Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé, mardi, de maintenir inchangé le taux directeur à 1,5% à l’issue de sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2021.
« Le Conseil a estimé que l’orientation de la politique monétaire reste largement accommodante, assurant des conditions de financement adéquates. Il a jugé en particulier que le niveau actuel du taux directeur demeure approprié et a décidé ainsi de le maintenir inchangé à 1,5% », indique BAM dans un communiqué.
Lors de cette réunion, le Conseil a analysé par la suite l’évolution de la situation sanitaire et la conjoncture économique aux niveaux national et international, ainsi que les projections macroéconomiques de la Banque à moyen terme. Il a estimé à cet égard que la reprise de l’activité se poursuit à un rythme soutenu, favorisée par l’assouplissement des restrictions, les conditions de financement accommodantes et le stimulus budgétaire.
« Les perspectives restent toutefois entourées d’un niveau élevé d’incertitudes en lien notamment avec l’apparition de nouveaux variants du virus et les disparités entre pays en termes de rythme de vaccination », fait remarquer BAM.
Le Conseil a aussi noté qu’après des taux de 0,7% en 2020 et de 0,1% au premier trimestre de 2021, l’inflation a atteint 1,7% en moyenne au cours des mois d’avril et mai. Sous l’effet de la hausse prévue des cours internationaux du pétrole et de certains produits alimentaires, ainsi que de l’amélioration de la demande intérieure, elle devrait poursuivre son accélération tout en restant à des niveaux modérés, ressortant à 1% sur l’ensemble de cette année et à 1,2% en 2022. Sa composante sous-jacente augmenterait de 0,5% en 2020 à 1,2% en 2021, puis à 1,5% en 2022.
Rappelant que les données provisoires des comptes nationaux annuels pour 2020 publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) indiquent une contraction de l’économie de 6,3%, BAM prévoit que la reprise de l’activité économique observée ces derniers mois devrait se poursuivre, soutenue, d’une part, par les mesures de relance budgétaire et l’orientation accommodante de la politique monétaire et, d’autre part, par les progrès notables de la campagne de vaccination et l’assouplissement des restrictions sanitaires.
Ainsi, selon les projections de Bank Al-Maghrib, la croissance atteindrait 5,3% cette année, portée par une hausse de 3,6% de la valeur ajoutée des activités non agricoles et un rebond de 17,6% de celle du secteur agricole. Ce dernier reflète notamment les conditions climatiques très favorables qui ont marqué l’actuelle campagne agricole et qui se sont traduites par une augmentation de la production céréalière à 98 millions de quintaux.
En 2022, la croissance se consoliderait à 3,3%, avec une poursuite de l’amélioration du rythme des activités non agricoles à 3,8% et une baisse de 2% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux.
Sur le marché du travail, les signes de la reprise sont perceptibles avec une atténuation sensible des pertes nettes annuelles d’emploi à 202 mille au premier trimestre 2021 au lieu de 451 mille un trimestre auparavant. Tenant compte d’une entrée nette de 40 mille demandeurs d’emplois, le taux d’activité a reculé d’une année à l’autre à 45,5% et le taux de chômage s’est aggravé à 12,5% globalement et à 17,1% en milieu urbain.
Sur le plan des comptes extérieurs, les données provisoires à fin avril indiquent une nette reprise du commerce de biens avec des accroissements, en glissement annuel, de 22,3% des exportations et de 10,7% des importations. En parallèle, les recettes voyages ont diminué de 65,7%, alors que les transferts des Marocains Résidant à l’étranger (MRE) maintiennent leur résilience notable, avec une progression de 45,3%.
La reprise des échanges de biens devrait se poursuivre, les prévisions de Bank Al-Maghrib tablant sur une augmentation des exportations de 14,5% sur l’ensemble de cette année, puis de 5,6% en 2022, tirées principalement par les ventes de la construction automobile et des phosphates et dérivés.
En regard, les importations s’accroîtraient de 16,6% en 2021, en lien essentiellement avec un alourdissement de la facture énergétique et une hausse des achats de biens de consommation, avant d’enregistrer un ralentissement de leur rythme à 3% en 2022. Les recettes voyages connaitraient une reprise graduelle avec l’ouverture des frontières, passant de 36,5 milliards de dirhams (MMDH) en 2020 à 44,4 MMDH en 2021 et à 63,4 MMDH en 2022.
Quant aux transferts des MRE, leur progression resterait soutenue avec un taux de 7,6% à 73,3 milliards en 2021 et de 2,8% à 75,4 milliards en 2022. Dans ces conditions, après une atténuation notable à 1,5% du PIB en 2020, le déficit du compte courant terminerait l’année à 3,8% du PIB avant de s’alléger à 2,6% en 2022.
Concernant les recettes des investissements directs étrangers (IDE), elles avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB en 2021 et en 2022.
Tenant compte notamment des tirages extérieurs du Trésor, ainsi que de l’allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) prévue par le Fonds monétaire international (FMI), les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib avoisineraient 328,5 MMDH à fin 2021 et 338,6 MMDH à fin 2022, soit l’équivalent de plus de 7 mois d’importations de biens et services.
S’agissant des conditions monétaires, les taux débiteurs ont connu une quasi-stabilité globalement au premier trimestre à 4,45% en moyenne, avec en particulier une augmentation trimestrielle de 21 points de base pour les particuliers et une baisse de 5 points pour les entreprises, précise la Banque centrale, ajoutant qu’en glissement annuel, ils ressortent en repli de 44 points de base en moyenne, un recul qui a concerné toutes les catégories de crédits et d’agents institutionnels.
Concernant le crédit bancaire, sa composante destinée au secteur non financier a enregistré un léger ralentissement de son rythme de 4,5% au quatrième trimestre 2020 à 4,1% au premier trimestre 2021, recouvrant une décélération de 5,3% à 4,2% pour les prêts accordés aux entreprises et une amélioration de 3% à 3,7% pour les crédits aux ménages. Tenant compte des perspectives de l’activité économique, elle terminerait cette année avec une progression de 3,5% puis s’accroitrait de 3,8% en 2022.
Pour sa part, et après une appréciation de 0,8% en 2020, le taux de change effectif réel devrait se déprécier de 0,6% en 2021 et de 1,4% en 2022, sous l’effet essentiellement d’un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des pays partenaires et concurrents commerciaux.
Côté finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de l’année fait ressortir un déficit de 25,1 MMDH, en légère baisse d’une année à l’autre. Les recettes ordinaires se sont améliorées de 9,3% tirées par l’augmentation du produit fiscal.
En parallèle, les dépenses globales se sont accrues de 1,9% sous l’effet des hausses de 5,2% de la masse salariale et de 18,1% de la charge de compensation, tandis que l’investissement s’est stabilisé à 28,1 MMDH. Considérant la réduction du stock des opérations en instance de 20,6 MMDH, le déficit de caisse s’est établi à 45,6 MMDH, au lieu de 25,4 MMDH à la même période en 2020.
Ce besoin a été couvert par des ressources intérieures pour un montant net de 41,9 MMDH et par des concours extérieurs nets pour 3,7 MMDH. Tenant compte notamment de ces réalisations, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, s’atténuer progressivement, revenant de 7,6% du PIB à 7,1% en 2021 et à 6,6% en 2022, alors que l’endettement du Trésor continuerait d’augmenter, passant de 76,4% du PIB en 2020, à 77,8% en 2021 puis à 80% en 2022.
LNT avec CdP