A Marrakech, les travaux de sixième édition de l’Atlantic Dialogues se poursuivent. Comme la première journée, la deuxième a été marquée par une ambiance d’échanges animés.
Elle a abordé plusieurs thématiques de fond qui expliquent pourquoi l’Afrique peine autant à rayonner à l’international et à s’imposer en tant que continent riche et puissant, malgré un potentiel extraordinaire.
Telle a été d’ailleurs la grande interrogation qui n’a cessé d’alimenter les débats à plusieurs niveaux.
Ainsi, lorsque l’on est face à un continent où la population est extrêmement jeune, le besoin en formation professionnelle devient plus que jamais criant.
En Afrique, les chiffres sont là pour nous rappeler à quel point la situation est critique et nécessite de trouver des solutions aussi efficaces qu’urgentes.
Et pour cause, 20% de la population du continent africain (soit environ 200 millions de personnes) sont âgés de 14 à 25 ans !
Cette population jeune est lourdement stigmatisée, car elle souffre d’un taux d’alphabétisation qui peine à dépasser les 70% et d’un taux de chômage supérieur à 50%.
Face au manque de scolarisation de ses jeunes, l’Afrique continue à pâtir de la quasi absence d’une main d’œuvre qualifiée, ce qui est de nature à freiner la croissance de ses entreprises.
En termes de compétences, l’Afrique économique a donc d’immenses attentes à combler.
D’autant plus que qu’il existe aujourd’hui un véritable gouffre entre les formations existantes et les attentes des entreprises.
« Quand bien même il existerait des postes à pourvoir, encore faut-il qu’il y ait des Africains capables de les occuper ! », explique Silas Lwakabamba, ancien ministre rwandais de l’éducation.
« Au Rwanda, les diplômés sont très forts en théorie, mais restent très peu aptes à transposer leurs compétences en entreprise. Pourquoi donc ?
Tout simplement parce que la formation au Rwanda souffre d’un très lourd handicap historique : après le génocide, la majorité des étudiants s’est tournée vers des formations en sciences sociales pour essayer de comprendre et d’expliquer la nature du drame qui nous avait frappés.
Du coup, nous avons développé de grands théoriciens certes, mais qui restent incapables de construire des routes par exemple, des ponts ou des barrages ».
Face à de tels problématiques, les intervenants ont tour à tour suggéré nombre de solutions. « Revenons à l’éducation à l’ancienne qui, pendant des années, avait donné des résultats intéressants, et profitons-en, au passage, pour rééduquer nos éducateurs ! », nous propose Kassie Freeman, PDG de l’African Diaspora Consortium.
Pour Assia Bensalah Alaoui, Ambassadeur itinérant du Roi Mohammed VI, « il existe une grande différence entre connaissance et sagesse. L’Afrique est tellement riche en enseignements ancestraux basés sur une sagesse séculaire. Il nous faut apprendre de tous ces enseignements et d’essayer de les transposer à notre système éducatif ; peut être que si l’on sait s’y prendre nous réussirons, dans quelques années, à instaurer un véritable modèle africain d’éducation ».
Autrement dit, l’avenir de l’Afrique dépend d’abord et avant tout de son école.
H.Z