Crédits photo : Ahmed Boussarhane/LNT
Il y a deux ans, début 2020, Alliances Développement Immobilier et Alliances Darna lançaient chacune l’émission d’un emprunt obligataire, dernière phase d’un processus de restructuration de la dette du Groupe immobilier coté en bourse, qui était en profonde crise depuis 2015. Alors que le groupe commençait à peine à sortir la tête de l’eau, la crise sanitaire est arrivée, avec l’impact que l’on connaît sur l’activité économique, et elle a été suivie par la guerre russo-ukrainienne, qui a provoqué une flambée des prix sur les marchés internationaux, ce qui a de nouveau fortement touché l’activité économique mondiale, et au Maroc. Dans l’ensemble, si le secteur immobilier a remonté un peu la pente en 2021, on est loin des niveaux d’avant-crise, et 2022 n’augure rien de bon. Dans ce triste tableau, Alliances fait preuve d’exception. D’ailleurs, on murmure que c’est la seule entreprise immobilière cotée qui aura renoué avec les bénéfices en 2021. Avec des résultats solides et un plan de développement bien rodé, la direction du groupe affiche clairement son fort optimisme pour les années à venir, et c’est pour partager ces ambitions qu’elle a invité la presse au siège de la société mercredi 27 avril.
Ahmed Ammor, Conseil du Président Mohamed Alami Nafakh Lazraq, a été le premier à expliquer que si « le groupe a traversé deux années très difficiles », en 2015 et 2016, « la réussite de ce plan [de restructuration de la dette] a été un cas d’école ». Et d’ajouter qu’avec une gouvernance solide, avec neuf membres du conseil, dont 6 non-exécutifs, « le travail mené dans le cadre de ce programme de restructuration permet d’avoir confiance en l’avenir du groupe ».
Satisfait des résultats 2021 (voir encadré), avec un « marché de l’immobilier [qui] a beaucoup évolué et évolue beaucoup », Alliances s’est dotée d’une « nouvelle vision pour répondre à la nouvelle donne du marchée de l’immobilier au Maroc ».
Son nouveau business modèle, explique Mohamed Lahlou, Group CFO, est basé sur cinq axes, dont en premier lieu l’évolution de l’offre de produits en tenant compte des besoins et budgets des ménages : « Nous sommes présents sur l’ensemble des segments de l’immobilier. Nous avons pris le tournant stratégique pour le groupe de se placer sur le lotissement, avec un retour sur investissement plus rapide qui permet au groupe d’investir et de continuer à se développer ». Et d’ajouter : « Nous croyons énormément au moyen standing ». Il s’agit également d’une diversification de l’activité et du développement de l’activité prestation de services en s’appuyant sur une direction de développement au sein du groupe, pour des projets dans l’immobilier mais aussi « d’autres secteurs d’activité ». Le groupe compte également renforcer ses activités et investissements en Afrique. Le tout doit être entouré d’une forte maîtrise du risque commercial, avec la sécurisation d’un certain seuil de commercialisation avant le démarrage des travaux, et enfin un gros effort d’optimisation du financement.
Ainsi, le plan de développement 2022-25 est « basé sur des projets sécurisés, pour lesquels le foncier nous appartient », et dont « la grande majorité est déjà entamée ». On nous parle ainsi d’un total de 15 milliards de dirhams (MMDH) « entièrement sécurisés ». Youssef Kabbaj, Directeur Général Délégué, explique que le plan de développement présenté « est la résultante d’un nombre de choix stratégiques forts, comme l’orientation sur le lotissement, le choix des marchés (grandes villes + provinces), adresser la demande de la classe moyenne ».
On aura compris que le groupe s’est éloigné de la construction, pour se recentrer sur son métier historique, le service. Le groupe intervient auprès de la majorité de ces projets en tant que « contracteur général ». « Nous construisons très peu, nous livrons des lots », confirme la direction, qui ajoute que le lotissement représente 80 à 85% des projets, une activité qui est peu impactée par la conjoncture de hausse des prix.
Le groupe a ensuite présenté à la presse une sélection des 20 projets en court de développement au sein du groupe, dont Jardin de Fedala, un projet de résidences à Dar Bouazza, orientée en moyen de gamme avec une composante lotissements et des villas de 250 m², ou encore Riad Tanger, un grand projet qui s’étend sur plusieurs centaines d’hectares. Si nombre de projets sont en dehors des grandes villes, celles-ci n’ont pas été oubliées, notamment Casablanca : « Il était important pour le groupe de venir avec des opérations fortes et importantes » pour la capitale économique.
Tous ces projets, qui sont entièrement sécurisés, insiste-t-on auprès du groupe, pèse pour 8 MMDH de chiffre d’affaires sur les 4 prochaines années, dont 1 MMDH de résultat net, avec un gearing prévu à 21%. Au-delà, la direction de développement travaille sur des projets qui viendront contribuer aux résultats du groupe post-2025. Le groupe Alliances entre donc dans une nouvelle étape de son développement, et compte bien laisser les années noires derrière lui, nous a-t-on bien fait comprendre.
Selim Benabdelkhalek
Des résultats très positifs
Le chiffre d’affaires consolidé d’Alliances Darna progresse de 95% et s’établit à 933 MDH contre 478 MDH au 31 décembre 2020. L’excédent brut d’exploitation de l’année 2021 est en amélioration de 196% par rapport à 2020 et s’établit à 216 MDH. Cette évolution s’explique par l’amélioration de la marge brute et la maîtrise des charges de structure. Le résultat net consolidé s’établit à 184 MDH, en croissance de 148% en 2021. L’endettement net consolidé est en baisse de 7%, à 1 MMDH au 31 décembre 2021 contre 1,1 MMDH au 31 décembre 2020. Les capitaux propres consolidés au 31 décembre 2021 sont à hauteur de 2,3 MMDH. Alliances Dama dispose d’un carnet de commandes s’élevant à 7 605 unités au 31 décembre 2021 pour une valeur immobilière totale (VIT) de l’ordre de 3 MMDH. En social, le CA d’Alliances Dama au titre de 2021 est de 658 MDH. Le résultat net de la société a connu une variation à la hausse de 160% en 2021 et s’établit à 231 MDH.