Comment l’Afrique pourra-t-elle réussir son mix énergétique ? Cette question a été au centre d’un débat en marge de la sixième édition de l’Atlantic Dialogues tenue du 13 au 15 décembre à Marrakech.
En effet, il est important de rappeler que l’Afrique dispose d’énormes ressources énergétiques provenant de ses sous-sols qui regorgent d’énergies fossiles, ainsi que d’un excellent potentiel dans le domaine des énergies renouvelables, solaire et hydraulique.
Pourtant, ce continent reste profondément empêtré dans son déficit énergétique, avec pas moins de 600 millions d’Africains qui n’ont toujours pas d’accès à l’électricité.
Une autre question découle de ce constat aussi, à savoir comment encourager les investisseurs à venir s’installer dans un continent où l’énergie fait cruellement défaut ?
Ceci dit, il est question donc du rôle du mix énergétique dans l’accélération du développement en Afrique.
Une partie du panel était fermement réticente à l’utilisation unique d’énergies renouvelables pour le continent, tandis que l’autre partie, plus modérée, invitait à adopter des solutions médianes pour fournir de l’énergie à l’Afrique. Le débat a été animé, à vrai dire !
L’un des tenants de l’utilisation des énergies vertes, Thione Niang, qui est également co-fondateur de Akon Lighting Africa, n’a pas manqué de rappeler tout le potentiel que possédait l’Afrique en matière d’énergies renouvelables :
« Je viens du Sénégal et dans ce pays nous disposons de 365 jours de soleil par an, de même qu’en tant que pays de l’Afrique de l’Ouest, nous possédons un climat plutôt venteux, très adapté à l’utilisation d’éoliennes… Qu’est ce qui nous empêche donc d’opter pour une énergie 100% verte ? ».
Un autre partisan des énergies renouvelables, Simone Tagliapietra, chercheur au Bruegel, invite à ne pas tomber dans les travers et à rester prudent :
« La Chine commence de moins en moins à recourir au charbon pour produire de l’énergie, mais que fait-elle donc de tout ce charbon qu’elle n’utilise plus ? Elle le vend tout simplement à l’Afrique qui, en le brûlant, pollue massivement son environnement ! ».
D’autres intervenants, plus modérés cette fois, ont essayé de relativiser les propos tenus par les défenseurs des énergies renouvelables.
Andreas Kraemer, fondateur de l’Ecologic Institute, répond aux panélistes opposants : « vous dites que le gaz est une énergie polluante car non renouvelable, pourtant il ne faut guère en sous-estimer l’importance. Vous savez qu’il est aujourd’hui possible de produire du gaz synthétique en laboratoire à partir d’électricité provenant du photovoltaïque.
Un investisseur potentiel fera beaucoup plus confiance à une énergie produite à partir du gaz, car elle est plus sûre et beaucoup plus fiable ».
Rappelons qu’en Afrique, d’importantes disparités subsistent en matière de ressources énergétiques, notamment entre le Nigéria, premier producteur de pétrole africain, et les autres pays.
C’est dire que plus que jamais donc, l’approvisionnement en énergie devient un chantier prioritaire pour l’Afrique, à l’heure où la demande en énergie pour le continent continue à croitre à hauteur de 9% tous les ans, d’une part, et où le développement économique se veut plus qu’un choix ou une option…Une obligation !
Hassan Zaatit