Vue sur la résidence à Kaboul où a été tuée lors d'une attaque une ressortissante allemande, le 21 mai 2017 © AFP SHAH MARAI
Une ressortissante allemande a été tuée samedi soir à Kaboul lors d’une attaque contre sa résidence et une Finlandaise a été enlevée lors de l’incident particulièrement violent, nouvelle illustration de l’insécurité dans la capitale afghane.
Les chancelleries concernées en Allemagne et en Finlande observent une grande discrétion comme il est d’habitude dans ce genre d’affaires mais le ministère allemand des Affaires étrangères a confirmé le décès d’une de ses ressortissantes. Et les autorités finlandaises « l’enlèvement d’une personne finlandaise », sans précision de genre.
La nouvelle a été rendue publique dans la matinée de dimanche par un message du porte-parole du ministère de l’Intérieur Najib Danish, affirmant sur son compte Twitter: « Une Allemande et un garde afghan ont été tués samedi soir vers 23H30 près du poste de police n°3 à Kaboul. Une Finlandaise a été enlevée ».
Dans un communiqué, le ministère finlandais des Affaires étrangères a confirmé l’enlèvement d’un ressortissant finlandais à Kaboul sans autre précision: « Pour le moment l’identité des ravisseurs est inconnue. La Finande appelle à la libération immédiate de la personne enlevée », indique-t-il.
Sur son site internet, le gouvernement finlandais a également annoncé qu’une enquête était en cours sur « cette affaire qui a également couté la vie à des ressortissants d’autres pays ».
Selon lui, « 35 civils finlandais et une trentaine de soldats sont présents » en Afghanistan. Les Allemands de leur côté, outre les diplomates, ont plusieurs dizaines d’instructeurs militaires déployés, notamment dans le nord, sous bannière de l’Otan.
– politique ou crapuleux –
Le directeur de l’ONG suédoise « Operation Mercy », Scott Breslin, a indiqué à l’agence de presse suédoise TT que son organisation avait convoqué une réunion de crise dimanche matin, reconnaissant implicitement que l’une des victimes au moins travaillait pour son organisation.
« Nous savons qu’elle est portée manquante » a-t-il dit simplement en annonçant la publication d’un communiqué dans la journée.
L’ONG travaille en particulier au côté des communautés afghanes pour réduire la mortalité infantile et soutenir les femmes.
Les enlèvements d’étrangers pour des motifs politiques ou crapuleux se produisent régulièrement en Afghanistan et à Kaboul en particulier et visent principalement les employés d’ONG, moins protégés que les diplomates ou les employés de l’Onu.
Deux professeurs australien et américain de l’Université Américaine de Kaboul ont également été enlevés l’été dernier par des hommes portant des uniformes militaires.
Les talibans ont diffusé quelques mois plus tard un enregistrement vidéo des deux hommes. Aucune nouvelle les concernant n’a été rendue publique depuis.
Cependant les citoyens afghans sont les premières victimes de cette industrie du crime qui fonctionne à coups de demandes de rançon et dans laquelle la complicité des forces de police est régulièrement dénoncée.
La sécurité est devenue un véritable défi dans le pays, avec la pauvreté ambiante et la poussée des insurgés talibans sur de nombreux fronts. Face à eux, les forces de sécurité afghanes sont souvent démunies.
Dans la nuit de samedi à dimanche, une vingtaine de policiers ont été tués et une quinzaine blessés dans une série de six attaques coordonnées à coups de roquettes et de grenades contre leurs barrages, dans la province de Zabul (sud-est), entre Kandahar et Kaboul.
« Cette nuit vers 01h00 du matin, un groupe de talibans lourdement armés a lancé une attaque coordonnée contre les barrages de police du district de Shah Joy, dans la province de Zabul », a indiqué à l’AFP le gouverneur provincial, Bismillah Afghanmal.
Les talibans ont revendiqué cette opération dans le cadre de leur offensive de printemps. Les médias afghans assurent avoir reçu des appels désespérés des responsables locaux qui n’arrivaient pas à joindre leurs chefs.
Le patron des forces américaines en Afghanistan, le général John Nicholson, a dénoncé à plusieurs reprises le « manque de leadership » à la tête de l’armée afghane qui coute cher en vies humaines. Et le président Ashraf Ghani a lui-même stigmatisé le ministère de l’Intérieur comme étant « le plus corrompu de tous ».
LNT avec AFP