M. Othman Benjelloun, PDG de Bank of Africa
L’augmentation de capital annoncée par BMCE Bank of Africa à l’occasion de la publication de ses résultats fin mars, vient d’être visée par l’AMMC.
Comme chacun sait, la société cotée, dotée d’un capital social de 1 794 633 900 dirhams et de
23 841 510 000 dirhams de capitaux propres, a connu une baisse de son résultat net depuis 2016.
Ce dernier est passé de 2 834 827 000 dirhams cette année-là à 2 036 321 000 dhs en 2017 pour tomber à moins de deux milliards de dirhams en 2018, précisément, 1 831 170 000 dirhams.
Un renforcement de la santé financière s’imposait à cette banque dont la croissance externe est son ADN.
En fait, la note d’information publiée par l’autorité de tutelle porte sur une augmentation de capital double, sous deux formes différenciées en deux tranches.
La première porte sur une conversion optionnelle de dividendes de l’exercice de 2018 alors que la seconde est un vrai appel public à l’épargne et se fera donc par des apports en numéraires.
Ces deux opérations engendreront un total de 10 535 508 actions nouvelles émises, soit un maximum de
4 985 094 actions nouvelles pour l’incorporation au capital des dividendes 2018 et 5 550 414 actions nouvelles pour l’OPV qui se distribueront en 3 actions nouvelles pour 97 droits préférentiels de souscription.
Pour ce qui est du prix d’émission de toute action nouvelle, il a été fixé à 180 MAD l’action, soit 170 dhs de prime d’émission et 10 dhs de valeur nominale.
Ce prix est bien sûr le même pour les deux opérations décrites plus haut. Et donc le montant global maximal de l’opération s’élèverait à 1 896 391 440 MAD.
En restant toujours dans l’éventualité d’un maximum réalisé, la Tranche 1 portera sur 897 316 920 MAD et la deuxième 999 074 520 MAD.
La période de souscription pour ces deux opérations d’augmentation de capital de BMCE Bank of Africa se situe entre le 09 juillet 2019 et le 31 juillet 2019 inclus, soit une longue période de trois semaines.
Il apparaît important de préciser que pour la conversion en actions nouvelles des dividendes de 2018, l’opération est soumise à l’hypothèse selon laquelle l’ensemble des actionnaires actuels de BMCE Bank of Africa exerceraient l’option de conversion en question.
La note d’information précise qu’ »Il demeure expressément entendu que le montant de souscription à la Tranche 1 pourra être compris entre 0 MAD et 897 316 920 MAD, (hors retenues légales), en fonction du niveau de souscription aux actions émises au titre de cette Tranche 1″.
Cette précaution prise, la souscription des actionnaires à la Tranche 1 donnera lieu à une augmentation du capital social d’un montant maximum de 49.850.940 MAD à titre de nominal et d’une prime d’émission d’un montant maximum de 847.465.980 MAD soit, un total de 897.316.920 MAD sachant que le nombre d’actions constitutives du capital social à fin 2018 était de 179 463 390 et le dividende par actions de 5 dirhams.
Pour ce qui est de la Tranche 2 de cette opération double d’augmentation de capital de BMCE Bank of Africa, une souscription globale des actionnaires donnera lieu, dès lors, à une augmentation du capital social d’un montant maximum de 55.504.140 MAD et d’une prime d’émission maximale de 943 570 380 MAD.
Le nouveau capital social de la banque après ces opérations ressortira à 1 899 988 980 dirhams et ses capitaux propres passeront à 25 632 546 400 dhs.
Mais le renforcement de la santé financière de BMCE Bank of Africa ne s’arrêtera là puisque une seconde note d’information est à l’étude chez l’AMMC pour une augmentation de capital réservée à un nouveau actionnaire (le fonds britannique Commonwealth Development Group, CDC Group,) pour un montant de 200 Millions de dollars, soit autour de 2 milliards de dirhams.
Ainsi, les capitaux propres de la banque présidée par M. Othman Benjelloun auront été confortés au global d’un montant de près de 4 milliards de dirhams…
Afifa Dassouli
Encadré : Les ratios…
La sécurité financière des banques est encadrée par deux ratios d’importance, celui de liquidité et de solvabilité.
Le ratio de solvabilité fixe des exigences en fonds propres pour couvrir les principaux risques auxquels sont exposés les banques, à savoir les risques de crédit, de marché et opérationnels.
A ce titre, les banques sont astreintes au respect de 2 ratios, le ratio de fonds propres de base « tier 1 » de 9%, et le ratio de solvabilité de 12%.
Ces exigences ont été relevées tout au long de la décennie écoulée.
Après l’adoption de Bâle II en 2007, le ratio de solvabilité a été relevé de 8% à 10% en 2010, puis à 12% en 2012, avec l’introduction du ratio tier 1 la même année.
S’en est suivie la mise en œuvre de Bâle III à compter de 2013 sur une période de 5 ans qui s’achève en 2019.
Aujourd’hui, les niveaux observés, calculés sur des bases plus strictes, sont globalement confortables avec un ratio de solvabilité moyen de 14% pour le secteur bancaire et un ratio de fonds propres de catégorie 1 de 10,5%.
Pour sa part, le coefficient de liquidité à court terme (LCR) mesure la quantité d’actifs liquides et de haute qualité, à la disposition des banques pour couvrir, en cas de crise, des sorties de trésorerie sur une période d’un mois.
Le coefficient dégagé par les banques s’est établi à 139% à fin 2018, pour un niveau cible de 100% à horizon 2019.
La Banque Centrale suit de près l’observation des ratios prudentiels et veille, conformément aux dispositions de la loi bancaire, à la mise en place par les banques de plans de redressement dans le cas éventuel où ces ratios se dégraderaient en deçà des minimums requis.
A.D