Les pensionnaires des établissements pénitentiaires sont des citoyens dans une situation particulière, qui peuvent être qualifiés à travers l’éducation, la formation, la sensibilisation, l’encadrement et l’instruction, a souligné, mercredi à Salé, le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi. Outre les programmes de qualification mis en place par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), l’encadrement et l’instruction constituent la clef de voûte pour corriger les comportements des détenus et réaliser leur réinsertion sociale d’une façon fluide, a indiqué M. Amzazi qui s’exprimait à à l’ouverture de la 8è édition de l' »Université dans les prisons » (université du printemps), organisée par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Dans le cadre de l’application du droit du détenu à l’éducation, garanti par la constitution du Royaume pour tous les Marocains sans discrimination, le ministère œuvre à offrir des opportunités d’apprentissage, de formation et de stages au profit des pensionnaires des établissements pénitentiaires, a-t-il fait savoir dans une allocution lue en son nom par le président de l’université Mohammed V de Rabat, Mohamed El Ghachi, à l’ouverture de cette édition, organisée en présentiel (à la prison locale de Salé 2) et à distance, sous le thème: « les valeurs sociales et la préparation des détenus à la réinsertion ».
Ces opportunités, a-t-il poursuivi, se manifestent en particulier à travers le soutien des programmes de l’enseignement primaire, collégial et secondaire, selon les catégories des détenus, tout en leur permettant de passer les examens à l’instar des autres élèves.
Ces opportunités se concrétisent aussi à travers le soutien des programmes de l’enseignement supérieur des pensionnaires des établissements pénitentiaires, les formations spécialisées dans le domaine pénitentiaire, sciences pénitentiaires dans les universités, et aussi à travers les services fournis par les centres de formation au sein des établissements pénitentiaires qui visent à faciliter l’accès des détenus à une formation professionnelle qui facilite leur réinsertion sociale et professionnelle, a-t-il enchaîné. Dans ce cadre, M. Amzazi a exprimé la détermination du ministère à apporter l’assistance nécessaire à cette catégorie de la société, notamment au niveau de l’encadrement, à travers l’affectation de cadres pour les trois cycles primaire, collégial et secondaire, l’inspection pédagogique des classes de prisons, la formation des cadres pédagogiques et administratifs travaillant dans les prisons et la création de nouvelles classes dans certaines prisons, selon le manque enregistré au niveau des régions. Pour sa part, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a relevé que « le conseil ne considère pas les universités du printemps comme une activité culturelle isolée, mais plutôt comme un projet pédagogique et social qui permet à un individu, qui s’est retrouvé dans un moment au sein d’un établissement pénitentiaire, de s’épanouir au niveau individuel et collectif. L’ouverture qu’a connue l’établissement pénitentiaire a accompagné le changement au niveau des infrastructures et l’amélioration des services et s’inscrit dans le cadre de l’engagement de la DGAPR à mener des réformes et les mettre en phase avec les changements politiques, sociaux, culturels et juridiques que connaît le Royaume, a souligné Mme Bouayach. Elle a, en outre, noté que le choix du thème de cette année portant sur les valeurs sociales et leur rôle dans la préparation des détenus à la réinsertion reflète l’évolution de la discussion autour du monde carcéral, sous ses divers aspects au sein du Royaume, d’une simple discussion administrative et de responsabilités départementales à une profondeur intellectuelle autour des valeurs sociales et l’interaction des individus et des groupes dans des circonstances spécifiques.
La présidente du CNDH a fait observer que les résultats de l’effort déployé par l’établissement pénitentiaire en vue de préparer les détenus à la réinsertion sociale restera limité s’il ne s’accompagne pas d’un effort sociétal empreint des valeurs de dignité, de tolérance et d’acceptation de la différence, qui sont des valeurs humaines par excellence caractérisant les sociétés civilisées.
Pour sa part, le Secrétaire général de la Rabita Mohammadia des oulémas, Ahmed Abbadi, a souligné l’importance des valeurs dans la construction de l’individu en particulier et des sociétés en général, estimant que la prise de conscience est l’une des conditions d’une action réussie tant pour les individus que pour les sociétés.
L’université, sous toutes ses formes, est l’incubateur naturel de la prise de conscience dans les sociétés, a ajouté M. Abbadi, soulignant l’importance de la qualification dans la construction de ces valeurs et le passage de l’insertion à l’intégration.
À cet égard, il a relevé que la DGAPR est pleinement consciente de tous ces défis, expliquant que la nature des partenaires impliqués reflète sa conscience des dimensions réelles qui nécessitent la résolution et la dissolution d’affaires de ce genre.
L’ouverture de cette édition a été marquée par la présence du Délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, Mohamed Saleh Tamek, le ministre de la Justice, le coordinateur de la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus, Abdelouahed Jamali Idrissi et de plusieurs autres personnalités du monde académique.
Le programme de cette université comporte notamment deux conférences axées sur « Les valeurs: Étymologie et pertinence à la question carcérale » et « Les valeurs: Entre responsabilité individuelle et institutionnelle ».
LNT avec Map