
Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Le Royaume a connu depuis le 5 janvier dernier, un épisode climatique particulièrement sévère caractérisé par de nombreuses chutes de neige sur les reliefs montagneux, une baisse notable des températures, des vents violents et des pluies abondantes et de forte intensité en plaines notamment.
Si ces intempéries sont indéniablement profitables pour la campagne agricole et les réserves hydrauliques, (retenues des barrages, nappes phréatiques etc.), les pluies qui se sont déversées sur les divers tissus urbains ont causé des dégâts très conséquents au niveau des infrastructures, routières, notamment, mais aussi chez l’habitant.
Et c’est Casablanca, la grande métropole urbaine et ses environs qui ont été les plus gravement touchés avec des effondrements de maisons menaçant ruine, des dégâts des eaux affectant les domiciles, les entreprises, les moyens de transport, y compris ceux personnels, etc.
Des pertes humaines sont à déplorer tandis que les préjudices matériels sont énormes au niveau de toute l’agglomération.
Face à cette situation, force est de dire que la réaction des responsables publics a été en dessous de tout, surtout celle des élus de la communauté urbaine qui, très vite, se sont empressés de dégager leur responsabilité en incriminant le délégataire, la Lydec, l’accusant d’avoir failli à ses responsabilités et la sommant d’indemniser les citoyens victimes de ces inondations.
La Lydec, quant à elle, a effectivement mobilisé tous ses moyens d’intervention rapidement pour tenter de ramener les choses à la normale, dans une réaction « post-catastrophe », alors que le mal était déjà fait !
Devant la colère des citoyens casablancais, les responsables de la Wilaya ont entrepris des visites d’évaluation et de contrôle, afin de montrer que l’État n’était pas insensible aux dommages causés et mettre les uns, (les élus), et les autres, (la Lydec), devant leurs responsabilités, politiques pour les premiers, contractuelles pour la seconde.
Mais, comme à chaque fois que de telles situations se produisent, on a le sentiment que la préoccupation de tous est de tout faire afin d’éviter de « porter le chapeau » et non de tirer les leçons, durablement, des expériences précédentes !
Or, ces précipitations catastrophiques pour Casablanca n’étaient pas véritablement exceptionnelles en ce sens qu’elles se sont déjà plusieurs fois produites au cours de la dernière décennie.
Aujourd’hui, a postériori donc, c’est à travers la presse que l’on tente d’expliquer et de justifier ce qui s’est passé, en usant de termes techniques à l’envi, de considérations puisées dans des programmes projets d’investissement et d’équipement à ce jour non réalisés ou en cours de réalisation, d’évolution du tissu urbain, etc., en soulignant le caractère exceptionnel de cette ampleur des précipitations.
Et, cerise sur le gâteau, le Chef du gouvernement, qui a le pouvoir de décréter l’état de catastrophe naturelle, ouvrant la voie aux mécanismes d’indemnisation prévus par la loi, afin de dédommager les nombreuses victimes, se complaît jusqu’à présent dans un silence total, ce qui, au demeurant, ne sera pas oublié par les Casablancais lorsqu’ils iront voter prochainement.
Or, dans toute cette affaire, la grande question qui s’est posée dans toute son ampleur, c’est le caractère réactif des différentes instances responsables, alors que le maître-mot tient plutôt à la capacité de prévention.
Car, même devant une situation exceptionnelle comme veulent l’accréditer la Communauté urbaine et la Lydec, les dégâts et leur multiplicité à l’échelle du tissu urbain dans son entier, n’ont pas seulement touché les « points bas » de la ville ou les quartiers périphériques nouveaux et mal équipés.
Ces pluies ont permis de montrer à quel point l’impréparation était grande, à quel point la politique de prévention était sinon absente, du moins faible !
La Lydec, qui a cherché dans une conférence de presse récente à s’exonérer de toute responsabilité et la Communauté urbaine qui a profité d’un passage de son président sur une chaîne de télévision nationale pour « charger » le délégataire, sont pourtant aux yeux des Casablancais les responsables de ces « bienfaits du ciel » qui se sont transformés en catastrophe !
Aujourd’hui, parce qu’après la pluie vient le beau temps, organiser une chasse aux sorcières relèverait seulement de la posture politicienne.
Seule devrait compter, dans un esprit de sagesse et de responsabilité, la mise en œuvre du principe de reddition des comptes qui serait opéré par l’État et ses structures dédiées à cet exercice afin qu’au-delà des éventuelles sanctions, chacun comprenne que l’exceptionnel fait partie de la vie et que tout doit être mis en oeuvre en amont pour prévenir de telles catastrophes ou du moins, en atténuer le plus possible les effets.
Le Casablancais n’a pas à se préoccuper de la largeur des conduites d’eau ou de la qualité du système d’évacuation des eaux pluviales !
Car l’obligation des responsables est de veiller au confort et à la sécurité des biens et des personnes en toutes occasions.
Jouer à « c’est pas moi, c’est l’autre » n’est absolument pas de mise en de telles circonstances !
Fahd YATA