Ce mois de Ramadan 2019, déjà bien entamé, est aussi chiche en informations que riche en agapes nocturnes, et, en cela, il ressemble furieusement aux précédentes éditions…
A part l’ouverture du pont de Sidi Maarouf, dans la discrétion la plus totale et après plusieurs salves de protestations légitimes sur les réseaux sociaux et la hausse du prix de l’oignon, ce qui freinera les pleurs de ceux qui les épluchent, la seule info à se mettre sous la dent, (très pauvre en calories au demeurant), est le bilan à mi-mandat du Chef du gouvernement.
M. Saad Eddine El Othmani, fier comme Artaban, sous les regards plutôt atones des parlementaires des deux chambres et l’œil scrutateurs des caméras d’Al Oula, a donc dressé l’inventaire des actions et réalisations de son équipe depuis son entrée en fonction le 7 avril 2017.
Mais au-delà de l’exercice d’un égrenage de réalisations, la plupart non étayées par des indicateurs chiffrés d’ailleurs, et qu’on pourrait assimiler à de la psalmodie (PJD oblige !), le Chef du Gouvernement n’a pas vraiment convaincu son auditoire et encore moins l’opinion publique.
En effet, s’il est vrai que le gouvernement a travaillé sur la base d’un programme dont l’échéance arrivera en 2021, s’il est nécessaire de reconnaître que plusieurs lois d’importance ont été adoptée, s’il est juste de dire que le Royaume a progressé dans le classement de Doing Business ou dans l’index de perception de la corruption (quoique…), là n’est vraiment pas l’essentiel pour les citoyens de ce pays.
Au Maroc, comme partout ailleurs dans le monde, trois indicateurs sont importants pour les opinions publiques et ils relèvent d’un mix entre l’économique et le social.
Nos concitoyens aspirent à vivre mieux, c’est-à-dire à travailler, gagner honorablement leur vie et acquérir les biens et produits qu’ils estiment nécessaires à leur bonheur, le tout dans un cadre sociétal et environnemental agréable.
Cette quête permanente, dont la réalisation est de la responsabilité première du gouvernement et de l’État, suppose que la création de richesses est suffisante pour satisfaire les besoins et les attentes et que l’emploi est assuré à tous ceux qui accèdent au marché du travail.
Or, sur ces deux indicateurs fondamentaux, M. El Othmani et ses pairs ne peuvent se targuer d’avancées notables au terme de leur exercice biennal.
Le taux de chômage, (officiel), est encore supérieur à 10% de la population active, sachant que cette donnée ne rend pas compte de tous ceux qui échappent aux statistiques, tandis que la croissance, matérialisée par le PIB et ses évolutions, n’a guère progressé depuis 2017, en flirtant avec la barre des 3%, otage qu’elle est depuis des lustres de la pluviométrie et des résultats des campagnes agricoles.
Reste un seul indicateur qui se présente sous un jour favorable, celui de l’indice des prix, traduisant un taux d’inflation inférieur ou tout juste égal à 1%.
Mais ce score n’est guère imputable à l’équipe El Othmani.
Il exprime d’abord la justesse et la sagesse de la politique menée par Bank Al-Maghrib sous la férule du Wali Jouahri, mais aussi la situation de stagnation économique, qui pourrait même s’assimiler à de la stagflation, car une inflation contrôlée et acceptable exprimerait certainement une meilleure conjoncture économique, des investissements productifs, une employabilité satisfaisante, etc.
Force est donc de statuer que le bilan de mi-mandat, qui satisfait apparemment le Chef du Gouvernement, malgré les réserves émises par lui-même devant les parlementaires, n’est absolument pas positif car il n’indique en rien l’amélioration du quotidien des Marocains, ni celle des Finances publiques et encore moins celle de l’économie nationale.
Le gouvernement de M. Saad El Othmani, en somme, fonctionne en ronronnant, vaque à ses responsabilités certes, mais sans avoir jamais réussi à impulser les élans nécessaires à l’amélioration des fondamentaux, économiques, financiers, sociaux.
Il donne ainsi la pénible impression qu’il gère les affaires courantes, sans plus !
Et il y a fort à craindre que cette situation perdure jusqu’à la fin de son mandat…
Fahd YATA