
Mme Afailal visite le Barrage M’dez de Tazouta (province de Sefrou)
Avec une série de mesures réglementaires, techniques et institutionnelles et des réalisations dans le domaine des infrastructures, adossées au renouvellement continu de la politique de l’eau, le Maroc a réussi à anticiper sur les actions à entreprendre afin d’assurer la sécurité hydrique du pays même en périodes de sécheresse, a affirmé la Secrétaire d’Etat chargée de l’eau, Mme Charaft Afailal.
« Ces efforts doivent être poursuivis pour accompagner le développement socioéconomique surtout face aux nouveaux enjeux liés au changement climatique, et ce à travers l’engagement de tous les acteurs, le partage des expériences et le renforcement de la coopération internationale dans le domaine de l’eau », a souligné Mme Afailal dans un blog intitulé « Sécurité de l’eau au Maroc », publié mardi sur le site de la Banque mondiale (BM).
Mme Afailal a pris part, mardi à Stockholm, à une séance spéciale dédiée au lancement du nouveau rapport de la BM intitulé « Au-delà des pénuries : la sécurité de l’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord », dans le cadre de la Semaine mondiale de l’eau, qui se tient du 27 août au 1er septembre dans la capitale suédoise.
Dans cette communication, la responsable marocaine a rappelé que le Royaume, soucieux d’accompagner son développement et de rationaliser sa gestion de l’eau, s’est engagé depuis des décennies dans la voie de la maîtrise de ses ressources hydriques à travers la réalisation d’importantes infrastructures hydrauliques (barrages, systèmes d’irrigation sobres en eau etc.) pour assurer ses besoins aussi bien pour la consommation domestique qu’industrielle ou agricole.
Outre une politique de maîtrise et de mobilisation des ressources à travers de grands barrages qui jouent un rôle régulateur en stockant l’eau de pluie pour l’utiliser au cours des périodes sèches ainsi que pour l’irrigation, le Maroc a lancé, au début des années 1980, une planification à long terme qui a permis d’anticiper les pénuries, en donnant aux pouvoirs publics une visibilité sur la disponibilité des ressources en eau sur un horizon de 20 à 30 années, a-t-elle indiqué.
A cela s’ajoutent des avancées importantes dans le domaine réglementaire et institutionnel pour améliorer l’efficacité de la gestion de l’eau, comme la Loi 10-95 pour la gestion intégrée, participative et décentralisée des ressources en eau, à travers la création des agences de bassins hydrauliques, la mise en place de mécanismes de protection des ressources en eau, et le développement des compétences techniques et de recherche scientifique au sein des agences concernées, a-t-elle poursuivi.
« Grâce à ces politiques et à ces investissements, le Maroc compte aujourd’hui 140 grands barrages avec une capacité de plus de 17,6 milliards de m3 et plusieurs milliers de forages et de puits pour capter les eaux souterraines », a-t-elle souligné, relevant que ceci a non seulement permis d’assurer la sécurisation de l’approvisionnement des populations en eau potable, mais aussi le développement d’une irrigation moderne à grande échelle (près de 1,5 million d’hectares).
Ces politiques comprennent également des systèmes intégrés de gestion de risques, à travers une meilleure protection des populations et des biens contre les inondations, ainsi qu’une exploitation de l’eau à des fins de production d’énergie hydro-électrique.
Néanmoins, le secteur de l’eau reste confronté à des défis majeurs liés à la raréfaction des ressources en eau, à l’accentuation des phénomènes climatiques extrêmes (inondations et sécheresses) sous l’effet du changement climatique, à l’inadéquation des ressources avec des besoins en eau croissants, ajoutée à une surexploitation des ressources en eau souterraine.
Aussi a-t-elle rappelé la mise au point, en 2015, du Plan National de l’Eau (PNE), une stratégie de référence qui s’articule autour de trois axes, en l’occurrence la gestion de la demande en eau et la valorisation de la ressource, le développement de l’offre et la préservation des ressources.
Sur le premier axe, elle a fait observer que, dans le cadre du PNE, le programme de reconversion à l’irrigation localisée prévu par le Plan Maroc Vert à l’horizon 2020, sera poursuivi jusqu’à l’horizon 2030 dans un objectif d’atteindre 70% de la superficie irriguée globale. Actuellement, une superficie totale a été reconvertie à l’irrigation localisée de l’ordre de 450.000 ha avec une moyenne de 50.000 ha/an.
Côté valorisation des ressources, le gouvernement a accéléré le programme d’aménagement hydro-agricole à l’aval des barrages existants ou en cours de réalisation, sachant que ce programme permettra de valoriser les volumes régularisés non encore utilisées dans l’irrigation, en grande partie par le barrage Al Wahda.
S’agissant du deuxième axe, elle a souligné le développement de l’offre à travers l’accumulation des eaux de surface par les barrages, le recours au dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées épurées et la possibilité de transférer l’eau à partir des bassins excédentaires du Nord-Ouest vers les bassins déficitaires du Centre-Ouest.
Le troisième axe du PNE porte sur la préservation des ressources en eau et du milieu naturel et l’adaptation aux changements climatiques par la préservation de la qualité des ressources en eau, la gestion durable des eaux souterraines, l’aménagement des bassins versants et la sauvegarde des zones sensibles (zones humides et oasis).
Le PNE comprend également un volet lié à la protection contre les inondations et la lutte contre les effets de la sécheresse, pour répondre au défi d’adaptation au changement climatique et mieux maîtriser les phénomènes naturels extrêmes.
En matière réglementaire et pour assurer la mise œuvre du PNE, l’arsenal réglementaire et législatif continue d’être renforcé, notamment avec l’adoption, en août 2016, d’une nouvelle loi sur l’eau (n° 36-15) qui poursuit les objectifs de la Loi 10-95 et fixe les règles d’une gestion intégrée, décentralisée et participative des ressources en eau en vue de garantir le droit des citoyennes et des citoyens à l’accès à l’eau.
La nouvelle loi introduit des réformes visant essentiellement la consolidation et le renforcement de la gestion et la planification décentralisée, intégrée et participative des ressources en eau, le renforcement des instances et organes de concertation et de coordination par la création du conseil de bassin hydraulique, a-t-elle expliqué.
Et de conclure que cette réglementation prévoit aussi la mise en place des bases juridiques pour la diversification de l’offre, à travers le recours aux ressources en eau non conventionnelles, notamment le dessalement de l’eau de mer, la création de systèmes d’information liés à l’eau, le renforcement du cadre institutionnel et des mécanismes de protection et de préservation des ressources en eau et le renforcement des instruments financiers pour le développement du secteur de l’eau: préleveur-payeur/pollueur-payeur.
LNT avec MAP