C’est une opération d’une ampleur rare dans le secteur bancaire. Le mastodonte BNP Paribas a décidé de céder à la Banque de Montréal (BMO) sa filiale américaine Bank of the West dont elle avait pris le contrôle en 1979, pour un montant de 16,3 milliards de dollars.
L’opération devrait être réalisée « formellement au cours de l’année 2022, sous réserve des conditions suspensives habituelles, incluant l’approbation des autorités réglementaires et de la concurrence compétentes », selon un communiqué diffusé lundi par la plus importante banque du continent.
Plusieurs médias avaient fait état ces dernières semaines de la recherche par BNP Paribas d’un acquéreur potentiel pour cette filiale, et le Wall Street Journal avait annoncé dimanche des discussions avancées avec BMO.
Selon le communiqué lundi, l’accord porte sur « la vente de 100% des activités de banque commerciale aux Etats-Unis opérées par sa filiale Bank of the West, pour une considération de prix totale de 16,3 milliards de dollars américains, soit un montant équivalent à environ 14,4 milliards d’euros, payés en numéraire lors de la réalisation de l’opération ».
Cette somme « représente 1,72 fois la valeur de l’actif net tangible de Bank of the West, et 20,5% de la capitalisation boursière de BNP Paribas, pour une contribution moyenne de Bank of the West au résultat avant impôt du groupe au cours des dernières années d’environ 5% », est-il précisé.
« L’opération devrait générer lors de sa réalisation une plus-value exceptionnelle (nette d’impôts) estimée à environ 2,9 milliards d’euros », ajoute le communiqué.
Selon son rapport annuel 2020, Bank of the West avait environ 80 milliards de dollars de dépôts et comptait 564 succursales. Née en Californie en 1874, la banque a établi son siège à San Francisco.
– Rachat d’actions –
De son côté, la Banque de Montréal – installée aux Etats-Unis depuis plus d’un siècle – cherche à augmenter sa présence dans le pays depuis une décennie environ. Lors de son exercice 2021, achevé fin octobre, BMO a réalisé plus du tiers (36%) de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis.
« Cette opération est créatrice de valeur pour toutes les parties; elle souligne la qualité de Bank of the West », a résumé Jean-Laurent Bonnafé, administrateur directeur général de BNP, cité dans le communiqué.
« Par ailleurs, l’implantation de BNP Paribas aux États-Unis demeure un pilier stratégique pour le développement de nos franchises d’entreprises et d’institutionnels. Avec cette opération, BNP Paribas confirme son engagement de création de valeur de long terme pour l’ensemble de ses parties prenantes », a-t-il mis en avant.
Le groupe français conclura notamment des accords de distribution de long terme avec BMO, son nouveau partenaire, « dans le cadre d’une coopération transfrontalière et de prestation de solutions de financement d’équipement et de gestion de trésorerie en Amérique du Nord ».
Concernant les détails financiers de l’opération, BNP Paribas indique qu’il prévoit de procéder à « une distribution extraordinaire sous forme de rachat d’actions après la réalisation de l’opération afin de compenser la dilution attendue du bénéfice net par action. À titre indicatif, un programme de rachat d’actions d’environ 4 milliards d’euros neutraliserait totalement la dilution du bénéfice net par action ».
Le groupe bancaire indique également avoir « l’intention de redéployer le produit restant – équivalent à environ 7 milliards d’euros de libération de capital – progressivement et de manière très disciplinée, dans le but d’améliorer la création de valeur à long terme par l’accélération de la croissance organique, en particulier en Europe, des investissements ciblés dans des technologies et des modèles innovants, et des acquisitions ciblées dans des activités à valeur ajoutée ».
Vers 09H20, l’action BNP Paribas prenait 0,77% à 56,60 euros, dans un marché en baisse de 2,08%.
LNT avec Afp