Assassinat de Mehdi Kessaci: « une lutte à mort est engagée », prévient son frère Amine
Au lendemain des obsèques de son frère Mehdi, abattu jeudi à Marseille, Amine Kessaci a pris la parole dans une tribune publiée par Le Monde. Le jeune militant écologiste, connu pour son engagement contre le narcotrafic dans les quartiers Nord, y affirme sa volonté de poursuivre son combat et alerte : « une lutte à mort est engagée ».
Mehdi Kessaci, 20 ans, a été tué par deux hommes à moto sur le parking situé à proximité de l’Hôtel du département. Le jeune homme, qui aspirait à devenir policier, n’avait aucun lien avec le trafic de drogue. Ce drame survient quatre ans après l’assassinat de Brahim, un autre frère de la famille, dans un règlement de comptes en 2020.
Lors des obsèques organisées mardi dans une mosquée marseillaise, puis au cimetière, un important dispositif policier a été déployé. Amine Kessaci, menacé depuis des mois en raison de son action militante, portait un gilet pare-balles, selon une source policière. « Mon cœur n’est que blessure. Mais la douleur n’effrite pas ma lucidité », écrit-il dans sa tribune.
Dans son texte, le militant de 22 ans accuse les narcotrafiquants de vouloir « annihiler toute résistance » dans les quartiers populaires. Il déplore également les « carences de l’État » et la « défaillance de la République » à protéger les populations les plus exposées.
Amine Kessaci, qui affirme avoir été contraint de quitter Marseille cet été sur instruction policière, regrette que la protection accordée ne se soit pas étendue à sa famille. « Qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang ? Comment ne pas savoir qu’elle pouvait être touchée ? », questionne-t-il.
Ce nouvel assassinat a entraîné une réaction immédiate des autorités. À l’issue d’une réunion d’urgence à l’Élysée, le président Emmanuel Macron a demandé d’« amplifier » la lutte contre le narcotrafic, en adoptant une stratégie comparable à celle appliquée au terrorisme. Le Premier ministre a, de son côté, exprimé « la solidarité de l’ensemble de la nation » envers la famille Kessaci.
Interrogé sur RTL, Benoît Payan, maire de Marseille, a dénoncé un relâchement dans la lutte contre les trafics. Il affirme constater une recrudescence de violences depuis plusieurs semaines : « une forme de reprise, des coups de pression, des tirs ». Selon lui, les trafiquants cherchent à imposer la loi du silence. « Quand on prend un coup de la mafia, on doit en rendre dix », a-t-il lancé.
Après la mort de son frère Brahim, Amine Kessaci avait fondé l’association Conscience, dédiée au soutien des familles victimes de « narchomicides ». Désormais membre des Écologistes, il s’est présenté aux élections européennes puis aux législatives, où il avait été battu de peu par un candidat du Rassemblement National.
Face au meurtre de Mehdi, il réaffirme aujourd’hui sa détermination à poursuivre son engagement pour dénoncer les violences du narcobanditisme : « Non, je ne me tairai pas », assure-t-il.
LNT avec AFP
