Le continent africain est appelé à prendre pleinement part aux dynamiques mondiales liées à l’intelligence artificielle (IA), a affirmé, jeudi à Rabat, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita. S’exprimant lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (CPS-UA), tenue par visioconférence, M. Bourita a souligné la nécessité pour l’Afrique de ne pas rester simple spectatrice dans ce domaine stratégique, mais de s’imposer comme un acteur proactif et influent.
Cette rencontre, organisée sous la présidence marocaine du CPS-UA pour le mois de mars, constitue la première réunion à l’échelle de l’Union africaine consacrée exclusivement à l’intelligence artificielle. Elle a vu la participation de huit membres du Conseil sur un total de quinze, témoignant d’un intérêt croissant pour la question. Le ministre a souligné que cette initiative s’inscrit en droite ligne avec la vision royal, qui encourage le positionnement actif de l’Afrique face aux enjeux liés à l’IA.
M. Bourita a mis en lumière les multiples défis que pose l’essor de l’intelligence artificielle pour la sécurité du continent. Il a notamment rappelé que 40 % des groupes terroristes exploitent aujourd’hui ces technologies pour leurs opérations, tandis que des interventions utilisant l’IA ont été recensées dans les processus électoraux de 47 pays. La propagation de vidéos truquées a bondi de 900 % en cinq ans et les fake news ont progressé de 300 % en seulement trois ans, illustrant l’impact direct de cette technologie sur la stabilité politique et sociale en Afrique.
Cependant, le ministre a également insisté sur les opportunités considérables qu’offre l’intelligence artificielle, notamment dans des secteurs clés comme l’agriculture, où elle pourrait contribuer à accroître la production de 10 à 20 %, répondant ainsi aux enjeux cruciaux de sécurité alimentaire sur le continent.
Dans ce contexte, M. Bourita a appelé à un engagement africain résolu pour promouvoir l’usage bénéfique de l’IA, rappelant les initiatives prises par le Maroc dans ce domaine. Il a cité en particulier le lancement par le Royaume du Groupe des amis sur l’intelligence artificielle pour le développement durable au sein des Nations Unies, qui témoigne de l’implication marocaine à l’échelle internationale.
Le ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité de renforcer la formation des compétences africaines dans ce domaine. À l’heure actuelle, seulement 1 % des experts en intelligence artificielle sont originaires d’Afrique, et près de 70 000 ingénieurs spécialisés ont émigré. M. Bourita a ainsi plaidé pour un investissement massif dans le capital humain, le développement d’infrastructures technologiques adaptées et l’instauration d’un cadre juridique pertinent pour accompagner les évolutions rapides du secteur.
Dans cet esprit, il a rappelé que le Maroc met à la disposition de ses partenaires africains son expertise numérique et ses avancées en matière de transformation digitale.
LNT