Au pupitre, M. Amrani, Président de l'AMA
Vendredi 14 juin, l’Association Marocaine des Actuaires a organisé dans un hôtel casablancais un ftour-débat autour de la question de Takaful, le concept d’assurance de la finance islamique.
Avec l’arrivée des banques participatives cette année, la finance islamique est au centre de nombreux débats et suscite un grand intérêt auprès des professionnels, qui pour beaucoup n’en maîtrisent que très peu les concepts. Un grand nombre d’actuaires travaillant dans le secteur de l’assurance, l’AMA a donc invité M. Mohamed Belbaraka, directeur technique chez Sada Assurances en France, chargé de l’implémentation de Takaful pour le groupe, pour faire le point sur l’assurance islamique et en dessiner les perspectives pour le marché marocain.
M. Belbaraka a déclaré d’entrée que l’assurance est « un besoin naturel selon les hadiths », et qu’ainsi s’assurer est tout à fait conforme aux préceptes de la sharia. Il faut noter que cela diffère selon leur type. L’assurance vie est très discutée et disputée dans le monde arabe, car son appellation entend une opposition au destin, donc à la volonté divine. Les conseils des Oulémas des différents pays arabes ont débattu et débattent encore de l’implémentation et du mode de fonctionnement de Takaful.
Dans la pratique, les modèles de fonctionnement de Takaful peuvent être divisés en deux catégories, ceux à but social (non lucratif) et ceux à but commercial.
Les modèles à but non lucratif fonctionnent de manière mutualiste. Ces mutuelles donc des sociétés d’assurance qui sont la propriété collective de leurs membres. M. Belbaraka a insisté sur le fait qu’il juge que ce modèle est le meilleur du point de vue de respect de la foi. On peut également citer l’assurance Peer to Peer, qui utilise les nouvelles technologies pour mettre en relation les personnes, afin qu’elles forment des « pools de coassurance ».
Les modèles à but lucratif connaissent de nombreuses déclinaisons (Modaraba, Wakala, Combiné, Waqf…), qui ont chacun leurs points forts (efficacité, complexité, bénéfices dégagés, etc.) et leurs lacunes (respect des valeurs de la sharia notamment).
Pour rendre le système Takaful possible, un opérateur Takaful doit exister pour coordonner l’administration au nom des membres contre rémunération, selon M. Belbaraka. Sa rémunération doit être proportionnée aux efforts opérationnels et financiers (fonds de démarrage, Qard Hassan en cas de déficit, frais de gestion, etc.).
Le Maroc, qui penche aux dernières nouvelles vers un modèle proche du Wakala, n’a pas encore arrêter la forme que prendra Takaful au niveau du Royaume.
L’exposé de M. Belbaraka a été suivi, après le ftour, par de riches débats entre les invités et les participants, autour d’un sujet qui fera couler beaucoup d’encre dans les années à venir.
L’Association Marocaine des Actuaires veut s’imposer au Maroc et à l’international
L’AMA grandit d’année en année, et se targue maintenant de compter plus de 125 membres. Après avoir intégré les Comités Education et Aide et Consultation de l’Association Actuarielle Internationale (AAI) en 2014, l’AMA continue son rapprochement avec cette association. M. Mohamed Amrani en a rencontré les représentants et a réussi à obtenir l’organisation du 5ème congrès actuariel africain à Casablanca, en mars 2018. La réussite de cet événement d’envergure internationale est capitale pour l’AMA, car elle a pour objectif, à terme, d’être la représentante de l’AAI pour la région du Maghreb. L’AAI accorde également une grande priorité à la formation continue, et c’est pourquoi l’AMA organise au mois de juillet un séminaire de formation pour ses membres.
Enfin, M. Amrani et ses associés continuent à militer pour que l’AMA soit reconnue comme corps professionnel, afin que les actuaires marocains puissent avoir la même influence que leurs confrères d’autres pays.
SB