Décidément, les mêmes vieux démons et les rengaines égrenées depuis des lustres sont toujours présents chez la gérontocratie algérienne alors que son pouvoir et son « Système » sont fortement contestés depuis plusieurs semaines par les forces vives du peuple algérien.
Devant cette « révolution » qui impressionne par sa détermination, son pacifisme, sa bonhomie tranquille, mais également sa vigueur qui ne se dément pas, les plus hauts dirigeants algériens, le président « sortant, mais pas encore sorti », Abdelaziz Bouteflika, et le général Ahmed Gaïd Salah, « patron » de l’armée, n’ont trouvé d’autre stratagème pour se maintenir au pouvoir que d’utiliser la vieille formule de « l’ennemi et des menaces extérieures » qui menaceraient l’Algérie et ses institutions.
Cette terminologie, quoique allusive et non déterminée, vise en réalité le Royaume du Maroc, depuis fort longtemps appréhendé par Alger comme « l’adversaire principal » sinon unique de l’Algérie.
Et, comme à chaque fois que des crises éclatent dans ce pays voisin, pour des causes absolument endogènes, la presse aboyeuse et aux ordres des locataires d’El Mouradia commence par incriminer le Maroc, avant que cette antienne ne soit reprise par les cercles dirigeants algériens.
Rengaine éculée…
Pour les manifestations que se déroulent depuis le 22 février dernier, c’est le même scénario qui a prévalu, d’abord initié par des titres électroniques ou la presse écrite avant que les sieurs Bouteflika et Salah ne réitèrent les mêmes bêtises.
Et si l’on peut s’amuser des incroyables billevesées publiées par certains journaux et sites du pays voisin, issues de l’imagination débordante de plumitifs atteints d’espionite aigüe, le fait que le Pouvoir d’Alger les reprenne à son compte paraît plus inquiétant.
Nul doute, en effet, que le régime de Bouteflika et la haute hiérarchie qui le protège et le soutient (jusqu’à présent), sont pris de panique et cherchent ainsi à détourner le peuple algérien de sa revendication principale, celle du « dégagement » total et définitif du Système qu’il exècre profondément.
Pour nous Marocains, une telle attitude est source de préoccupation parce qu’elle signifie que ces dirigeants, contestés et conspués, pourraient être amenés à s’engager dans une voie préjudiciable à la paix et à la sécurité régionale, dans une démarche du « tout pour le tout » afin de conserver leur pouvoir.
Et chacun sait que « l’ennemi extérieur » est le subterfuge le plus opératoire dans ce type de fuite en avant.
Nonobstant le fait que le Royaume, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, M. Nacer Bourita, a récemment récusé avec fermeté et clarté toute volonté d’immixtion et d’ingérence dans les affaires intérieures algériennes, on voit très mal ce que nous aurions à gagner de l’instauration du chaos en Algérie, avec qui nous partageons une frontière commune aussi longue que poreuse à bien des endroits…
De même, on n’imagine guère le Maroc et ses services encourager de quelque façon l’instabilité intérieure en Algérie, sachant que nul ne pourrait prédire quelles seraient les conséquences d’initiatives de ce genre…
Enfin, comme chacun sait, les États et ceux qui les dirigent ont souvent préféré la stabilité et la bonne connaissance de leurs voisins, mêmes quand ceux-ci ne les agréent pas, plutôt que des situations à multiples inconnues. Et les exemples syrien et libyen sont d’excellents cas d’école pour prouver cette évidence !
Zéro manipulation !
Le Royaume s’est bien gardé d’intervenir quand l’Algérie était en proie à une guerre civile qui a fait, durant la décennie quatre-vingt-dix, plus de 200 000 morts.
Bien au contraire, notre pays avait bien pris soin de sécuriser sa frontière afin d’empêcher qu’il ne serve de base arrière aux groupes terroristes islamistes et n’avait pas hésité à livrer aux autorités de ce pays des individus responsables de crimes et d’attentats qui s’étaient réfugiés dans l’Oriental.
Il en est aujourd’hui comme à cette époque et rien ne permet de dire que la ligne de conduite constante et respectueuse de la souveraineté des États voisins ne continuera pas d’être la règle « ne varietur » du Maroc.
Par contre, l’attitude du pouvoir algérien n’est pas pour nous surprendre, même si elle nous déçoit profondément car elle traduit, d’abord et avant tout, le mépris que ces dirigeants-là portent à leur peuple et à ses légitimes revendications !
La jeunesse, les femmes, les associations professionnelles, les millions d’Algériennes et d’Algériens, en somme, qui manifestent depuis plusieurs semaines, n’ont pas besoin de tuteurs ou de conseillers pour exprimer leur ras-le bol !
Le « printemps algérien » est une affaire intérieure à ce pays et c’est en apportant écoute et compréhension des revendications massivement exprimées que les Bouteflika et autres Gaïd Salah pourront apporter une solution durable et acceptée par les Algériens eux-mêmes.
Brandir des menaces qui n’existent que dans leurs esprits déformés ou agiter des épouvantails qui n’effraient plus personne ne serviront à rien.
Le Peuple algérien est majeur, conscient et responsable.
Il décide seul de son destin et de son avenir !
Fahd YATA