Comme il était largement pressenti par les analystes financiers nationaux, le Conseil de Bank Al-Maghrib, qui a tenu mardi 21 mars sa première session de l’année 2023, a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 3% et ce, pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, selon la Banque centrale. Il est à noter que l’augmentation prendra effet le 23 mars.
Dans un contexte très actif, avec la sortie du Maroc de la liste grise du GAFI, l’appréciation positive du FMI à la suite de sa demande d’un accord au titre de la Ligne de Crédit Modulable ainsi que les conditions favorables dont a bénéficié la dernière émission du Trésor sur le marché international, le Conseil a relevé que malgré une relative atténuation des pressions d’origine externe, les données récentes montrent que l’inflation continue de s’accélérer, sous l’effet notamment de chocs d’offre internes sur certains produits alimentaires. Il a pris note à cet égard des mesures mises en place par le Gouvernement pour améliorer l’offre de ces produits et assurer le bon fonctionnement de leurs marchés. Ainsi, après avoir atteint 6,6% en 2022, son plus haut depuis 1992, l’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme. Elle ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus. Ces projections supposent que les chocs à l’origine de cette augmentation se dissiperaient graduellement au second semestre à la suite des différentes mesures prises par le Gouvernement à cet égard. En 2024, sous l’hypothèse que les pressions aussi bien internes qu’externes continueraient de s’atténuer, la tendance fondamentale des prix se situerait à 2,3%, mais le démarrage programmé de la décompensation des prix des produits subventionnés devrait maintenir l’inflation globalement à un niveau élevé, soit 3,9%.
Pour ce qui est de la croissance, après un démarrage difficile, la campagne agricole connait un relatif redressement grâce aux dernières précipitations. Toutefois, la production des trois principales céréales serait limitée par la superficie emblavée qui n’aurait pas dépassé 3,65 millions d’hectares selon le Département de l’Agriculture. De surcroit, les cultures hors céréales pâtiraient des restrictions sur l’eau d’irrigation et de la cherté des intrants. Dans ces conditions, les projections de BAM, élaborées sur la base des données disponibles au 10 mars 2023, tablent sur une récolte céréalière autour de 55 millions de quintaux. Ainsi, après une contraction de 15% en 2022, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 1,6% en 2023, avant de s’améliorer de 6,9% en 2024 sous l’hypothèse d’un retour à une production moyenne de 75 millions de quintaux. Pour leur part, du fait notamment de la détérioration de l’environnement externe, les activités non agricoles devraient poursuivre leur ralentissement en 2023, avec une progression de leur valeur ajoutée de 2,7% au lieu de 3,4% en 2022. Elles connaitraient en 2024 un relatif redressement avec un accroissement de 3,2%. Au total, après une forte décélération à 1,2% prévue en 2022, la croissance de l’économie nationale devrait se consolider à 2,6% cette année et s’accélérer à 3,5% en 2024.
SB