Le Prince Héritier Moulay El Hassan a présidé, mardi à Sahrij Souani à Meknès, l’ouverture de la 14e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM-2019), organisée du 16 au 21 avril autour du thème « l’agriculture, levier d’emploi et avenir du monde rural ». Déployé sur une superficie de 185.000 m² dont 95.000 m² couverts, ce Salon, qui connaît la participation de 1.500 exposants de 60 pays, est l’occasion propice de débattre de plusieurs questions en lien avec l’agriculture marocaine, notamment les moyens de promouvoir l’emploi dans le monde rural.
A Meknès, l’information principale du début du salon est sans nul doute la confirmation que l’on craignait d’une campagne céréalière plus que médiocre. En effet, au fil des mois de cette année, la rareté de la pluie se précise. Et jusqu’à maintenant, exceptés quelques jours de pluies générales il y a une semaine de cela, les temps sont marqués par des chutes de température le soir et les matinées et des vagues de chaleur tout au long de la journée. Dimanche dernier, à El Haouz, Chaouia et R’hamna, la température a atteint 33°. Cette situation climatique n’est pas bonne du tout pour les plantes, les cultures saisonnières et autres céréalières. La pluie, cette année, n’a pas été au rendez-vous. Dans nos campagnes, la tension monte d’un cran. La rareté de la pluie coûte très cher aux agriculteurs, les petits en particulier. Très vite, les prix de l’aliment pour bétail ont pris leur envol. Et cette situation d’attente des pluies n’est pas sans impacter la création d’emploi et de valeur ajoutée dans le monde rural.
Rappelons que le secteur agricole emploie plus de 4 millions de Marocains, soit 38,7% de la population active occupée. Ces derniers temps aussi, le recours aux bonbonnes de gaz pour pomper l’eau des puits se fait à un rythme continu. A Marrakech par exemple, dans la région d’El Haouz, on aura compris que la générosité du ciel n’est toujours pas au rendez-vous, d’où le recours aux techniques d’irrigation disponibles, notamment les bouteilles de gaz dans le grand espoir de sauver sa saison agricole.
C’est dire que les temps sont difficiles dans la campagne marocaine. Pourtant, il est quand même important de rappeler que la saison agricole 2018-2019 a démarré dans des conditions plus favorables que lors de l’année précédente. La moyenne des précipitations a atteint jusqu’au 9 novembre 131,4 mm, soit une progression de 137% par rapport à la normale (55 mm), tandis que le taux de remplissage des barrages est passé de 4 à 7,71 milliards de m3, soit environ +58% en comparaison avec l’année précédente. La réserve des barrages à usage agricole permettra ainsi de couvrir les besoins en irrigation des terres agricoles pendant deux ans, dit-on auprès de l’Agriculture selon qui, en 2019, les superficies équipées en irrigation agricole atteindront 610.000 Ha. De même, la superficie assurée devrait s’établir à quelque 1,5 million d’hectares, dont un million réservé aux céréales et 500.000 aux arbres fruitiers.
Au-delà, il est aussi important de souligner que plusieurs facteurs concomitants laissent aujourd’hui entrevoir le risque du passage du Maroc d’une situation de stress hydrique à celle de la pénurie d’eau. Les besoins actuels en eau dépassent de plus en plus les ressources renouvelables disponibles, sous l’effet particulièrement de la pression démographique, de la dégradation de la qualité des eaux à cause des rejets et du retard accumulé en matière d’assainissement notamment en milieu rural. En particulier, les besoins sans cesse croissants de certains secteurs comme l’agriculture suscitent d’importants défis. Ce secteur consomme, à lui seul, près de 85% des ressources en eau renouvelables, soit un niveau supérieur à la moyenne mondiale qui est d’environ 70%. C’est dire à quel point une gestion des plus rationnelle des ressources hydriques s’impose avec de plus en plus d’urgence.
En attendant, la campagne céréalière ne devrait dépasser 60 millions de quintaux. Les Fellahs de Chouia, fief de la production céréalière par excellence au Maroc, restent pessimistes. A ce rythme climatique, la campagne céréalière pourrait même tourner cette année entre 40 et 50 millions de quintaux. Dans ses prévisions pour 2019, BAM avait indiqué que la campagne céréalière de l’année en cours serait de 60 millions de quintaux après avoir prévu dans un premier temps 80 millions de quintaux. Dans la loi de finances 2019, les prévisions sont de 70 millions de quintaux.
Il est important de rappeler que l’année précédente, la campagne céréalière avait atteint 98,2 millions de quintaux. Pour rappel aussi, à l’occasion du lancement à Al Haouz de la campagne agricole 2018-2019 a été lancée à Al Haouz, le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch avait fait savoir que son département allait consacrer 2,2 millions de quintaux de semences sélectionnées avec des prix de vente incitatifs et subventionnés, alors que le ministère allait garantir l’approvisionnement du marché d’engrais avec 680.000 tonnes, tout en mettant en œuvre les acquis et les résultats de la Carte du sol relative à la rationalisation de l’utilisation des engrais. Il avait en outre, indiqué que son département avait programmé 557.000 ha d’irrigation dans les grands périmètres. Il était question aussi de la poursuite de l’exécution du PNEEI à travers l’équipement des domaines agricoles du système d’irrigation localisée sur une superficie additionnelle de 50.000 ha, ce qui permettrait d’atteindre 610.000 ha, outre le parachèvement des travaux de modernisation du réseau d’irrigation pour la conversion collective en irrigation localisée sur 65.000 ha, soit 55% du programme global.
A souligner enfin que la moyenne de consommation du Royaume en céréales dans toutes ses composantes, s’élève à 140 millions de quintaux par an. C’est dire que la facture alimentaire ne manquera pas de s’alourdir davantage.
H.Z.