Photo diffusée par l'agence officielle syrienne Sana montrant le président syrien Bachar al-Assad (d) et la Première dame Asma al-Assad (2e d) à leur arrivée à l'aéroport de Pékin, le 21 septembre 2023
Isolé sur la scène internationale, le président syrien Bachar al-Assad a entamé jeudi une visite officielle en Chine, la première dans ce pays en près de 20 ans, avec l’espoir selon Pékin de porter les relations bilatérales à « un nouveau niveau ».
Le dirigeant syrien cherche des fonds pour la reconstruction du pays après une guerre sanglante qui a entraîné des destructions massives d’infrastructures et a réduit à néant plusieurs secteurs de l’économie, tandis que Damas est soumise à de lourdes sanctions internationales.
« Nous croyons que la visite du président Bachar al-Assad va renforcer la confiance politique mutuelle et la coopération dans des secteurs variés entre les deux pays, portant les liens bilatéraux à un nouveau niveau », a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois Mao Ning lors d’un point presse.
« Le président Xi Jinping et d’autres responsables chinois le rencontreront » pour discuter des relations entre les deux pays et de questions communes, a-t-elle ajouté.
La Chine fait partie des alliés du président Assad et lui a notamment apporté son soutien au Conseil de sécurité de l’ONU, s’abstenant régulièrement lors du vote de résolutions contrariant le pouvoir syrien.
Le dernièr déplacement de Bachar al-Assad en Chine remonte à 2004 et il s’agissait de la première visite d’un dirigeant syrien depuis l’établissement des relations diplomatiques avec Pékin en 1956.
Le président syrien est arrivé en Chine à bord d’un avion Air China, qui s’est posé à 13H15 locales (07H15 GMT), selon des images de la télévision d’Etat CCTV à l’aéroport de Hangzhou (est).
M. Assad doit y assister samedi à la cérémonie d’ouverture des Jeux asiatiques, où le président chinois Xi Jinping rencontrera d’autres dirigeants étrangers, selon la chaîne.
« Cette visite représente une rupture importante de l’isolement diplomatique » de la Syrie, déclare à l’AFP depuis Damas le politologue Oussama Dannoura.
– Objectif légitimité –
Le pouvoir Assad a amorcé en 2023 un rapprochement avec de nombreux pays arabes, après des années d’isolement consécutif à la guerre dans son pays.
Cette normalisation des relations a été consacrée en mai par le retour de Damas au sein de la Ligue arabe, et la participation du président syrien à un sommet en Arabie saoudite.
« Assad a l’intention de conférer une certaine légitimité internationale à son régime et de donner l’image d’un soutien imminent de la Chine à la reconstruction en Syrie », prévient Lina Khatib, directrice du programme Moyen-Orient à l’institut SOAS à l’Université de Londres.
Le moment est d’autant plus important après les manifestations qui ont éclaté à Soueida, dans le sud de la Syrie, pour appeler au départ de Bachar al-Assad.
En traitant avec des pays comme la Syrie que Washington cherche à isoler, « la Chine brise les tabous occidentaux », affirme M. Dannoura.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro, dont le pays est placé sous sanctions américaines, était ainsi à Pékin la semaine dernière, tandis qu’une délégation du gouvernement taliban se trouve actuellement en Chine.
Plus tôt cette année, Pékin avait déroulé le tapis rouge au président bélarusse Alexandre Loukachenko et à l’Iranien Ebrahim Raïssi.
De hauts responsables russes ont également été reçus, avant une visite de Vladimir Poutine en Chine le mois prochain.
– « Enormes capacités » –
Pékin joue au Moyen-Orient un rôle grandissant, à l’image du spectaculaire rapprochement qu’il a permis en début d’année entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
La Chine, très active dans une région historiquement stratégique pour les Etats-Unis, y promeut son ambitieux projet des Routes de la soie, qui consiste en des investissements massifs dans les infrastructures pour améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique.
La Syrie a rejoint le projet en janvier 2022 et espérait d’importantes retombées économiques.
Mais cela ne s’est « toujours pas concrétisé », relève l’analyste syrien Haid Haid, du cercle de réflexion Chatham House.
Le déplacement du président Assad à Pékin vise « à convaincre » la Chine de participer à la reconstruction de la Syrie en dépit de « réticences » notamment sécuritaires, souligne l’expert.
Les forces du pouvoir syrien ont repris la majeure partie du territoire grâce à l’aide militaire cruciale de ses alliés russe et iranien, mais le pays a besoin d’investissements pour la reconstruction.
La Chine s’était engagée en 2017 à investir 2 milliards de dollars en Syrie.
LNT avec Afp