Selon la presse internationale les banques centrales devraient annoncer cette semaine la fin de leur politique monétaire d’austérité en maintenant leurs taux directeurs inchangés.
La Banque Centrale Européenne, qui a opéré dix tours de vis d’affilée, devrait donc marquer une pause en maintenant ses taux directeurs déjà élevés entre 4,00% et 4,75%.
Quant à la FED, dont les taux sont également au plus haut depuis vingt-deux ans et qui les a relevés onze fois depuis mars 2022 à 5,25 % et 5,5 %, devrait également les laisser inchangés.
Les raisons de ce maintien tiennent à la conjoncture économique qui s’est assombrie dans le monde tandis que l’inflation a accentué son recul, passant de 5,2% en août à 4,3% en septembre, en glissement annuel, pour revenir à son niveau d’octobre 2021. C’est le signe qu’il y a déjà une très forte transmission de la politique monétaire, dans le secteur bancaire en particulier, et que le financement de l’économie en est directement affecté. L’objectif de la BCE, et de toutes les banques centrales, étant de durcir l’accès au crédit pour les ménages et les entreprises, afin de peser à la baisse sur la demande et d’endiguer les hausses des prix qui se sont envolés ces deux dernières années. Sauf qu’une telle politique dite d’austérité, engendre une faiblesse de l’activité économique qui menace d’une contraction du produit intérieur brut.
Ainsi, la Réserve fédérale américaine qui tient sa réunion de politique monétaire cette semaine, la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne, qui en font de même, devraient confirmer le maintien de leurs taux directeurs sur un plateau mettant fin au resserrement monétaire entrepris en 2022 et 2023. Elles abandonneraient donc l’orthodoxie monétaire et le cycle d’austérité des politiques monétaires restrictives, qu’elles ont dégainées pour lutter contre un taux d’inflation trop élevé, au bout 18 mois.
Et ce, après plus d’une décennie de Politiques monétaires expansionnistes, qui ont par définition, créé des conditions favorables à l’obtention de crédits afin d’encourager l’investissement et la consommation des ménages et des entreprises. En effet, la BCE a relevé ses taux directeurs pour la première fois depuis 11 ans, en juillet 2022 suivant le mouvement enclenché par la FED, entamant ainsi un cycle de resserrement monétaire et engageant des conséquences sur l’économie mondiale.
Bien sûr, l’éventuel arrêt par les banques centrales de leur politique monétaire restrictive serait motivé par la fin des hausses de l’inflation. Celle-ci connaît une baisse continue en Europe en retombant à 2,4 % en novembre contre 2,9 % en octobre et 4,3 % en septembre, prenant la tendance vers la cible de 2 % d’inflation, écartant ainsi la nécessité d’un nouveau tour de vis. De même aux Etats-Unis, tirée par un repli substantiel des prix des loyers, l’inflation ralentit de 8% en 2022 à 4,1% en 2023 puis à 2,6% en 2024.
Dans ces circonstances, il s’impose de constater que Bank Al Maghrib, qui joue dans la cour des grands argentiers du monde, a anticipé le comportement des plus grandes banques centrales que sont la FED et la BCE en maintenant en septembre dernier son taux directeur à 3%.
Et ce, sur la base du constat de la nette décélération de l’inflation qui est revenue d’un pic de 10,1% en glissement annuel en février à 5% en août 2023, favorisée par les mesures mises en place par le Gouvernement, l’atténuation des pressions d’origine externe et le resserrement de la politique monétaire.
Donc, selon les projections de Bank Al-Maghrib, ce ralentissement se poursuivrait, l’inflation devant reculer de 6,6% en 2022 à 6,0% en moyenne au cours de cette
année puis à 2,6% en 2024.
D’autant que les cours des produits énergétiques, du Brent en particulier, devrait ressortir à 82,3 dollars le baril en moyenne en 2023, en diminution annuelle de 16,8%,
puis rester autour de ce niveau en 2024.
Et pour le Maroc, hors énergie, les prix demeurent orientés à la baisse, tirés par les replis de ceux des produits agricoles et des métaux et minerais. En effet, pour le phosphate et ses dérivés, le cours du brut devrait se situer, selon les projections de la Banque mondiale d’avril dernier, à 260 dollars la tonne en 2023 et à 240 dollars en 2024 et ce, après 266 dollars en 2022. Également, ceux de ses dérivés baisseraient de 772 dollars la tonne en 2022 à 580 dollars en moyenne en 2023 puis à 570 dollars en 2024 pour le DAP, et de 716 dollars à 560 dollars puis à 510 dollars respectivement pour le TSP.
Dans ce contexte, selon Bank Al Maghrib, la résorption de l’inflation devrait se poursuivre, atténuant ainsi son fort impact sur l’économie en 2022 et 2023.
Afifa Dassouli