
La ministre française des Affaires européennes Amélie de Monchalin (d) et le ministre néerlandais des Affaires étrangères Stef Blok lors d'une réunion à Bruxelles, le 25 février 2020 © AFP Kenzo TRIBOUILLARD
Un long chemin semé d’embûches: l’UE et Londres ont donné mardi le coup d’envoi des négociations sur leur future relation commerciale post-Brexit, qui doivent démarrer la semaine prochaine.
Moins d’un mois après le départ des Britanniques de l’Union, les ministres des 27 pays de l’UE à Bruxelles et le gouvernement de Boris Johnson à Londres ont, chacun de leur côté, approuvé le mandat de négociation.
La première rencontre formelle entre l’UE et le Royaume-Uni est attendue lundi.
Ils ont ensuite dix mois pour s’entendre sur un nouveau traité, un délai relativement court étant donné la complexité de la tâche. Pendant toute cette période de transition qui prendra fin le 31 décembre, le Royaume-Uni continuera d’appliquer les règles européennes.
A Bruxelles, les ministres des Affaires européennes ont insisté sur l’ampleur du travail à accomplir. « C’est un traité très compliqué. Ce sera une tâche très difficile, une longue route nous attend », a prévenu le Néerlandais Stef Blok.
« Nous cherchons un accord qui protège les intérêts des Européens, nous devons chercher un bon accord avant de céder à la pression du calendrier », a insisté son homologue française, Amélie de Montchalin.
– « Sanction et rétorsion »-
Les Européens sont ouverts à un large partenariat, comprenant un accord commercial sans quotas ni droits de douane. Mais ils ont durci le ton – sous la pression de la France – sur les contreparties réclamées.
Craignant plus que tout la concurrence déloyale du Royaume-Uni, ils exigent qu’il continue de respecter certaines règles de l’UE sur le long terme, en particulier en matière d’aides d’Etat, d’environnement, de droit du travail et de fiscalité.
« Zéro tarif, zéro quota, c’est possible s’il y a zéro dumping, mais cela ne veut pas dire zéro contrôle. Nous aurons bien sûr un mécanisme potentiellement avec des clauses de sanction, de rétorsion, de sauvegarde si nous voyons que les engagements pris ne sont pas tenus », a prévenu Mme de Montchalin.
Cette exigence, inédite dans un accord de libre-échange, s’explique par la proximité géographique et la forte intégration économique de Londres avec le continent qui est le premier marché des Britanniques.
Elle a été balayée la semaine passée par le négociateur britannique sur le Brexit, David Frost.
Lundi, le porte-parole du Premier ministre britannique Boris Johnson a affirmé que les ports d’Irlande du Nord – donc territoire du Royaume-Uni – n’étaient pas prêts à effectuer des contrôles sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne. Or, cette exigence est inscrite dans l’accord de retrait.
A son arrivée à la réunion de Bruxelles, le ministre irlandais des affaires étrangères, Simon Coveney, dont le pays est en première ligne sur le Brexit, en a profité pour lancer un avertissement: la mise en œuvre de l’accord déjà conclu « est le test de la bonne foi et de la confiance – et sans bonne foi et sans confiance, la construction d’une relation future ne sera pas facile ».
Le secrétaire d’Etat allemand, Michael Roth, a également mis en garde Boris Johnson: « Mon message est clair comme de l’eau de roche pour nos amis de Londres: tenez vos promesses ».
Les Britanniques semblent désormais vouloir se contenter d’un accord commercial basique, à l’image de ceux négociés par l’UE avec le Canada ou le Japon, mais qui préserverait leur capacité à réguler librement leur économie.
Outre les conditions de concurrence, les sujets de friction entre Londres et Bruxelles ne manquent pas, comme la future place des services financiers britanniques dans l’UE ou encore la question ultra-sensible de la pêche.
Sur ce dernier point, le mandat des Européens insiste sur le fait que le futur accord devra « maintenir un accès réciproque » aux eaux territoriales des deux pays, ce qui semble difficile à accepter pour Londres.
LNT avec Afp