Après de longues années de léthargie, la Bourse de Casablanca a clôturé l’année 2016 avec de très bonnes statistiques en matière de volumes traités, d’augmentation de cours et même de liquidité.
A regarder de près ses résultats, on constate pourtant qu’elle doit sa relance à un seul événement, celui de l’introduction en bourse de Marsa Maroc qui a ressuscité les transactions en bourse et a été au centre du marché depuis juillet dernier.
Car, certes, son dynamisme a touché d’autres valeurs mais seulement au second semestre, c’est-à-dire après l’OPV de Marsa.
Tant mieux, aurait-on on tendance à dire, l’essentiel étant que la bourse reparte et renoue avec l’intérêt des investisseurs et des épargnants. D’autant qu’il faut reconnaître que les produits de taux, principale alternative aux actions, ne sont plus attractifs depuis longtemps compte tenu de la baisse des taux des bons du Trésor, toutes échéances confondues, et que les obligations privées sont l’objet d’un réel désarroi des obligataires. D’ailleurs, à moins d’une nouvelle réglementation avec garanties à l’appui, les investisseurs ne seront pas prêts à y investir aussi aisément qu’auparavant.
Mais honnêtement, il ne saurait être question d’une reprise de la bourse qui va s’installer dans la durée sans condition. Il faut savoir qu’une hirondelle ne fait pas le printemps et que l’attraction d’une place financière reste basée sur le rendement boursier lequel se subdivise, d’une part, en distributions de dividendes qui proviennent des résultats des sociétés cotées et, d’autre part, en rendements boursiers issus de l’augmentation des cours. Celle-ci, pour être pérenne, doit se justifier par de bonnes perspectives des entreprises cotées. Rappelons enfin que la spéculation, utile à la liquidité boursière, devient nocive quand elle constitue l’essentiel des volumes traités.
Pour l’heure, on peut du moins espérer que les bons chiffres de l’année 2016 présagent d’un retour de la confiance, ce qui ne se justifie pas pour le moment !
Pour l’installer toutefois, il serait préférable que les réformes promises pour la Bourse de Casablanca lors de sa démutualisation, s’enclenchent.
Pour rappel, le nouveau Conseil de la Bourse, présidé par M. Tawfiki, de CDG Capital, et qui se compose de représentants du secteur bancaire et des assurances, n’a pas encore « bougé ».
L’on a même appris qu’il bloquerait déjà sur un manque de moyens notamment humains à la Bourse, pour avancer dans l’instauration de nouveaux compartiments voire de nouveaux marchés dont essentiellement ceux des PME, des devises, (à la veille du flottement du dirham) et surtout des dérivés pour stimuler la confiance et instaurer un réel dynamisme.
D’autant, qu’avec la feuille de route signée lors de la COP 22 par tous les acteurs du marché des capitaux en faveur du financement vert et de l’appui du Maroc aux pays africains, beaucoup d’engagements ont été pris par notre pays. Notamment celui de faire de la Place financière internationale de Casablanca un hub et une plateforme qui focalisent l’intérêt de tous les investisseurs vers ce continent plein de promesses et d’opportunités.
Et dans cette perspective, sans prendre de raccourci, le marché financier doit se mettre à niveau pour devenir cette courroie de transmission entre le Nord et le Sud que le Maroc ambitionne de représenter. Pour ce faire, il lui faut acquérir une nouvelle dimension et se mettre aux standards internationaux.
Voilà pourquoi, aux bons résultats de la Bourse de 2016, nous n’applaudirons pas des deux mains, parce que nous voulons et devons aller plus loin et plus rapidement…