Le Premier ministre britannique Boris Johnson lors d'une conférence de presse en pleine campagne électorale le 29 novembre 2019 à Londres © AFP Ben STANSALL
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé les électeurs vendredi, à moins de deux semaines des législatives, à lui donner une confortable majorité pour tourner la page du Brexit, qui a plongé le Royaume-Uni dans une profonde crise politique.
Les sondages donnent le dirigeant conservateur gagnant du scrutin du 12 décembre, avec une majorité à la Chambre des communes qui lui permettrait de faire ratifier l’accord de Brexit qu’il a négocié avec l’Union européenne.
Mais dans un climat politique très agité et avec des circonscriptions où le résultat s’annonce serré, la bataille n’est pas gagnée et le dirigeant conservateur s’est efforcé de galvaniser les électeurs en agitant la menace d’un Brexit sans fin.
« Un vote pour un autre parti que les conservateurs est un vote contre le changement », a déclaré M. Johnson lors d’une conférence de presse à Londres.
Il était entouré de ses alliés du camp « Leave » lors de la campagne du référendum de 2016: Michael Gove, aujourd’hui chargé des préparations du Brexit au sein de l’exécutif, et Gisela Stuart, ancienne députée travailliste pro-Brexit.
M. Johnson compte quitter l’UE d’ici fin janvier et nouer un nouvel accord commercial avec le bloc européen d’ici la fin 2020, espérant se débarrasser de ce sujet qui empoisonne la vie politique britannique depuis plus de trois ans.
Pour l’emporter lors du scrutin, les conservateurs veulent séduire en particulier les électeurs de bastions travaillistes du nord de l’Angleterre qui ont voté en faveur du Brexit et se retrouvent tiraillés.
Gisele Stuart a tenté de les rassurer, en leur disant que s’ils soutenaient Boris Johnson, ça ne feraient « pas d’eux des Tories »: « Si nous ne passons pas cet obstacle maintenant, le Brexit ne se produira jamais, soyons clairs ».
– Sortir de l’impasse –
« Réaliser le Brexit » est le slogan de Boris Johnson, qui joue sur la frustration des 52% de Britanniques qui ont voté pour le départ de l’UE et la lassitude de la population qui aimerait bien passer à autre chose.
Il promet, s’il obtient une majorité, de ramener son accord de Brexit devant les députés avant Noël et de quitter l’UE d’ici le 31 janvier, sans nouveau report de la date du divorce, déjà repoussée trois fois.
« Il n’y a pas de mais, nous le ferons », a-t-il promis.
Son principal rival, Jeremy Corbyn, le leader du Parti travailliste, souhaite lui renégocier un accord de sortie dans les trois mois suivant son arrivée au pouvoir et le soumettre à un référendum.
Son parti est pour l’instant loin derrière les Conservateurs qui obtiendraient une majorité de 68 sièges (sur les 650 sièges de députés de la chambre des Communes) selon un sondage YouGov publié par The Times. Mais si M. Johnson n’obtenait pas de majorité absolue, M. Corbyn pourrait accéder au pouvoir à la faveur d’une alliance avec d’autres partis anti-Brexit.
Le chef du gouvernement a soulevé ce risque auprès de ses soutiens, affirmant que le Brexit serait alors de nouveau « repoussé ».
Sans majorité, il y aurait davantage de « confusion, de retard et d’impasse », a renchéri son allié Michael Gove.
S’il est charismatique, Boris Johnson est aussi clivant et est attaqué pour des articles offensants envers les mères célibataires ou la classe ouvrière.
Les enfants de mères célibataires sont « mal élevés, ignorants, agressifs et illégitimes », écrivait-il en 1995 dans l’hebdomadaire de droite The Spectator, un article qui a refait surface ces derniers jours.
Il y comparait aussi les membres de la classe ouvrière à des « alcooliques », des « criminels » et des « bons à rien », des propos « sortis de leur contexte » s’est justifié vendredi leur auteur.
Mais pour le Parti travailliste, cela montre son caractère « méprisant » et « déconnecté de la réalité ».
Boris Johnson est aussi accusé de fuir les débats, et n’a toujours pas accepté l’invitation d’un interviewer télévisé particulièrement mordant de la BBC.
Jeudi soir, il a boudé un débat télévisé sur l’urgence climatique. Mal lui en a pris: sa place laissée vacante a été remplacée par un bloc de glace frappé du logo conservateur dont la fonte faisait allusion au réchauffement climatique.
LNT avec Afp