Laurent Dupuch, BMCI
Laurent Dupuch, Président du Directoire du Groupe BMCI, a bien voulu accorder un entretien à notre hebdomadaire en marge de la présentation des résultats du groupe, vendredi 29 septembre à Casablanca.
En voici la teneur.
La Nouvelle Tribune : M. Dupuch, BMCI, dont vous présidez le Directoire, vient de publier ses résultats semestriels à fin juin 2017, avec un Résultat Net Consolidé en croissance de 34,1%, un taux très élevé, comment l’expliquez-vous ?
Dans quelle mesure ce résultat ne proviendrait-il pas d’éléments exceptionnels ou de reprises de provisions ? Pouvez-vous retracer pour nos lecteurs cette performance 2017 par rapport aux exercices précédents ?
Laurent Dupuch : Le résultat réalisé par le Groupe BMCI traduit la bonne performance de ses lignes de métiers et l’engagement du Groupe dans le financement de l’économie.
Ainsi, pratiquement l’ensemble des composantes du PNB au premier semestre 2017 sont au vert à l’exception de la marge d’intérêt qui a quasiment stagné (-0,1%) : situation due essentiellement à la baisse des taux observée depuis plus de 2 ans.
Par ailleurs, la marge sur commission s’est améliorée de 0,4% et le résultat des activités de marché a connu une bonne progression de 5,8% par rapport à juin 2016.
A noter également que les frais généraux restent maîtrisés (+0,1%).
En raison des efforts de maîtrise et d’anticipation des risques, le coût du risque a diminué de 40,3% à fin juin 2017
Tous ces éléments ont contribué à l’évolution du RNPG de 34,1%.
BMCI, a un plan stratégique à 2020. Quels en sont les principaux objectifs et les réalisations de ces derniers à aujourd’hui ? Avec les bonnes performances de 2017 ne les auriez vous pas dépassés ?
Avec le plan « BMCI 2020 », la BMCI allie stratégie commerciale et transformation opérationnelle pour un nouvel envol.
La BMCI a adopté une vision à 360° pour développer l’ensemble des leviers de croissance :
- « La banque préférée et fortement recommandée par ses clients » : une vision résolument orientée client et une qualité de service réaffirmée.
- Participation active au financement de l’économie marocaine.
- Une adaptation et une digitalisation des processus opérationnels et des systèmes informatiques robustes pour plus d’efficacité, d’agilité et de sécurité.
- Un capital humain au centre de la stratégie de développement.
- Une banque responsable, engagée dans la société pour un objectif de développement responsable et durable.
Ce premier semestre 2017 s’est soldé pour la banque que vous dirigez par une baisse importante du coût du risque de 40% soit près de 200 millions de dirhams. Est-ce une tendance qui selon vous va se conforter du fait de la reprise économique qui s’annonce ?
Le coût du risque est en baisse grâce à notre dispositif solide et notre stratégie commerciale. En effet, nous remarquons les signes d’une reprise économique. Nous veillons également au bon niveau de couverture de nos créances compromises.
Le Produit Net Bancaire de BMCI stagne et son Résultat d’Exploitation baisse de 2%, ce qui signifie que l’activité bancaire s’équilibre difficilement. Est-ce que cette situation s’explique par le fait que BMCI qui finance à hauteur de 50% de son activité les PME, ne leur applique pas de justes primes de risques ?
Si oui, est-ce un comportement d’ajustement normal en période de crise ? En conséquence, pouvez-vous nous dire si les résultats dégagés par BMCI, ne proviennent pas des commissions bancaires de vos activités financières, de banques d’affaires, conseils et autres gestion collectives et banques privées?
Comme déjà évoqué, la diminution du PNB est due essentiellement à la baisse des taux du marché, observée depuis plus de 2 ans.
Pour répondre à la deuxième partie de votre question : le résultat dégagé par le Groupe BMCI est le fruit de la bonne synergie entre l’ensemble des lignes de métiers. Par ailleurs, la dynamique commerciale est forte avec 5 milliards de dirhams de nouveaux crédits mis en place (+13%) et des volumes en augmentation.
Pouvez-vous partager avec nos lecteurs votre vision de l’évolution du secteur bancaire marocain dont BMCI fait partie ? Ne pensez-vous pas que la bancarisation et le financement bancaire qui en découle atteint ses limites, ce qui explique la croissance externe des banques vers les pays du Maghreb ou d’Afrique ? Le Groupe BNP Paribas est-il présent dans ces pays ?
Le secteur bancaire marocain est un secteur moderne, solide et concurrentiel. C’est essentiel pour le développement pérenne de l’économie. Les banques marocaines, sous le leadership de la Banque Centrale, ont permis de développer la bancarisation qui avoisine les 70 % au Maroc, aidée par la croissance des produits et services au profit des différents acteurs économiques marocains, que cela soit les ménages, les professionnels, les PME ou les grandes entreprises.
Les banques ont encore un rôle très important à jouer dans le développement du Maroc. Elles sont des intermédiaires de confiance qui collectent et gèrent les dépôts des clients et financent leurs projets. De même, elles participent à la désintermédiation croissante en conseillant et accompagnant les particuliers, les PME et entreprises vers la Bourse.
Par ailleurs, l’accroissement de l’offre digitale est une réalité, tant dans la relation entre un client et sa banque que dans les échanges entre acteurs économiques. A titre d’exemple, je citerai le développement des paiements sur internet via notamment les smartphones, par carte ou sur guichet automatique bancaire.
Enfin, le système bancaire s’est distingué ces dernières années en se développant à l’international, notamment en Afrique, participant ainsi activement à la volonté du Royaume de se positionner comme hub pour ce continent. Les succès de Casa Finance City sont un autre atout dans cette ambition.
Le groupe BNP Paribas s’inscrit également dans cette dynamique en étant présent à travers son réseau dans 10 pays africains avec plus de 700 agences et près de 10 000 collaborateurs.
Entretien réalisé par
Afifa Dassouli