
Dans la campagne, la Covid-19 n’est guère d’actualité. Loin s’en faut. En effet, en cette période de rareté des pluies, les fellahs scrutent le ciel. Et à force de trop attendre, l’inquiétude monte d’un cran. La situation est à vrai dire inquiétante : les précipitations sont irrégulières, les taux de remplissage des barrages sont bas et les prix de certains types de fourrage et d’engrais ont doublé. Encore plus inquiétante est cette vague de froid qui envahit les principales zones agricoles du pays. Dans les barrages, le taux de remplissage actuel ne dépasse guère 32%. L’impact sur les Fellahs, les petits en particulier, est important. En effet, en absence des pluies, les prix des aliments ont connu des hausses vertigineuses. Idem pour le reste des intrants et autres engrais nécessaires pour les cultures hivernales.
En attendant ainsi la clémence du ciel, l’inquiétude bat son plein auprès des Fellahs qui ne savent plus à quel saint se vouer, à un moment où la majorité n’arrive pas à bénéficier des aides de l’Etat et autres soutiens de l’Agriculture. C’est ainsi le quotidien auquel sont confrontés les petits agriculteurs. Auprès du ministère de l’Agriculture, on continue de rassurer sans pour autant faire preuve d’une véritable mobilisation, à même de limiter les dégâts auprès des fellahs, les petits en premier lieu. Les officiels se contentent de mettre en avant des chiffres, tels que les 1,6 million de quintaux de semences sélectionnées qui ont été mobilisés pour les trois principales céréales, ajoutant que jusqu’à présent, les ventes ont atteint 900.000 quintaux, soit 56% du stock disponible. Concernant l’approvisionnement en engrais, on fait savoir que 300.000 tonnes ont été vendues, soit une augmentation de 40% par rapport à la précédente campagne dans la perspective d’assurer un approvisionnement du marché à hauteur de 500.000 tonnes d’engrais phosphatés. Il a également été relevé qu’un programme d’urgence a été lancé en vue de faire face à l’impact du retard des précipitations sur le bétail. Ledit programme comprend trois tranches, dont 900.000 quintaux au profit des éleveurs, a-t-il dit, précisant que 86% ont été déjà atteint au niveau de la première tranche, soit 546.000 quintaux. La deuxième tranche va commencer la semaine prochaine (200.000 quintaux) avant de passer à la troisième tranche qui concerne les régions montagneuses (130.000 quintaux) …
C’est dire qu’auprès du ministère de Tutelle, ce ne sont pas les chiffres et les statistiques qui manquent. Mais est-ce suffisant pour soutenir tous ces petits Fellahs qui ont du mal à accéder à tous ces programmes ? La question mérite d’être posée et on ne le dira pas assez : la problématique de l’exécution des programmes déçoit le plus souvent, que ce soit au niveau du secteur agricole ou ailleurs. Les fellahs, comme tous ces citoyens marocains d’ailleurs, n’ont plus l’envie ni la force de croire aux réformes et à tous ces projets annoncés. Et si l’on revient au secteur de l’agriculture, notamment durant les période d’aléas climatiques difficiles, les aides gouvernementales restent insuffisantes et ne bénéficient pas à tous. Les cultures céréalières et légumineuses sont menacées, et le rendement des cultures maraîchères devrait être «moyen», ce qui promet une flambée prochaine des prix des fruits et légumes.
Hassan Zaatit
Aziz Akhannouch défend le bilan du PMV
Au Parlement, en ce début de semaine, le Chef du Gouvernement Aziz Akhannouch a souligné que dix ans après son lancement, le Plan Maroc Vert (PMV) a atteint les objectifs escomptés, constituant ainsi un levier essentiel de développement du monde rural au cours de la dernière décennie, Et de rappeler que la mise en œuvre de ce plan s’est reposée sur deux piliers, à savoir un premier axé sur le développement de l’agriculture moderne à haute valeur ajoutée et productivité élevée, et un deuxième articulé sur l’agriculture solidaire dans les zones fragiles. Dans ce contexte, M. Akhannouch a précisé que sur le plan économique, le produit intérieur brut agricole a augmenté de 5,25% en moyenne annuelle, contre 3,8% pour les autres secteurs. En termes de création de richesse, elle a doublé passant de 65 MMDH en 2008 à 125 MMDH à fin 2018. Le Chef du Gouvernement a fait observer, dans ce sens, la contribution du secteur agricole aux points de croissance économique nationale à hauteur de 17,3% au cours de la période allant de 2008 à 2018, au lieu de 7,3% enregistrés au cours de la période 1998-2008. Le secteur contribue également, selon M. Akhannouch, à hauteur de 13% du produit intérieur brut et 13% des exportations, lesquelles se sont élevées en 2019 à environ 40 MMDH, soit 2,8 fois la valeur enregistrée en 2009 (14,2 MMDH). Sur le plan social, le Chef du gouvernement a souligné que le PMV a placé les petits et moyens agriculteurs au centre de tous ses programmes et interventions, faisant savoir que plus de 43 MMDH d’investissements ont été adressés à cette catégorie. De même, plus de 733.000 personnes ont bénéficié des projets du second pilier, à travers 989 projets ayant mobilisé un budget de 14,5 MMDH. Les programmes d’aménagement hydro-agricoles ont aussi participé à l’amélioration des revenus de plus de 190.000 petits et moyens agriculteurs, réalisant une valeur ajoutée pour chaque hectare irrigué comprise entre 5.000 et 10.000 dirhams par an, a poursuivi le Chef du Gouvernement.