Une personne consulte un site d'information soudanais, à Khartoum, le 11 décembre 2017 © AFP/Archives ASHRAF SHAZLY
Les lignes de connexion internet terrestres ont été coupées à Khartoum lundi, plongeant la capitale soudanaise dans un « trou noir » digital une semaine après la coupure de l’internet mobile dans le cadre de la répression d’un mouvement de contestation.
Les lignes de Sudatel, principal fournisseur d’accès au Soudan, ont arrêté de fonctionner en début d’après-midi selon un correspondant de l’AFP sur place qui a précisé que des ambassades, des hôtels de luxe ainsi que de nombreux bureaux étaient affectés.
Plusieurs autres villes du pays sont touchées, selon la même source.
Selon un rapport réalisé par l’ONG Netblocks, spécialisée dans la cartographie des libertés en ligne, la coupure quasi totale d’internet, tant mobile que fixe, est intervenue à 12H00 GMT et concerne tous les opérateurs locaux.
L’internet mobile était déjà largement perturbé depuis le 3 juin, est-il précisé dans le rapport.
« C’est la première fois que Sudatel est quasi totalement coupé dans le pays », a expliqué un porte-parole de Netblocks, « depuis le début du soulèvement nous avons observé des coupures partielles mais jamais d’une telle ampleur ».
Cette coupure pourrait cependant se faire indépendamment des opérateurs, estime l’ONG, qui observe des signes d’une lutte pour rétablir le service.
« Par le passé, lorsque le régime (d’Omar el-Bechir) souhaitait couper internet, c’était fait avec un très haut degré de synchronisation. Ici, nous voyons le réseau se couper, pour être partiellement rétabli à certains points. Même si c’est difficilement, les opérateurs semblent tenter de lutter », a précisé le porte-parole.
Cette coupure intervient au deuxième jour d’un mouvement de désobéissance civile à l’appel des meneurs de la contestation en réponse au durcissement de la répression par les généraux, au pouvoir depuis le renversement par l’armée du président Omar el-Béchir le 11 avril, après plusieurs mois de manifestations.
La contestation a affirmé vouloir maintenir le mouvement de désobéissance civile jusqu’à ce que le pouvoir soit transféré aux civils.
L’internet mobile avait été coupé le 3 juin après la dispersion sanglante du sit-in tenu depuis le 6 avril par les manifestants devant le siège de l’armée à Khartoum.
En une semaine, la répression a fait plus d’une centaine de morts et des centaines de blessés.
LNT avec Afp