ils risquent notamment une arrestation– ont encore échauffé les esprits dans cette région du nord-est de l’Espagne de 7,5 millions d’habitants, provoquant un tollé parmi les 700 édiles concernés.
Le président indépendantiste catalan Carles Puigdemont a dénoncé une « atrocité… peu digne d’une démocratie », et annoncé qu’il participerait samedi à une manifestation à Barcelone au côté des maires pour protester contre l’annonce.
Dès jeudi, il participera à un meeting dans d’anciennes arènes à Tarragone, ville à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Barcelone, à 20h00 (18h00 GMT).
Non sans incertitudes: un juge administratif a déjà annulé à Madrid un autre acte de promotion du référendum, partant du principe qu’il est interdit.
– La Catalogne divisée –
Les Catalans sont profondément divisés, selon les sondages, même si plus de 70% d’entre eux sont favorables à un référendum légal.
Sur les dix villes catalanes les plus peuplées, six ont pour le moment refusé de s’impliquer directement dans l’organisation du scrutin – dont Barcelone (1,6 million d’habitants).
La Catalogne connaît depuis le début des années 2010 une montée de l’indépendantisme, liée notamment à l’annulation partielle du nouveau statut d’autonomie qui lui conférait des compétences élargies et la reconnaissait en tant que « Nation » dans l’Etat espagnol.
La tension s’est vivement accrue depuis que le parlement catalan a adopté le 6 septembre une loi organisant ce référendum, convoqué ensuite par le gouvernement de Carles Puigdemont.
La loi a été presque immédiatement suspendue par la Cour constitutionnelle, qui a prévenu ses organisateurs qu’ils risquaient des poursuites.
Le chef du gouvernement conservateur espagnol, Mariano Rajoy, bien décidé à empêcher la consultation, a de nouveau appelé les dirigeants catalans à se plier aux décisions de justice: « Si la loi n’est plus respectée, cela signifie que la volonté de la majorité des citoyens ne sert absolument à rien et que chacun peut faire ce qu’il juge opportun », a-t-il déploré.
– « La Constitution prévaudra » –
Le roi Felipe VI, chef de l’Etat censé incarner son unité, est sorti de sa réserve mercredi se disant sûr que « la Constitution prévaudra sur toute rupture du vivre-ensemble ».
Ignorant Madrid, Carles Puigdemont a aussi lancé un nouveau défi à l’Etat en publiant sur Twitter deux nouvelles adresses web consacrées au référendum, alors que la garde civile venait d’annoncer la fermeture d’un précédent site.
Il a promis « que les gens pourront voter le 1er octobre, alors que le gouvernement de Mariano Rajoy répète à qui veut l’entendre « qu’il n’y aura pas de référendum ».
Indifférents à la menace, 712 maires catalans sur 948 se sont engagés à céder des locaux pour le référendum.
Mercredi le parquet général a du coup ordonné aux procureurs de Catalogne de citer ces maires à comparaître, « en tant que mis en examen » soupçonnés de coopérer à « l’organisation du référendum illégal ».
– « Qu’ils nous arrêtent ! » –
Au cas où un maire ne répondrait pas, le parquet demande même d' »ordonner son arrestation » pour qu’il soit amené au parquet « dans les plus brefs délais ».
« Quand plus de 700 maires sont poursuivis par la justice, ce ne sont pas les maires qui ont un problème, c’est la justice », a déclaré Miquel Buch, maire de Premià de Mar (28.000 habitants) et membre du PDeCAT (conservateur et indépendantiste)
« Qu’ils nous arrêtent ! Ils sont fous ! », a réagi David Rovira, le maire de l’Espluga de Francoli (3.800 habitants), également du PDeCAT.
La CUP, petit parti d’extrême gauche séparatiste, a de son côté assuré que les maires issus de ses rangs ne comparaîtraient pas.
Lundi, des centaines de milliers de personnes avaient ainsi de nouveau défilé à Barcelone en faveur du référendum et du « oui » à l’indépendance.
LNT avec AFP