Joe Biden, le 10 novembre 2020 à Wilmington (Delaware) © AFP Angela Weiss
Le président élu américain Joe Biden a jugé mardi que le refus de Donald Trump de concéder sa défaite était « source d’embarras », tout en affirmant que cela ne l’empêcherait pas de prendre sa place à la Maison Blanche, en janvier.
Comme dans deux réalités parallèles, une semaine après l’élection du 3 novembre, le président républicain sortant continue de crier victoire tandis que Joe Biden reçoit les félicitations de plusieurs dirigeants étrangers.
En refusant de reconnaître son échec, un geste extrêmement difficile à faire pour cet ancien homme d’affaires qui abhorre les « perdants », Donald Trump complique la tâche à celui qui prendra ses fonctions présidentielles le 20 janvier.
Mais le démocrate, déclaré vainqueur samedi à l’issue d’un long suspense, n’a pas attendu pour se mettre au travail.
Le refus de son rival de reconnaître la défaite? Une « source d’embarras », a lancé Joe Biden en acceptant, fait rare, des questions de journalistes dans son fief de Wilmington, dans le Delaware.
Cela n’aura « pas beaucoup d’impact » sur le transfert du pouvoir mais pourra nuire à « l’héritage » politique du républicain, a-t-il toutefois souligné, la future vice-présidente démocrate Kamala Harris à ses côtés.
A une journaliste qui lui demandait ce qu’il dirait à M. Trump, grand amateur de télévision, si ce dernier était en train de regarder sa conférence de presse, M. Biden a répondu, en fixant la caméra et avec un sourire: « Monsieur le président, j’ai hâte de vous parler. »
Le septuagénaire a reçu mardi les félicitations du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui entretient de bons rapports avec Donald Trump.
Et il s’est entretenu au téléphone avec plusieurs autres dirigeants étrangers: le Premier ministre britannique Boris Johnson, la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre irlandais Micheal Martin.
Joe Biden a notamment affirmé au chef de l’Etat français qu’il souhaitait « redynamiser les relations bilatérales et transatlantiques, notamment à travers l’Otan et l’Union européenne », souvent malmenées par Donald Trump.
Le démocrate, qui fêtera dans dix jours ses 78 ans, avait dès lundi dressé les contours de son plan de lutte contre la pandémie de Covid-19, sa priorité alors que les Etats-Unis ont franchi la barre des 10 millions de cas recensés de contamination.
Comme lors de sa campagne, le président élu avait à nouveau exhorté les Américains à porter un masque.
– Trump, inhabituellement discret –
De son côté, Donald Trump ne s’est échappé qu’à deux reprises de la Maison Blanche depuis le jour de l’élection, pour aller jouer au golf au cours du week-end, dans un délicieux été indien, sur l’un de ses parcours près de Washington.
Après avoir enchaîné les meetings dans la dernière ligne droite de la campagne, il se fait aujourd’hui inhabituellement discret: comme depuis plusieurs jours, aucun événement public ne figurait mardi à son agenda.
Le milliardaire républicain s’en remet à son canal de communication favori, Twitter, pour occuper l’espace et relayer ses accusations de fraude électorale, souvent épinglées par le réseau, faute d’éléments concrets pour les étayer.
« Nous allons gagner! », a-t-il promis mardi matin, en lettres capitales, comme pour mieux se convaincre que les efforts juridiques engagés par son équipe pour contester les résultats dans les Etats-clés abandonnés à Joe Biden avaient une chance d’aboutir.
« Nous avançons à grands pas. Les résultats commenceront à tomber la semaine prochaine », a-t-il encore écrit alors que le ministre de la Justice a donné son feu vert à l’ouverture d’enquêtes sur d’éventuelles irrégularités lors du scrutin.
Il a reçu le soutien clair de son chef de la diplomatie Mike Pompeo, qui a promis une « transition en douceur vers une seconde administration Trump ».
D’autres grands noms républicains sont restés plus en retrait tandis que seule une poignée de sénateurs a reconnu la victoire de Joe Biden.
Donald Trump s’était déjà contenté de tweeter lundi pour annoncer sans ménagement le limogeage de son ministre de la Défense Mark Esper ou s’interroger sur le timing de l’annonce par le laboratoire Pfizer, après la présidentielle, d’un vaccin candidat efficace contre le Covid-19.
LNT avec Afp