La fille unique de Franco voulait bien admettre qu’il avait été un chef de famille autoritaire et machiste. Mais jusqu’à sa mort vendredi à 91 ans, Carmen Franco aura défendu l’oeuvre du dictateur espagnol.
Grand-mère élégante à la chevelure châtain et au regard pétillant, Carmen Franco Polo restait la présidente d’honneur de la Fondation nationale Francisco Franco, créée pour célébrer la figure du « Généralissime, Caudillo par la grâce de Dieu », mort de maladie en 1975 après 36 ans au pouvoir.
Jusqu’à l’année dernière, quand elle sortait d’une messe à la mémoire de son père, les participants faisaient encore le salut fasciste sur le parvis de l’église, en plein Madrid.
« Mon père, c’est à l’Histoire de le juger, pas à moi », s’est-elle justifiée cette année dans l’épilogue d’une biographie romancée – autorisée – écrite par la journaliste Nieves Herrero sur la base de conversations avec elle. « Quand on me dit qu’il était un dictateur, je ne le nie pas mais ça ne me plaît pas parce que c’est dit souvent comme une insulte alors que pour moi, ça ne semble pas si grave ».
Dans une Espagne mal guérie de sa guerre civile et de la dictature, ses enfants et petits-enfants – à la vie parfois tapageuse – font à présent encore l’objet d’une curiosité constante de la presse « people », qui les traite comme n’importe quelle célébrité.
Mais la famille se voit régulièrement reprocher de profiter de la fortune opaque du dictateur – dont un très grand nombre de biens immobiliers – que des journalistes évaluent en centaines de millions d’euros.
« Carmen Franco a été l’administratrice de tout ce qu’avaient volé son père et sa mère, une fortune qui n’était pas légale », dit Emilio Silva, un fondateur de l’Assocation pour la récupération de la mémoire historique.
Un patrimoine dont Carmen assurait pourtant qu’il n’était « pas aussi spectaculaire que les gens le pensaient ».
LNT avec Afp