Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Les travaux de la grande et profonde opération de relifting du mythique hôtel Lincoln, fermé et abandonné depuis 1989, avancent à un rythme soutenu. Cette bâtisse, témoin d’une belle époque casablancaise, s’apprête à vivre une nouvelle vie après des années de coma.
En effet, sur les lieux, on peut facilement constater que la magnifique façade de l’hôtel, élément central et défi principal de cette opération de rénovation et de réhabilitation, prend de plus en plus forme.
Il est important de rappeler que, classée patrimoine historique national en 2000, cette façade du Lincoln, si chère aux Casablancais, a toujours constitué à la fois un socle identitaire important pour le futur hôtel et un challenge technique majeur pour le maître d’ouvrage du chantier compte tenu des spécificités techniques liées à la réhabilitation de cette façade. En effet et dès le départ, il a été fortement exigé et imposé des techniques innovantes à la pointe de la technologie : « Il s’agit, entre autres, de travaux de spécifiques de reprises en sous-œuvre, sous la surveillance permanente d’un système de monitoring de la façade », dit-on auprès de l’entreprise chargée du maintien et la sauvegarde de la façade, ajoutant que ces travaux de réhabilitation de la façade d’une durée d’une année, qui ont nécessité des moyens techniques et financiers importants, constituent un préalable au démarrage de la construction effective de l’hôtel.
Important de préciser également que cette façade va devenir l’élément central du logo du futur Lincoln dont la fin des travaux est prévue pour 2025. D’une surface plancher de 13 500 m2, l’hôtel 5 étoiles prévoit 120 chambres et suites réparties sur trois niveaux. Le nouveau bâtiment proposera également deux restaurants, deux bars, un salon de thé, un espace coworking, des espaces de séminaires modulables, un rooftop et un parking couvert sur deux niveaux de sous-sols. L’aménagement et la décoration des espaces intérieurs s’articulent autour de l’idée de la modernité marocaine dont Casablanca est un emblème mythique.
Dans la continuité de la posture adoptée pour la réhabilitation de l’enveloppe, les intérieurs sont construits sur la juxtaposition de matériaux locaux traditionnels, mettant à l’honneur les matières naturelles (terre cuite, travail du bois, terrazzo, zelliges, etc.), ainsi que le savoir-faire des artisans marocains et de leur réinterprétation contemporaine.
A Casablanca et pour beaucoup de Bidaouis, le Lincoln est un bâtiment qui compte énormément. On s’impatiente de voir ce monument historique de la métropole réhabilité.
Bâti par le protectorat français en 1916, l’hôtel Lincoln, classé depuis 2000 parmi les monuments Art Déco de Casablanca, devrait redonner et revaloriser le centre-ville de la capitale économique, particulièrement du côté du boulevard Mohammed V aujourd’hui dans un état lamentable et très mal entretenu.
En effet, quel Casablancais de souche prend encore le temps de lever les yeux quand il passe à côté des fortifications des bâtisses art-déco de ce mythique boulevard ? Face à un spectacle affligeant, les vrais Bidaouis pleurent certainement leur Casablanca d’antan.
C’est dire que tout l’espoir est tourné aujourd’hui vers la réouverture du nouvel hôtel Lincoln conçu pour être non seulement un espace destiné au tourisme d’affaires, mais aussi un espace de luxe pour les city-breakers, les croisiéristes, etc. Autrement dit, vivement la nouvelle aventure d’un Lincoln, certes stratégique pour le développement et l’embellissement du premier down-town de Casablanca, mais surtout qui vient en renfort de la capacité hotellière de Casablanca, particulièrement à une année de la CAF et à 5 ans de Coupe du Monde. Deux grands événements pour lesquels la ville la plus peuplée du pays doit être à jour.
Hassan Zaatit
Pour l’histoire…
L’immeuble Bessonneau, communément appelé “hôtel Lincoln” par référence à l’hôtel qu’il abritait est conçu par l’architecte français Hubert Bride. Construit en 1916 sur le Bd Mohammed V (ex-BD de la Gare), tous les immeubles du Bd construits à la même époque ont été plus au moins calqués sur Bessonneau.
Cet édifice, érigé au début du 20ème siècle sur ce qui s’appelait alors Boulevard de la Gare, en face du Marché Central, occupe une superficie de 2.800 m2. Haut de près de 20 mètres, élevé sur trois étages, il compte 60 appartements, un sous-sol et une galerie commerciale au rez-de-chaussée. L’hôtel Lincoln est construit, dans un Casablanca cosmopolite en pleine ébullition, considéré alors comme un laboratoire urbanistique d’avant-garde, lieu de rencontre des génies les plus audacieux. Mais l’hôtel Lincoln est aussi et surtout, un témoin essentiel du patrimoine Art-Déco de Casablanca. Au début du siècle dernier, l’architecture mauresque fascine très vite les constructeurs, venus s’implanter au Maroc.