Les autorités publiques de la capitale économique mènent depuis quelque temps une campagne d’assainissement contre la « ruralisation » de la ville. Mais cette mobilisation reste timide et sans véritable impact ! SDF, « ferrachas », charrettes, baraques, toilettes publiques en situation désastreuse, de même que les trottoirs, les voiries publiques et l’hygiène, déficit en équipements de base… En somme, la ruralisation est bel et bien en marche, à un rythme soutenu. Ce phénomène très inquiétant démontre, pour la énième fois, à quel point Casablanca recule à tous les niveaux. Le tout avec un cachet rural et des comportements sociaux d’incivisme graves !
En effet, Dar El Beida n’est plus cette agréable ville côtière, témoin d’un héritage art déco, exemple de développement urbain et de civisme. Loin de là, Casablanca est aujourd’hui une ville malade et chaotique au niveau de ses services, ses infrastructures, ses espaces verts, son organisation urbaine, son habitat, ses centres socio-culturels et sportifs, sa propreté… tout cela se dégrade de plus en plus. D’ailleurs, le constat n’est pas nouveau et n’étonne personne, mais on le dira pas assez : Casablanca, la métropole qui se veut concurrentielle des grandes capitales du monde, continue de faire marche arrière.
Dans la même lancée, la situation sociale, notamment le chômage, s’aggrave davantage. L’exode rurale vers Casablanca reprend ses couleurs d’antan. À cause notamment de la sécheresse qui risque de frapper l’année agricole, les difficultés climatiques, la discrimination, l’isolement et le chômage, la campagne marocaine se vide de ses jeunes, qui envahissent la ville dans l’espoir de s’assurer leur gain-pain.
Et apparemment, cette nouvelle génération des jeunes du monde rural ne veut pas vivre le même calvaire que ses ancêtres. Internet, les réseaux sociaux et les nouvelles technologies de la communication ont alimenté cette envie de vivre dignement, voire correctement.
Et quand ce n’est pas l’Hrig, une alternative qui fait toujours fantasmer les jeunes campagnards, c’est l’exode interne qui attire, particulièrement en cette période marquée par une année agricole très difficile, et où les offres d’emploi se font rares à cause de la sécheresse.
Et ce n’est pas fini ! Le dossier des Subsahariens d’Ouled Ziane est toujours brûlant. C’est une autre problématique épineuse et délicate imposant à Casablanca d’en trouver les solutions adéquates dans l’urgence.
Qu’a donc préparé la ville pour accueillir dans de bonnes conditions les nouveaux et futurs arrivants, aussi bien de chez nous que d’Afrique Subsaharienne ? Telle est la grande question.
Autre problématique, autre enjeu de taille : la surpopulation des nouveaux sites d’habitation périphériques. Lahraouiyyine, Annassim, Attachrouk, ces nouveaux quartiers abritant les relogés des Douars et autres habitats insalubres, se sont très vite transformés en ghettos et bidonvilles. Résultat : Casablanca vie aujourd’hui au rythme d’une pure reproduction du passé, du temps de la première vague d’exode rurale avec ce grand risque de la prolifération de la ‘‘ruralisation’’, la marginalisation, la ghettoïsation. Autant de milieux urbains qui, au fil du temps, ont fini par devenir des terrains de chasse pour les politiciens, les achats de voix y étant une pratique malheureusement courante…
Ceux, maintenant, qui estiment que ces espaces pourront offrir une quelconque possibilité d’intégration (à travers uniquement une liaison par le tram), se leurrent sur toute la ligne !
Hassan Zaatit