Des forces de sécurité afghanes prennent position après une attaque contre la télévision publique à Jalalabad, le 17 mai 2017 © AFP NOORULLAH SHIRZADA
Des assaillants armés ont attaqué mercredi le siège de la Radio-Télévision afghane (RTA) en plein centre de Jalalabad, capitale de la province instable du Nangarhar où sont basés de nombreux combattants insurgés, un premier bilan faisant état d’au moins deux tués.
Les échanges de tirs se poursuivaient plus de deux heures après le début de l’assaut contre le siège de la RTA, proche du quartier général de la police.
Le porte-parole du gouverneur, Attaullah Khogyani, a évoqué un groupe de quatre assaillants, mais leur nombre est encore confus et l’opération n’a pas été revendiquée dans un premier temps.
« Au moins deux civils ont été tués et six blessés jusqu’à présent. Les combats se poursuivent », a déclaré M. Khogyani à l’AFP, précisant qu’il entendait toujours distinctement les tirs. « Quatre assaillants sont entrés à l’intérieur du bâtiment dont deux se sont fait exploser et deux résistent toujours », a-t-il précisé.
Le patron des services de santé, le Dr Najibullah Kamawala, a pour sa part cité « 14 blessés acheminés vers les hôpitaux » de Jalalabad.
Le siège de la Radio-Télévision Afghane (RTA) est situé face aux bureaux du gouverneur provincial et du quartier général de la police à Jalalabad. Toutes les routes menant vers cette zone ont été fermées.
Des témoins, dont un correspondant de l’AFP, ont indiqué avoir entendu deux fortes explosions, probablement lorsque les kamikazes ont déclenché leur charge.
– Daech et Talibans –
« Dès que j’ai entendu des tirs, j’ai pris la fuite mais mes collègues sont toujours coincés à l’intérieur, » a rapporté un photographe de la RTA sous couvert de l’anonymat.
Le porte-parole de la police, Hazarat Hussain Mashreqiwal, dont les locaux sont situés à moins de 300 mètres du site attaqué, a confirmé l’irruption des attaquants. « Nous ne savons pas quelle est leur cible exacte, mais nous sommes en train de riposter » a-t-il dit.
Les organisations de presse et les journalistes, en particulier afghans, ont payé un lourd tribut ces dernières années au conflit: treize d’entre eux ont été tués en 2016 selon leur Comité de protection (AJSF).
La province du Nangarhar, frontalière du Pakistan, abrite de nombreux combattants insurgés talibans, qui ont lancé fin avril leur offensive de printemps, ainsi que des membres du groupe Etat Islamique qui a fait de cette zone sa base-arrière en Afghanistan.
Plusieurs opérations destinées à déloger l’EI y ont été conduites ces dernières semaines par les troupes afghanes, épaulées par les forces américaines qui ont perdu trois de leurs hommes dans ces combats.
Le Pentagone a juré de chasser l’EI du pays d’ici la fin de l’année.
L’armée américaine a largué début avril la plus puissante de ses bombes conventionnelles sur le district d’Achin, dans le sud du Nangarhar, visant un réseau de grottes et tunnels utilisé par l’EI.
La méga-bombe a tué 96 combattants jihadistes de sources officielles. Mais cette opération a été critiquée par de nombreux observateurs pour qui les talibans, et non l’EI, constituent la principale menace à la stabilité et à la paix en Afghanistan.
Les talibans contrôlent ou disputent désormais près de la moitié du territoire aux forces gouvernementales, poussant la Maison Blanche et l’Otan à envisager de renforcer les forces occidentales présentes – 13.200 actuellement, dont 8.400 Américains.
Selon le coordonnateur national du renseignement américain Dan Coats, « la situation politique et sécuritaire de l’Afghanistan va presque certainement se détériorer (jusqu’en) 2018 ».
« Les talibans continueront probablement à enregistrer des gains, spécialement dans les zones rurales », estimait-il récemment.
LNT avec Afp