Tourisme, voyages d’affaires, études supérieures: les citoyens habitués à circuler sans obstacle depuis plus de 45 ans entre le Royaume-Uni et l’Union européenne vont devoir s’adapter à la réalité du Brexit à partir de vendredi.
A compter de cette date, les Britanniques seront considérés dans l’UE comme les ressortissants d’un pays tiers, ne bénéficiant plus de la liberté de mouvement pour travailler, étudier ou prendre leur retraite sur le territoire de l’Union et des Etats associés (Norvège, Islande, Suisse).
La Grande-Bretagne, de son côté, traitera les citoyens de l’UE comme la plupart des « non Britanniques ».
A la différence près que ceux justifiant d’une résidence dans le pays avant la fin de l’année 2020 conserveront leurs droits, conformément à l’accord de retrait conclu fin 2019. Et la réciproque est vraie pour les Britanniques domiciliés dans l’UE.
– Touristes –
Les touristes britanniques devront sans doute s’armer de patience pour les démarches d’entrée dans l’UE, même si les deux parties se sont entendues sur le principe d’une exemption de visa réciproque.
Leur séjour dans l’UE sera limité à un maximum de 90 jours sur une période de 180 jours.
Ils devront prouver qu’ils sont couverts par une assurance, disposent de suffisamment de ressources ou d’un billet retour.
Les Européens de leur côté pourront entrer sur le sol britannique avec une simple carte d’identité jusqu’à octobre 2021, date à laquelle un passeport sera exigé, pour des séjours allant jusqu’à six mois maximum.
Mais il y aura des exceptions. Certains accompagnants non européens d’un citoyen de l’UE auront besoin d’un visa.
Les ressortissants irlandais et britanniques continueront de bénéficier de la liberté totale de circulation en vertu d’un accord bilatéral ancien.
Les Britanniques souhaitant voyager avec leur chien ou leur chat devront obtenir un certificat sanitaire international au plus tard dix jours avant leur séjour dans l’UE. Mais la réciproque ne s’applique pas pour les Européens, qui pourront continuer à emmener leurs animaux au Royaume-Uni sans plus de démarches.
– Voyages d’affaires –
L’accord post-Brexit prévoit qu’un permis de travail peut être exigé en fonction des activités exercées.
En règle générale, tandis que les participants à des réunions, conférences, séminaires, foires, salons ou travaux de recherche sont exemptés de permis, ce dernier est requis pour les activités impliquant la vente au public de biens ou services. Certains pays de l’UE prévoient toutefois des restrictions supplémentaires pour certaines activités.
Les ressortissants européens bénéficiant d’une offre d’emploi au Royaume-Uni devront prouver une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare, avec un niveau de salaire fixé par la loi.
– Etudiants –
Finis, les échanges Erasmus avec la Grande-Bretagne: le programme européen est trop coûteux, juge Boris Johnson. A la place, les étudiants britanniques se verront proposer un programme mondial, baptisé du nom du mathématicien Alan Turing.
Désormais les étudiants européens se verront exiger un visa pour tout séjour universitaire de plus de six mois, et devront payer des frais de scolarité plus élevés — jusqu’à quatre fois plus en médecine ou pour certains diplômes prestigieux de troisième cycle.
Selon une étude du Parlement britannique, le pays recensait 143.000 étudiants de l’UE dans ses universités lors de l’année 2018-2019.
En 2015, les étudiants étrangers ont injecté 25,8 milliards de livres (29 milliards d’euros) dans l’économie du Royaume-Uni, considéré comme la deuxième destination universitaire préférée au monde après les Etats-Unis.
– Immigration –
Quelque 1,3 million de Britanniques résident actuellement dans l’UE. Au Royaume-Uni, plus de 4,2 millions de citoyens européens avaient déposé une demande de statut de résident à la fin octobre. Leurs droits sont protégés s’ils étaient installés avant le 31 décembre 2020.
Mais il en sera tout autrement pour ceux qui souhaitent émigrer après le 1er janvier.
La Grande-Bretagne va instaurer un système à points qui rendra l’installation des Européens beaucoup plus difficile. L’âge, la connaissance de l’anglais, les ressources financières seront pris en compte.
Et les Britanniques qui voudront s’établir en France, en Espagne, ou en Allemagne (leurs destinations favorites pour travailler ou prendre leur retraite) feront face aux mêmes contraintes que les ressortissants de pays tiers… Qu’il s’agisse d’assurance maladie, de conditions de revenu ou d’exigences linguistiques.
LNT avec Afp