(ILLUSTRATION) Cette somme d'un milliard ne prend pas en compte les éventuelles indemnisations des compagnies aériennes et possibles dommages que Boeing pourrait être amené à verser aux familles des victimes © AFP/Archives Mark RALSTON
Boeing a chiffré mercredi à 1 milliard de dollars la première facture de l’immobilisation au sol depuis mi-mars du 737 MAX, son avion vedette dont le logiciel anti-décrochage MCAS a été mis en cause dans deux tragédies rapprochées ayant fait 346 morts.
Cette somme couvre une hausse anticipée des coûts de production du 737 MAX et notamment des modifications en cours pour éviter de nouveaux dysfonctionnements du MCAS.
Elle intègre aussi la formation supplémentaire des pilotes exigée par les régulateurs pour lever l’interdiction de vol frappant l’avion, locomotive des ventes de Boeing, qui a maintenu inchangés les effectifs assemblant le 737 MAX en dépit d’une baisse de 20% de la production et de la suspension des livraisons.
Ce montant ne prend en revanche pas en compte les éventuelles indemnisations des compagnies aériennes, qui ont dû annuler des vols programmés sur des 737 MAX et les possibles dommages que le constructeur aéronautique pourrait être amené à verser aux familles des victimes et à des sous-traitants dont le manque à gagner risque d’être important.
A Wall Street, le titre Boeing gagnait 1,30% vers 16H45 GMT, les investisseurs semblant soulagés de voir que le coût n’était pas exorbitant.
Les analystes financiers estiment eux que la facture devrait s’élever à plusieurs milliards de dollars.
– Remise en service en juillet ? –
Boeing n’a pas encore soumis la mise à jour du MCAS à l’agence fédérale de l’aviation américaine (FAA), chargée de donner son feu vert à un retour dans le ciel du 737 MAX, a indiqué mercredi à l’AFP une source proche du dossier.
Boeing table sur une certification du 737 modifié vers fin mai et une levée de l’interdiction de vol en juillet, a dit cette source sous couvert d’anonymat.
Sans donner de calendrier, le PDG Dennis Muilenburg a indiqué, lors d’un grand oral devant la communauté financière, que la prochaine étape était un vol de certification du 737 MAX modifié suivi de l’autorisation de la FAA.
« Enfin, il faudra réunir les différents régulateurs à travers le monde pour qu’ils approuvent le retour en service » de l’avion, a énuméré le patron, affirmant également que les compagnies aériennes clientes du 737 MAX continuaient à déposer des acomptes et étaient « impatientes » de le voir voler à nouveau.
Pour redorer son image et rassurer le grand public sur la qualité de ses avions, l’avionneur mise sur les pilotes et les personnels navigants dont il a décidé de faire des ambassadeurs en leur proposant des formations poussées et activités autour du 737 MAX.
« Nous allons investir en eux », a déclaré Dennis Muilenburg.
Le groupe de Chicago traverse actuellement sa plus grave crise depuis l’immobilisation au sol en 2013, pendant quatre mois, de la flotte du long courrier 787 Dreamliner pour un problème de batterie.
Un 737 MAX 8 exploité par Ethiopian Airlines s’est écrasé le 10 mars dernier au sud-est d’Addis Abeba, faisant 157 morts quelques minutes après le décollage.
Cet accident est intervenu cinq mois après un autre drame, celui d’un 737 MAX 8 de Lion Air, le 28 octobre dernier, ayant entraîné la mort de 189 personnes.
Ces deux tragédies ont entraîné l’immobilisation au sol de cet avion et soulevé des interrogations sur sa certification. Environ 370 appareils 737 MAX (8 et 9) étaient déjà en service.
Une enquête a été ouverte aux Etats-Unis par le ministère de la Justice, tandis que le département des Transports examine sa procédure de certification. La validation du MCAS avait été confiée à des employés de Boeing.
L’avionneur affirme avoir déjà effectué plus de 135 essais en vol depuis l’immobilisation au sol, qui a causé un recul de 13,2%, à 2,1 milliards de dollars, du bénéfice net au premier trimestre et une baisse de 1,98%, à 22,9 milliards, du chiffre d’affaires.
Boeing a également décidé de suspendre ses objectifs financiers pour 2019: « Les précédentes prévisions financières pour 2019 ne reflètent pas l’impact du 737 MAX », a expliqué le constructeur aéronautique, ajoutant que « de nouvelles prévisions seront données à une date ultérieure ».
L’impact du 737 MAX se ressent dans la division aviation civile, dont le chiffre d’affaires trimestriel a diminué de 8,67% à 11,8 milliards de dollars pour une marge de 9,9%, contre 10,9% au premier trimestre 2018.
Boeing, qui a en outre suspendu ses programmes de rachats d’actions pour rémunérer ses actionnaires, n’a livré que 149 avions civils sur les trois premiers mois de l’année, en baisse de 19% sur un an.
Les difficultés du 737 MAX n’affectent toutefois pas, assure Boeing, le développement du long courrier 777X et la décision sur le lancement d’un avion de ligne de taille moyenne baptisé temporairement « NMA » d’une capacité de 200 à 270 sièges.
LNT avec Afp