Célébration du Jeudi saint le 29 mars 2018 dans la Cathédrale Sud à Pékin, affilée au régime chinois. © AFP GREG BAKER
La signature d’un accord historique entre la Chine et le Vatican n’est « pas imminente », a précisé jeudi le Saint-Siège, démentant une annonce optimiste d’un haut responsable de l’Eglise affiliée au régime communiste.
Les délicates négociations sur une procédure de nomination des évêques -sujet de brouille depuis sept décennies- se trouvent dans « la dernière ligne droite », avait déclaré le secrétaire-général de la Conférence des évêques de Chine, Mgr Guo Jincai, selon des propos rapportés jeudi par le quotidien de langue anglaise Global Times.
« Si tout se passe bien, l’accord pourrait être signé dès la fin de ce mois », soit au plus tard samedi, avait-il même ajouté.
Mais jeudi après-midi, le directeur de la salle de presse du Vatican, Greg Burke, a douché l’espoir d’une miraculeuse signature durant la semaine sainte. « Je peux affirmer qu’il n’y a aucune signature +imminente+ d’un accord entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine », a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Le pape François « reste en contact avec ses collaborateurs sur les questions chinoises et accompagne les étapes du dialogue en cours », a-t-il ajouté dans son communiqué.
Les laborieuses négociations ont été relancées il y a trois ans à l’initiative du pape François, qui rêve de se rendre un jour en Chine.
Interrogé jeudi sur l’imminence d’un accord, le porte-parole de la diplomatie chinoise, Lu Kang, était resté prudent en se bornant à répéter que Pékin « est sincère dans sa volonté de développer les relations avec le Vatican ». « Il faut espérer que le dialogue entre les deux parties continue à progresser et débouche sur des résultats positifs », avait-il dit.
Le Vatican et la Chine n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951. Début février, une source proche du dossier avait indiqué à l’AFP qu’ils se rapprochaient d’un accord historique sur la question des évêques, le Vatican s’apprétant à reconnaître sept prélats nommés unilatéralement par le régime de Pékin. L’espoir est que le pouvoir chinois admette l’autorité du pape sur de futures nominations d’évêques.
Selon un expert cité par le Global Times, Pékin attend du Vatican qu’il consacre noir sur blanc l’existence de ces sept évêques. La question de savoir si le pape reconnaît simplement leur titre ou bien leur confère une véritable autorité sur leur diocèse « a beaucoup d’importance », selon Wang Meixiu, chercheur à l’Académie chinoise des sciences sociales.
– Brève détention d’un évêque –
Les quelque 12 millions de catholiques chinois sont déchirés entre deux obédiences: une Eglise « patriotique » dirigée par le régime et une Eglise clandestine qui ne reconnaît que l’autorité du pape.
Signe de la complexité de la situation, la Chine compte au total 77 évêques, dont les deux tiers sont reconnus à la fois par Rome et Pékin. Dix-sept sont reconnus par l’Eglise mais pas par le régime communiste.
Certains catholiques s’opposent au compromis en préparation et dénoncent des entraves à la liberté de culte en Chine.
Témoin de la répression dont fait l’objet « l’Eglise du silence », un évêque clandestin a été interpellé lundi dans le sud-est du pays, avant d’être relâché 24 heures plus tard. Cet évêque, Mgr Vincent Guo Xijin, est au coeur des tractations entre Rome et Pékin, car il avait été prié par le pape de céder sa place à un évêque nommé par le régime.
L’accord en préparation n’aborderait pas l’épineuse question des relations diplomatiques. Le Saint-Siège pourrait ainsi continuer à entretenir des relations officielles avec le gouvernement rival de Taïwan, tout en ouvrant à Pékin un « bureau de liaison », pronostique Francesco Sisci, chercheur à l’Université du peuple à Pékin qui suit de près les relations avec le Vatican.
« En théorie, cela pourrait suffire pour permettre une visite du pape » en Chine, s’avance-t-il.
LNT avec Afp