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La capitale administrative du Royaume a abrité ce mercredi 4 décembre le lancement de la 5ème édition de l’Africa Investment Forum (AIF), un espace regroupant les gros bonnets de la finance africaine, à leur tête la BAD, ainsi qu’une palette d’acteurs économiques aussi bien officiels que privés.
Cette édition 2024 tenue sous le thème « Tirer parti de partenariats innovants pour passer à l’échelle supérieure », se veut une plateforme incontournable en ouvrant la voie à des investissements stratégiques soutenant la transformation économique de l’Afrique, et en fournissant un accès direct à des opportunités de transactions à travers le continent.
Dans son allocution, le président de la BAD, M. Akinwumi Adesina, a relevé l’importance de mettre en place des programmes favorisant la bancarisation des capitaux privés, pour accélérer le développement du continent, notant que ces initiatives permettront de mobiliser et de déployer efficacement les fonds disponibles afin de saisir les nombreuses opportunités qu’offre le continent. Et de souligner que les transformations en Afrique doivent s’articuler autour des populations, avec un accent particulier sur la bancarisation, tout en favorisant une dynamique collective pour faciliter et renforcer les investissements à travers le continent : « L’Afrique constitue une « opportunité unique d’investissement », avec une population qui devrait doubler d’ici 2050 à 2,4 milliards d’habitants, une demande en logement estimée à 1,4 milliard d’euros et des opportunités annuelles d’investissements en infrastructures atteignant 170 milliards de dollars ». S’appuyant sur une étude menée auprès des gestionnaires d’actifs, il a noté que 85% d’entre eux anticipent une augmentation des allocations de capitaux privés, tandis que 52% estiment que le capital privé africain deviendra plus attractif.
Dans son intervention, la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah, a appelé, à une action collective pour améliorer le financement durable du développement en Afrique et libérer le potentiel de croissance du continent : « L’essor tant attendu de notre continent dépend fortement de la capacité de nos pays à accéder aux financements nécessaires pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine ». Pour la ministre, il serait judicieux que les institutions financières internationales puissent renforcer leur collaboration pour mobiliser davantage de capitaux privés, en complément des ressources publiques, afin de fournir un financement plus conséquent au profit des économies africaines : « Certes, des efforts louables ont été investis par les Banques multilatérales de développement (BMD) en vue d’attirer davantage de capitaux privés, mais force est de constater que nous avons encore du chemin à faire pour permettre au secteur privé de jouer pleinement son rôle dans la réduction du déficit de financement des Objectifs de développement durable », a fait remarquer Mme Fettah.
Selon elle, les partenaires au développement devraient intensifier leur accompagnement des réformes structurelles menées à l’échelle nationale par les gouvernements africains, notamment, en ce qui concerne le renforcement des capacités de planification et de préparation de projets bien conçus et financièrement viables.
« Ces réformes devraient être accompagnées par des mesures visant la consolidation des fondamentaux macroéconomiques et l’amélioration de l’environnement des affaires, ce qui permettrait, à terme, de modifier la perception du risque et défaire les préjugés historiques sur l’Afrique afin que le potentiel des financements mobilisables auprès des acteurs privés soit pleinement exploité », a préconisé la ministre. Et de noter que les acteurs mondiaux de la coopération internationale devraient explorer collectivement la possibilité de mise en place d’un filet mondial de sécurité financière plus efficace qui permettrait un accès rapide et automatique aux liquidités tout en contribuant à faire baisser les primes de risque d’investissement, à l’heure où des consensus sur les effets escomptés de la réforme de l’architecture financière mondiale commencent progressivement à s’établir.
En outre, Mme Fettah a jugé primordial d’accorder une attention particulière aux besoins de financement des pays africains à revenu intermédiaire de par le rôle primordial que pourraient jouer ces pays comme pôles de croissance sous-régionaux.
« Aujourd’hui, plus que jamais, les partenaires au développement devraient renforcer leur collaboration stratégique et travailler davantage en tant que système pour plus d’impacts face aux défis croissants auxquels sont confrontés les pays africains, tels que l’augmentation des risques d’endettement, les niveaux élevés de chômage, en particulier chez les jeunes, l’accès à l’énergie, l’insécurité alimentaire, le changement climatique et la menace de futures crises sanitaires », a-t-elle soutenu, estimant que le développement des partenariats doit être placé au cœur des politiques à long terme des BMD en vue de pouvoir mener des projets d’envergures plus porteurs de transformation.
Rappelons que depuis son lancement en 2018, l’AIF a suscité près de 180 milliards de dollars d’intérêts d’investissement pour des projets d’envergures dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, de la santé et de l’agriculture, renforçant ainsi son statut de principale plateforme d’investissement en Afrique pour les investisseurs mondiaux. Son événement annuel phare, les Market Days, constitue de ce fait un espace privilégié dédié à mettre en lumière, à discuter et à faire avancer les opportunités d’investissement à travers l’Afrique.
H.Z