La blockchain, ou chaîne de blocs, est une technologie qui est essentiellement associée, auprès du grand public, aux cryptomonnaies, et donc à des opérations hautement spéculatives, réalisées en dehors des circuits financiers traditionnels. Pourtant, elle est de plus en plus utilisée par les grandes institutions bancaires pour émettre des obligations ou sortir sur les marchés financiers. Par exemple, la Banque Européenne d’Investissement avait réalisé en avril 2019 déjà, une première émission obligataire de 100 millions d’euros de « Security Tokens » sur la blockchain Ethereum, et à une deuxième de 40 millions d’euros de « Security Tokens », cette fois réglée en Monnaie Digitale de Banque Centrale (MDBC) émise par la Banque de France en mai 2020.
Organiser le placement d’obligations est compliqué et chronophage, surtout en cas d’intervention d’un grand nombre de banques. Les chaînes de blocs offrent de nombreux avantages aux grandes institutions financières. Elles permettent aux banques de simplifier une grande partie des exigences et des formalités administratives qui nécessitent des mois à compléter. La plupart des documents relatifs à l’émission, à la souscription et à la distribution des obligations peuvent être stockés sur une chaîne de blocs, ce qui permet d’accélérer chaque étape du processus.
La transformation numérique des marchés des capitaux peut également réduire les coûts fixes et accroître la transparence parce qu’il est plus facile de suivre les flux d’échanges et les transactions sur les marchés secondaires.
Du côté du Maroc, c’est le Groupe Banque Populaire qui ouvre la route à ce type d’opérations. En effet, le groupe a annoncé le 7 juillet 2022 que dans le cadre de la digitalisation continue de son offre et de l’amélioration de l’expérience client, il lançait, avec l’accompagnement de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) et la participation de Maroclear, une opération d’émission d’obligations basée sur la technologie Blockchain. Cette opération, première du genre au Maroc, porte sur l’émission de titres de sa filiale Maroc Leasing, pour un montant total de 100 millions de dirhams. Réalisée sur la base d’un « Proof of Concept » et selon les règles d’émission en vigueur, cette opération fait appel aux meilleurs standards de la technologie Blockchain, qui garantissent un niveau de sécurité élevé, tout en permettant une réduction des coûts et des délais, ainsi qu’une grande fluidité de traitement, explique-t-on auprès de la banque. Cette opération, réalisée avec l’accompagnement de l’AMMC et la participation de Maroclear ainsi que des filiales spécialisées du groupe BCP, constitue un projet pilote pour les institutions concernées et converge avec leurs orientations stratégiques en termes d’innovation et de digitalisation des processus. Il reste maintenant à espérer que les autres acteurs suivront le mouvement.
LNT