Parler de cannabis « thérapeutique » est une dénomination « abusive et dangereuse » qui « trompe les attentes des patients », dénonce l’Académie nationale de pharmacie, alors qu’une légalisation de cet usage sera expérimentée en France d’ici quelques semaines.
Selon l’institution, l’expression même de « cannabis thérapeutique » est à bannir, car elle entraîne « une banalisation de préparations de cannabis » qui comportent des dangers pour la santé et ne présentent pas les mêmes garanties que des médicaments.
Un groupe d’experts mis en place par l’Agence du médicament (ANSM) doit se prononcer fin juin sur les contours d’une future expérimentation du cannabis thérapeutique, qui autorisera l’usage de préparations directement issues de la plante dans certaines indications bien définies et en cas d’échec des autres médicaments et thérapies disponibles.
« Mélange végétal composé de 200 principes actifs différents, variables en quantités et en proportions en fonction des modalités de culture, de récolte, de conservation, n’étant ni dosé, ni contrôlé, le cannabis dit thérapeutique ne peut apporter les garanties d’un médicament », estime pourtant l’Académie de pharmacie dans un communiqué.
Deux molécules contenues dans le cannabis, le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD) « fournissent les principes actifs de médicaments », de même que « la morphine extraite du pavot », compare-t-elle.
« Pour autant, même si la morphine ou la codéine entrent dans la composition de médicaments, l’opium +thérapeutique+ n’existe pas ».
L’Académie de médecine souligne encore que le statut de médicament « dépend d’un processus rigoureux de contrôle, d’analyse des risques et de validation » et juge que « toute appellation +médicale+ ou +thérapeutique+ appliquée à un produit n’ayant pas suivi ce long processus réglementaire, est abusive et illicite ».
Elle met par ailleurs en garde contre les risques de dépendance, d’ingestion accidentelle par les enfants, d’infarctus et de cancer du poumon liés à l’usage du cannabis.
LNT avec AFP