Les récentes déclarations du ministre algérien des AE, M. Abdelkader Messahel, devant un parterre d’hommes d’affaires de son pays, porteuses d’accusations aussi infamantes que gravissimes à l’endroit du Maroc, de sa politique africaine, de son système bancaire et de sa compagnie aérienne nationale, ont eu pour effet, logique, d’élever de plusieurs crans le climat de tension qui prévaut entre Alger et Rabat.
Et, même si Messahel est à la diplomatie, ses us et pratiques, ce que la dentelle est à la boxe, on ne saurait accepter la thèse d’une déclaration improvisée, spontanée et fortuite de ce haut responsable algérien.
En effet, ce ne sont pas tant les circonstances qui ont permis de tels propos ou le lieu qui les a accueillis que l’on doit considérer, mais le momentum des déclarations diffamatoires de Messahel.
Le ministre algérien des AE a délibérément choisi d’insulter le Maroc au moment même où l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU sur le Sahara marocain, M. Horst Köhler, menait sa première tournée d’information dans la région.
Messahel et son appareil diplomatique, passablement barbouzard au demeurant, ne pouvaient ignorer que la visite de M. Köhler au Maroc, malgré la nécessaire discrétion qui entoure ce type de mission, s’était déroulée dans d’excellentes conditions pour le représentant de M. Antonio Guterres.
Un envoyé spécial dans son rôle…
En effet, en quelques heures de séjour à Rabat, outre l’audience royale qui lui fut accordée, ce dont avait été privé depuis 2013 son prédécesseur américain Christopher Ross, M. Köhler avait rencontré à plusieurs reprise son interlocuteur institutionnel, M. Nacer Bourita, au ministère des AE, mais aussi le chef du gouvernement, M. El Othmani ainsi que les deux présidents des chambres parlementaires, MM. El Malki et Benchemmas.
A l’opposé, dans les camps de Tindouf, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU s’est visiblement montré insensible aux traditionnelles manipulations que les services de la propagande du polisario organisent lors des passages d’invités étrangers, avec des cortèges de pleureurs et pleureuses professionnels lesquels, pour l’occasion, avaient même appris quelques rudiments de la langue de Goethe !
Mais las ! M. Köhler ne s’est pas laissé embobiner par les manigances de la « propagandastaffel » algéro-polisarienne.
Bien au contraire, soulignant qu’il n’était pas « magicien », l’envoyé personnel de M. Guterres a soigneusement évité de reprendre certains éléments de langage pourtant chers aux séparatistes de Tindouf, comme « le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui », « l’indépendance du Sahara occidental » ou encore « l’organisation d’un référendum d’autodétermination ».
M. Abdelkader Messahel a donc volontairement dérapé non parce qu’il était en colère et dépité des premiers constats faits par ses services sur la tournée de l’envoyé onusien, mais parce que, conscient du changement de paradigme dans l’affaire du Sahara marocain grâce à la prise de fonctions des MM. Guterres et Köhler, il lui fallait trouver très rapidement un nouveau moyen de bloquer un tel processus largement favorable aux thèses marocaines.
En effet, alors qu’il s’agit pour l’envoyé spécial de l’ONU de tenter de mettre sur pied un round de négociations entre le Maroc et les séparatistes, mais aussi, voire surtout, de solliciter fermement « les parties intéressées », (l’Algérie essentiellement), de s’impliquer sérieusement dans la recherche d’un processus politique, pacifique et négocié de la question du Sahara marocain, le ministre algérien des AE s’empresse de lui retirer le tapis sous les pieds en enclenchant un nouveau cycle de tension avec le Royaume.
L’analphabète bilingue
M. Köhler, ainsi, est d’entrée mis en difficulté et Alger marque ainsi sa volonté évidente de refuser toute avancée sur la question, ce qui confirme, au passage, que le différent, pendant depuis 1975, est totalement, uniquement, définitivement, algéro-marocain, les séparatistes n’étant que de pâles marionnettes aux mains de la gérontocratie politico-militaire algérienne.
Parce que le chef de la diplomatie d’Alger ne pouvait ouvertement exciper d’une telle volonté, attaquer frontalement le Maroc, se répandre en bassesses et ignominies, exhaler sa rancœur devant les succès de la politique africaine du Maroc, basée essentiellement sur le « soft power » et non les pétrodollars tirés de la Sonatrach, constituait donc la seule issue pour Messahel qui savait pertinemment que sa sortie devant les businessmen de son pays entraînerait une réaction aussi légitime que nécessaire de la part du Maroc.
On gagera, cependant, que ses éructations, en Algérie même, n’auront convaincu personne, et surtout pas les opérateurs économiques voisins qui apprécient et comprennent le rôle et l’apport des entreprises marocaines en phase d’externalisation dans le rayonnement du Royaume en Afrique subsaharienne.
Ils auront, tout comme nous, franchement rigolé de l’ignorance crasse de M. Abdelkader Messahel qui ne fait pas la différence entre prêter de l’argent et en emprunter, mais aussi, grâce à la puissance des réseaux sociaux aujourd’hui, salué l’hospitalité et l’accueil que les dignes Casablancais que sont les supporters du Wydad auront réservé à leurs homologues de l’USM Alger, venus assister samedi dernier à la rencontre entre ces deux grandes équipes de football…
Une seule conclusion s’impose donc au terme de cet article, « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe ».
Fahd YATA