Attijari Intermediation, filiale d’Attijariwafa bank spécialisée dans l’intermédiation boursière, vient de publier une étude intitulée « Perspectives – Marchés Obligataire et Monétaire 2017e ». Ses analystes y livrent leurs prévisions quant au comportement des marchés obligataire et monétaire pour le 4ème trimestre de l’année en cours, s’appuyant sur le comportement de l’économie marocaine, ainsi que l’action de la Banque centrale.
Bouffée d’air après une année 2016 moribonde
Comme chacun le sait, l’année 2016 a été marquée par une campagne agricole désastreuse, pour une croissance de seulement 1,2%. Mais, comme l’explique Attijari Intermediation, les indicateurs et agrégats économiques laissent présager une très bonne fin d’année 2017 en termes de croissance. Les différentes projections la situent entre 4 et 4,5% en 2017e (4,5% pour la Loi de Finances).
Selon les analystes, 3 facteurs principaux assurent le rebond de la croissance. Tout d’abord, une campagne agricole de plus de 100 MQx, largement au-dessus des prévisions de la LF 2017, qui permet une nette amélioration de la VA agricole. Ensuite, au niveau mondiale, les signes d’une reprise économique sont présents, ce qui est de bonne augure pour la demande étrangère adressée au Maroc (par exemple, les exportations de phosphates ont crû de 8,7% au premier semestre). Enfin, les cours du pétrole se sont à nouveau inscrits dans une tendance baissière, ce qui devrait permettre au Royaume de comprimer son déficit de compte courant.
Hausse peu probable du taux directeur de BAM
Selon Attijari Intermediation, le déficit de liquidité bancaire, qui oriente la politique monétaire de Bank Al-Maghrib, devrait connaître une inflexion haussière après 4 ans d’allègement, notamment à cause d’un repli à 6 mois d’importations des réserves de change. En effet, celles-ci ont reculé de 15,5% à 206 MMDH au premier semestre de l’année en cours. Les analystes expliquent ce fait par la hausse des flux sortants, suite à l’appréciation de la facture énergétique, l’augmentation des importations de biens d’équipement, le financement d’acquisitions à l’étranger (comme Barclays en Egypte) et le remboursement d’un Eurobond de 500 M€. En parallèle, l’atonie des recettes MRE et voyages impacte les flux entrants, ce qui provoquerait un alourdissement à 4,6% du déficit du compte courant.
Sachant qu’une hausse du taux directeur servirait à alimenter l’inflation, qui reste modérée et en ligne avec les prévisions, ou à soutenir la croissance, dont les projections sont très positives, Attijari Intermediation estime peu probable une telle hausse, ou un relèvement du ratio de la réserve obligatoire. Les taux interbancaires devraient ainsi s’échanger autour du taux directeur à 2,25%.
Un marché obligataire apaisé
Après des tensions en début d’année, dues à l’aversion au risque des opérateurs, alimentée par le retard de la formation du nouveau gouvernement ainsi que le recours massif du Trésor au marché primaire, ce qui avait provoqué une légère hausse des taux, l’amélioration du contexte macroéconomique global devrait détendre le marché.
En effet, la demande en BDT est satisfaisante sur le moyen long terme, et l’offre en BDT devrait restée limitée, selon les analystes, qui jugent que l’état des finances publiques ne provoque pas de pression sur les besoins de financement du Trésor. Par conséquent, et afin de financer le déficit budgétaire au titre de l’année 2017, la LF prévoit des levées nettes sur le marché de la dette publique intérieure de 30,6 MMDh. Ce montant regroupe la totalité des emprunts au titre du budget général de l’Etat, tenant compte des arriérés du Trésor. Dans ces conditions, et en supposant un financement exclusivement à travers le marché domestique, la moyenne mensuelle des levées brutes serait de 8,6 MMDh en 2017e. Ce niveau tient compte d’une hausse des tombées prévues en 2017e de 14,0% à 72,3 MMDh contre 63,4 MMDh en 2016.
Concernant les emprunts extérieurs, la LF 2017 prévoit une recette de 23,0 MMDh, en baisse de 9,8% par rapport à la LF 2016. Attijari Intermediation estime à ce niveau que le Maroc possède une marge de manoeuvre intéressante au niveau de l’endettement extérieur, compte tenu de son poids dans le total de la dette qui reste inférieur à 25,0%. Par ailleurs, les conditions de financement à l’extérieur sont jugées très satisfaisantes en marge de l’amélioration récente des équilibres budgétaires et du renouvellement de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) accordée par le FMI. Celles-ci devraient soutenir la notation «Investment Grade» du Maroc obtenue en 2014.Tenant compte de la situation des finances publiques et en l’absence de pression significative sur la liquidité bancaire sur le T4-17e, le financement du déficit public devrait s’opérer sans tensions particulières sur les taux obligataires en général, concluent les analystes d’Attijari Intermediation.
Pour finir, l’étude cite les différents facteurs de risque pouvant impacter l’ensemble de ces projections. On notera le ralentissement de la croissance européenne, une hausse importante des prix du pétrole à l’international, une exacerbation des tensions géopolitiques, un glissement significatif du dirham, ou bien enfin une émission à l’international, qui réduirait le besoin du Trésor d’avoir recours au marché domestique.
Selim Benabdelkhalek